Hegel ou l'efficience de la pensée

Professeur à l'UCLouvain, ISP/EFIL où il a notamment enseigné la métaphysique et l'histoire de la philosophie moderne, Gilbert Gérard est spécialiste de Hegel auquel il a consacré de nombreuses publications. 

Gilbert Gérard - Dans mon exposé, je voudrais parler de la manière dont a évolué ma lecture de Hegel qui m’a amené à l’ouvrage dont je viens de publier la première partie : Hegel ou la quête de l’efficience de la pensée. Le pivot de cette évolution, c’est la découverte de ce que signifie chez Hegel la notion d’effectivité (en allemand : Wirklichkeit), notion cardinale de son système de maturité, mais qui, sans être directement thématisée, travaille en fait sa pensée depuis le commencement. Je prendrai pour point de départ de ma réflexion une formule de Hegel qui figure dans la Préface de ses Principes de la philosophie du droit : « Ce qui est rationnel est effectif (wirklich), et ce qui est effectif est rationnel ». C’est l’une des phrases les plus célèbres de Hegel, mais qui a aussi été longtemps l’une des plus mal comprises et qui, faute d’une traduction correcte, a induit un malentendu philosophique de grande ampleur concernant la signification du hégélianisme, lui faisant à peu près dire le contraire de qu’il dit en fait.