Campus Artiste en résidence

lccr1213  2020-2021  Louvain-la-Neuve

Campus Artiste en résidence
En raison de la crise du COVID-19, les informations ci-dessous sont susceptibles d’être modifiées, notamment celles qui concernent le mode d’enseignement (en présentiel, en distanciel ou sous un format comodal ou hybride).
5 crédits
30.0 h
Q1 et Q2

Cette unité d'enseignement bisannuelle est dispensée en 2020-2021
Enseignants
Doyen Charles (coordinateur(trice)); Giacomoni Luca;
Langue
d'enseignement
Français
Thèmes abordés
Guidé par l'artiste en résidence, chaque étudiant participera, selon ses talents et affinités, à la création d'une œuvre. Il s'agira, au cours d'ateliers et de séminaires, d'aborder divers aspects de la création artistique tels que la conception, la réalisation, l'interprétation, la présentation au public, etc. Théorie et pratique seront donc intimement liées.
Acquis
d'apprentissage

A la fin de cette unité d’enseignement, l’étudiant est capable de :

1 L'objectif est de permettre aux étudiants de s'initier à une pratique artistique, en liaison avec la résidence d'un artiste à l'université. L'artiste leur fera partager son savoir et son savoir-faire d'écrivain, de comédien, de musicien, de plasticien, de chorégraphe, de cinéaste, etc., selon sa (ses) discipline(s) spécifique(s).
 
Contenu
Pendant un quadrimestre, Luca Giacomoni partagera son expérience de metteur en scène en s’appuyant sur trois études de cas : le processus de création d’Iliade, Métamorphoses et Hamlet, trois spectacles réunissant sur scène acteurs professionnels et non professionnels. Parallèlement, les étudiant·es concevront un projet qui pourra être présenté à la fin du cours. Les étudiant·es ne doivent pas nécessairement avoir une expérience dans le domaine artistique.
Premier étude de cas : Iliade
Iliade est une série théâtrale de 10 épisodes d’une heure, d’après Homère et l’adaptation de Alessandro Baricco. La pièce est le fruit d’un travail de trois ans en milieu pénitentiaire, et réunit sur scène des comédiens professionnels et non professionnels. Comment décrire les liens existant entre le manque de respect et le désir de violence ? Comment raconter, de manière crédible, la légende de la guerre de Troie ? Et comment comprendre la question des conflits armés, ses racines et sa mécanique interne ? Dans le cas d’Iliade, ces questions ont dépassé le cadre du spectacle lui-même : l’organisation, la distribution, ce qu’il nous a fallu déployer comme énergie en dehors du plateau contribuaient aussi à cette question. Par exemple, pendant les répétitions en prison, nous avons pris très au sérieux la question de la colère. Les premiers mots d’Homère sont célèbres : Chante, ô Muse, la colère funeste d’Achille, fils de Pélée, qui causa tant de malheurs aux Grecs... Il s’agit de colère ? Nous sommes allés chercher des hommes en colère. Une colère concrète, presque palpable. Une vraie colère. Et nous avons réussi à créer un spectacle de 10 heures, grâce à la résonance qui existe entre les mots d’Homère et le vécu de personnes placées sous main de justice.
Deuxième étude de cas : Métamorphoses
Métamorphoses, d’après Ovide, est une création résultant d’un atelier théâtral mené sur un an à la Maison des Femmes de Saint Denis, lieu d’accueil et de suivi médical, juridique et psychologique pour femmes victimes de violence. Encore une fois, j’ai décidé d’interroger avec sincérité les mots et les images choisis par l’auteur : quel message ces transformations veulent-elles nous communiquer ? Le mythe de la jeune prêtresse Io, changée en génisse, rappelle avec force la pression que subissent les femmes dans notre monde moderne. Les ressemblances sont frappantes entre ce récit mythologique et les témoignages recueillis auprès de nombreuses femmes à Saint-Denis : d’Ovide à nos jours, l’animalisation de la femme n’est décidément pas un simple reflet du passé. De même, l’histoire de la jeune nymphe Daphné, qui préféra être changée en laurier plutôt que de céder aux avances d’Apollon n’aborde-t-elle pas, de façon finalement très littérale, la question du viol ? La nymphe Echo ensorcelée par Junon ne pouvait que répéter les dernières paroles de son amoureux Narcisse, rapidement lassé. Elle mourut d’abandon, ses os transformés en rochers qui renvoient inlassablement les derniers mots d’une phrase : cette solitude nous déchire, elle sollicite en nous une attention toute nouvelle à la détresse des femmes ignorées. Travailler ces mythes avec des femmes victimes de violences les actualise et permet d’en comprendre toute la portée. Car sentir son corps dur et insensible, parfois creux, comme du bois, voilà la transformation que connaissent certaines femmes abusées, comme le montrent de nombreux témoignages.
Troisième étude de cas : Hamlet
Hamlet de Shakespeare, sera créé au sein d’ateliers qui s’articuleront entre septembre 2019 et juillet 2020 aux services psychiatriques de la Maison Blanche et de la Pitié Salpetrière. Être ou ne pas être, le trouble de l’identité, le doute sur la réalité, la perception du réel floue, je prends toutes ces thématiques au premier degré dans la même démarche. J’ai donc décidé de travailler à nouveau avec des non-professionnels et j’ai choisi d’aller les chercher en service psychiatrique pour mettre en scène Hamlet. Je veux travailler avec des hommes et des femmes pour qui ce trouble-là, ces thèmes-là sont réels. Cruellement réels. Concrets, ni fantasmés, ni théoriques, ni joués, ni pensés. Je cherche une aspérité brute. Il s’agit pour moi d’aller voir des femmes et des hommes qui en savent plus que moi sur ce que l’on nomme la folie. Je connais la colère aussi bien que mes acteurs d’Iliade même si je l’exprime différemment : je l’ai en moi, et de cette connaissance commune est né un dialogue passionnant. La folie, j’en ai aussi une connaissance intime. J’ai acquis un alphabet, une grammaire qui me permettent de la cadrer, l’étouffer, la lisser, la socialiser, mais au fond de moi, je la comprends. Je sais la solitude que crée le sentiment d’appartenir à un monde non partagé, cette petite voix qui résonne dans la tête et qui souffle « mon monde n’est pas le vôtre ». Dans notre système, il semble que tout soit mis en place pour cacher la folie : partout des armures, des filtres qui cachent le vrai, qui tendent à effacer les différences. Je veux la faire réapparaitre au plateau. Montrer la beauté de ce monde-là, de cette humanité-là. Le plateau est un espace de folie, laissons-lui la place.
Méthodes d'enseignement

En raison de la crise du COVID-19, les informations de cette rubrique sont particulièrement susceptibles d’être modifiées.

Les participant·es seront avant tout invité·es se mettre à l’écoute de ce qui se joue dans un texte : les lignes de tension d’une pièce de théâtre, par exemple, ou l’imaginaire caché dans une langue, ou encore les lignes de force d’une forme poétique. On verra que le fond de chaque pièce nous informe déjà sur les différentes directions à prendre. L’œuvre devient une invitation à trouver les moyens de créer une relation avec les différents acteurs du projet. L’artiste va choisir de se mettre en déséquilibre, en sortant de sa zone de confort et en prenant « le risque » de s’ouvrir à l’autre. Avec honnêteté, généreusement. Dans cette perspective, les étudiant·es seront invité·es à s’approcher de celles et ceux qui peuvent dire le mieux ce dont il est question, et dont les voix restent souvent en périphérie de la ville et de la scène. Parfois, il s’agira d’aller à la rencontre de personnes en situation de précarité, de vulnérabilité et d’exclusion. L’idée est de trouver un canal direct de dialogue entre le texte et la vraie vie des personnes qui vont se l’approprier. C’est une forme de pédagogie active qui permettra aux étudiant·es de reconnaître, dans la poésie, les éléments qui peuvent les aider dans le travail. Être totalement au service du texte, et faire en sorte que ce texte puisse résonner avec ce que les personnes ont traversé dans leur vie. L’œuvre va alors informer le créateur sur le choix du public — et sa nécessité, sa raison d’être.
Modes d'évaluation
des acquis des étudiants

En raison de la crise du COVID-19, les informations de cette rubrique sont particulièrement susceptibles d’être modifiées.

L'évaluation de ce séminaire porte sur :
1) La présence et la participation régulière et active des étudiant·es à l'ensemble des séances avec l'artiste en résidence.
2) Le développement d’une réflexion personnelle sur la création théâtrale au sein de la cité, et sur l’acte de création en lui-même.
La pondération de la note finale est la suivante:
1) 70% de la note repose sur l'évaluation continue lors des séances avec l'artiste en résidence.
2) 30% de la note repose sur le carnet de recherches / portfolio que les étudiant·es prépareront pour la fin du séminaire.
Autres infos
Les séances du séminaire se dérouleront essentiellement durant le premier quadrimestre, mais se prolongeront durant le second quadrimestre.
Faculté ou entité
en charge
CCR


Programmes / formations proposant cette unité d'enseignement (UE)

Intitulé du programme
Sigle
Crédits
Prérequis
Acquis
d'apprentissage
Mineure en culture et création