Une année pour explorer les mondes numériques

RAPPORT

L’Année Louvain des Mondes numériques poursuivait trois objectifs : susciter la réflexion autour du numérique et des enjeux sociétaux qu’il porte, s’interroger sur nos pratiques numériques et, surtout, démontrer que les transformations induites par le numérique favorisent l’ouverture, la créativité et la collaboration.

Yves Deville, professeur à l’École Polytechnique de Louvain (EPL) et conseiller du recteur pour l’université numérique, a été l’initiateur et le co-pilote de l’année thématique consacrée aux mondes numériques. Pourquoi avoir proposé ce thème ? « Nous tenions à explorer les transformations induites par le numérique qui favorisent l’ouverture, la créativité et la collaboration », explique-t-il. « Wikipédia, par exemple, est un modèle d’encyclopédie collaborative dont le résultat est exceptionnel ».

Cette année thématique n’est pas arrivée par hasard : l’université numérique est un des axes de la stratégie de l’université, le ‘plan Louvain 2020’, basé sur l’ouverture. Les fameux MOOCs (voir encadré page 26), pour lesquels l’UCL est pionnière, sont un des volets les plus spectaculaires de cette stratégie, mais ils ne sont pas seuls. « L’objectif est de montrer au chercheur que ses recherches auront un plus grand impact grâce à l’Open Access et à l’enseignant que l’Open Education met ses ressources à disposition du monde entier », poursuit Yves Deville, qui pointe aussi le rôle de formation et de conseil que doit jouer l’université. « L’ouverture que permet le numérique nous permet de remplir ce rôle plus facilement grâce à des outils accessibles à tout moment. » La vision développée est critique tant sur le numérique que sur ses implications sociétales – c’est le rôle de l’université –, mais aussi positive. « On ne dit pas ‘attention, il faut freiner’. Le discours est plutôt ‘qu’estce que cela peut nous apporter ?’ ».
« L’angle n’est pas que technologique »

Aurore François, professeure en histoire et en archivistique à la Faculté de philosophie, arts et lettres, fut l’autre co-pilote de l’année thématique. Elle pousse la réflexion un peu plus loin et n’hésite pas à qualifier le numérique de nouvelle culture. « L’objectif de cette année thématique était de montrer que la transition numérique est un paradigme, une culture qui modifie notre rapport au monde ». Pour celle qui est aussi la directrice du Service des archives de l’université, il est intéressant de voir la manière dont chaque discipline s’empare du numérique. « Il modifie le fonctionnement, les outils, le regard. Dans mon domaine, l’histoire, on peut désormais étudier des corpus de données énormes, brosser des archives par mots clés plutôt que d’ouvrir des fardes successives, ce qui permet des croisements impossibles à faire auparavant. Cela nécessite une réflexivité des chercheurs par rapport à leurs pratiques. »

L’UCL a choisi d’évoquer les mondes numériques car « l’angle n’est pas que technologique. L’année entendait prendre en compte la manière dont le numérique transforme tous les secteurs, l’environnement, l’économie, les rapports humains, les liens sociaux, la culture ,… L’année des mondes numériques, c’était aussi aller au-delà des outils en visant le partage des méthodes, des concepts, des visions. »

Comme historienne et archiviste, Aurore François peut témoigner du fait que l’université s’est construite sur l’écrit ; la transition numérique amène donc l’université à se réinventer. Elle plaide pour que l’UCL développe une vision qui s’inscrive en cohérence avec les valeurs que l’université défend. Quand on lui demande quel est son projet numérique idéal, la réponse ne fait aucun doute : « Que l’humain soit replacé au centre, comme acteur à part entière des transformations liées au numérique. »