En cette période de crise et d’incertitudes, l’anxiété a pris une place plus grande que d’ordinaire au sein de notre société. Une opportunité pour l’étude de l’anxiété à grande échelle pour le Prof. Alexandre Heeren dont les travaux sur l’anxiété ont obtenu le Star Early Carreer Award, un prix prestigieux dans ce domaine de recherche.
Personne n’échappe, à un moment ou un autre, à l’anxiété et au stress. Ces deux états font partie de nos vies, plus ou moins présents ou intenses selon nos personnalités, nos modes de vies et les aléas que nous réservent l’existence. L’anxiété est une émotion qui émerge quand un danger va peut-être arriver mais que la situation est incertaine. Le nouveau coronavirus et le confinement, par exemple, ont généré stress et anxiété chez bon nombre d’entre nous, liés directement au Covid-19, à la gestion perturbée de nos quotidiens ou encore à un avenir incertain(*). Comment stress et anxiété s’installent-t-ils ? Quels sont les mécanismes fondamentaux qui se cachent derrière ces états déplaisants ? C’est ce que le Prof. Alexandre Heeren, chercheur Chercheur Qualifié FNRS à l’Institut de recherche en sciences psychologiques (IPSY) et au Institute of Neurosciences (IoNS) de l’UCLouvain, s’attèle à comprendre. Ses travaux sur ces questions viennent d’être récompensés par la Stress and Anxiety Research Society qui lui a attribué le Star Early Career Award qui récompense chaque année un.e scientifique pour sa contribution, à la fois théorique et expérimentale, dans la compréhension des mécanismes psychologiques, biologiques et sociaux liés aux stress et à l’anxiété. Ce prix lui sera remis lors d’une conférence en Israël, initialement prévue cet été mais dont la date a été postposée en raison de la crise liée au Covid-19. « J’ai été très agréablement surpris de recevoir ce prix. Cela a eu l’effet d’un vrai coup de boost en cette période particulièrement éprouvante sur le plan professionnel. En outre, au-delà de ma personne, il s’agit aussi d’une belle reconnaissance des travaux réalisés par mon équipe. Je suis donc très heureux de recevoir ce prix », raconte le Prof. Alexandre Heeren.
Un symptôme, des causes multiples
« Ce qui me passionne c’est de faire la connexion entre les théories en psychologie et la réalité », poursuit le scientifique. « En psychologie, il existe beaucoup de théories et de modèles. Mes recherches visent à clarifier certains de ces modèles et théories car, dans les faits, plus une théorie est solide mieux on va pouvoir, à termes, améliorer les traitements pour aider les patients et développer des modèles pour prédire l’évolution des troubles psychologiques ». Un exemple concret est l’utilisation de la théorie des graphes qu’Alexandre Heeren a appliqué à la psychologie pour établir une sorte de réseau graphique des mécanismes impliqués dans les troubles anxieux, notamment l’anxiété sociale
« Pendant longtemps, on cherchait des causes uniques communes aux troubles anxieux et l’intervention clinique était supposée cibler cette cause là uniquement », explique le chercheur. « Mais on s’est rendu compte qu’il n’y a souvent pas une cause mais un système complexe de causes en interactions les unes avec les autres , se renforçant l’une l’autre et menant à l’anxiété ». Il faut donc changer de démarche et intervenir sur ce système, développer des outils pour modéliser les interactions entre ces phénomènes et créer des interventions qui permettent de rééquilibrer ces systèmes en tenant compte des émotions, comportements, traits de personnalités etc. « En procédant de la sorte, on peut identifier les zones critiques où il y a des interactions qui mènent vers les symptômes et qui font que le système s’emballe. C’est un peu comme un système écologique mais appliqué à la santé mentale et tout est une question d’équilibre », précise Alexandre Heeren.
Stress, anxiété, Covid-19 et confinement
Dans le contexte actuel, difficile de ne pas faire de lien entre la crise liée au Covid-19 et l’anxiété qu’elle peut générer. D’un point de vue recherche, cette situation exceptionnelle est l’occasion de pouvoir étudier l’anxiété à une très grande échelle. « Au niveau scientifique, cela nous permet de tester des théories à l’échelle de populations et de développer des modèles pour mieux intervenir à l’avenir face à d’autres situations incertaines comme la crise écologique par exemple », indique Alexandre Heeren. En collaboration avec des chercheurs de diverses disciplines, le scientifique a pris part à une grande étude visant à étudier l’évolution de l’infodémie à propos de la crise actuelle et son impact sur les comportements et le niveau d’anxiété. « Cette étude en cours au niveau belge francophone et néerlandophone ainsi qu’à l’international sera multivague. Nous devrions avoir des résultats concernant le volet anxiété courant de l’automne prochain ».
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