Speech of the AGL

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Monsieur le Recteur,
Chers étudiant.es, chères étudiantes,
Mesdames et messieurs, en vos titres et qualités,

“L’Ukraine, c’est une vraie guerre, une guerre d’un autre siècle, une guerre de tranchées, de boues, une guerre de soldats qui meurent de faim, …”

Par ces mots, prononcés lors de la dernière cérémonie des Docteur Honoris Causa, la journaliste Florence Aubenas nous partageait l’horreur dont elle avait été témoin.
Lorsque des droits humains sont bafoués, les journalistes, cinéastes, auteurs et artistes deviennent les rapporteurs de la violence. Ils et elles créent des histoires, pour nous permettre de saisir une petite partie de la douleur, de la colère, de l’injustice, de la révolte, du manque, et parfois de la joie de nos semblables. C’est par ces procédés de mise en récits que des hommes et des femmes qui nous étaient jusqu’alors inconnus, deviennent les symboles de causes qui dépassent les individus.

Un étudiant face au canon d’un tank, un enfant mort sur une plage turque, un “I have a dream” soufflé dans un micro… Il existe tant d'images et de paroles qui font échos dans nos esprits. Des images et des discours, parfois choquants, qui font résonner la brutalité de la réalité mais qui nous permettent d’ouvrir les yeux et de reconnaître la violence intrinsèque à notre humanité.

Reconnaître la violence, c’est la première étape pour lutter contre celle-ci. Pour dégeler les coeurs, sortir de la torpeur, mettre en action et balayer la résignation, nos meilleures armes sont parfois un film, un chant, une photo de presse en guise de revendication. Il est de notre devoir de citoyens, d’humain de nous insurger lorsque des droits fondamentaux sont piétinés. Nous devons prendre conscience que cette souveraineté critique redonne sens à l’expérience démocratique. Il s’agit d’une opportunité de montrer qu’il y a plus de pouvoir dans des masses socialement organisées qu’il n’y en a dans les mains de quelques hommes d'autorité.

Adelle Blackett, Oleksandra Matviichuk et Elia Suleiman, honorés aujourd’hui par notre Université, sont des lanceurs d’alertes. Leur travail, les histoires qu’ils nous rapportent, sont désormais les nôtres. Nous ne pouvons plus jouer le jeu de l’ignorance, boucher nos oreilles et fermer les yeux, nous cacher en attendant que ça passe. Nous ne sommes plus des enfants à qui on raconte des histoires qui finissent bien. Les récits qu’ils nous tendent sont des armes pour lutter contre les injustices et les inégalités. Les questions sont : Sommes-nous prêts à les saisir et quand commençons-nous ?