L’UCLouvain, les Cliniques universitaires Saint-Luc et son Institut Roi Albert II, le CHU UCLouvain Namur témoignent de leur soutien et de leur engagement dans la recherche contre le cancer en participant activement à l’opération Télévie. Découvrez les portraits de trois scientifiques financés par le Télévie, Natacha Dehaen, Clémence François et Pierre Van Meerbeeck.
Vous aussi, soutenez les chercheuses et les chercheurs de l’UCLouvain en faisant un don au Télévie d’ici la soirée de clôture du samedi 22 avril prochain. Objectif : récolter des fonds pour lutter contre le cancer chez l’enfant et chez l’adulte. Tout don compte ! |
Obésité et cancer du sein ‘triple négatif’
Originaire de Bruxelles et doctorante en 3e année au Louvain Drug Research Institute (LDRI) à l’UCLouvain Bruxelles, Natacha Dehaen tente d’étudier les liens entre l’obésité et la formation de métastases du cancer du sein dit ‘triple négatif’.
Natacha Dehaen, qui êtes-vous ?
J’ai d’abord fait un bachelier en nutrition et diététique en 3 ans sur le campus de Woluwe mais ma curiosité m’a poussée à continuer en faisant une passerelle pour accéder à un master en sciences biomédicales. Je voulais développer mon esprit critique, approfondir mes connaissances scientifiques et mieux comprendre ce qui se passe dans le corps humain. J’ai ensuite fait un stage dans les laboratoires des Pr·es Bénédicte Jordan et Patrice Cani où j’ai eu l’opportunité de travailler sur l’obésité et le cancer du sein.
Que recherchez-vous ?
Je travaille sur le lien entre l’obésité et le cancer du sein dit ‘triple négatif’ – le terme triple négatif vient de l’absence d’expression de récepteurs identifiés dans les autres types de cancers du sein, ce sous-type ne peut donc pas bénéficier de thérapies ciblées -, en particulier au niveau de la formation des métastases. C’est la forme de cancer du sein la plus sévère et agressive suite à un risque élevé de récurrence et l’augmentation de la prédisposition de former des métastases.
Mon objectif est de savoir si l’obésité accentue ce phénotype métastatique ainsi que d’en comprendre les mécanismes. Pour ce faire, je questionne aussi le rôle du microbiote intestinal (bactéries intestinales). On sait qu’une personne souffrant d’obésité a une déviation du microbiote intestinal (diminution de la richesse et de la diversité des bactéries intestinales) et une diminution de la perméabilité de leur barrière intestinale impliquée dans l’inflammation dite de bas grade chronique. Nous souhaitons comprendre comment le microbiote intestinal, sa modulation par un prébiotique (les fructo-oligosaccharides qui sont des fibres) et cette inflammation caractéristique de l’obésité peuvent impacter la formation de métastases du cancer du sein triple négatif.
Qu’est-ce qui vous motive dans votre travail ?
Une thèse de doctorat n’est pas qu’un travail, c’est un projet de vie. On n’apprend pas que la science, on ne travaille pas juste dans un labo. On doit développer une capacité d’adaptation car il y a toujours des imprévus. On doit savoir s’organiser et collaborer. Cela me motive d’autant plus qu’on est tous concerné malheureusement, de près ou de loin, par une personne atteinte d’un cancer, surtout le cancer du sein qui est très fréquent. Pouvoir apporter ma petite pierre à l’édifice est une de mes plus grandes motivations.
Lyna Aïboud, stagiaire en communication (Haute école Albert Jacquard)
Sur la trace des immune checkpoints
Diplômée en sciences biomédicales, Clémence François étudie la communication entre cellules immunitaires et cellules cancéreuses au sein du laboratoire du Pr Olivier Feron (IREC). Objectif : identifier des inhibiteurs qui pourraient intervenir sur ces immune checkpoints pour contrer la maladie.
Clémence François, qui êtes-vous ?
Après un master en sciences biomédicales à l’UNamur, j’ai eu envie de faire un doctorat. J’avais suivi un cours du Pr Olivier Feron sur ‘Le métabolisme des cellules cancéreuses et le micro-environnement tumoral’ et je suis aujourd’hui doctorante à son laboratoire, le pôle Pharmacologie et thérapeutique (FATH) de l’Institut de recherche expérimentale et clinique (IREC).
Que cherchez-vous ?
Je travaille sur les immune checkpoints (points de contrôle immunitaires) qui sont des molécules qui permettent la communication entre les cellules cancéreuses et les cellules immunitaires. Ce mécanisme empêche les cellules immunitaires de combattre efficacement le cancer. J’étudie plusieurs candidats, des inhibiteurs de ces points de contrôle, qui pourraient, un jour, être intéressants dans le cadre d’une étude clinique. D’autre part, comme la spécialité du labo est l’étude du métabolisme, je m’intéresse aussi aux liens entre l’environnement tumoral et le métabolisme.
Qu’est ce qui vous motive dans votre travail ?
J’ai toujours eu de l’intérêt pour le corps, le développement des maladies et la façon de les traiter. Le cancer m’intéresse en particulier parce que les causes sont multiples et l’analyse complexe. On parle de recherche contre le cancer mais il y a beaucoup de sous thèmes, c’est un domaine de recherche plus vaste qu’il n’y parait. Ce qui me motive aussi est de savoir que nos recherches vont contribuer à soigner des patients.
Des auditoires de bioingénieur à l’immunologie du cancer
Bioingénieur, Pierre Van Meerbeeck apporte sa pierre à l’aventure du laboratoire de la Pre Sophie Lucas qui cerne avec succès, depuis plusieurs années, un mécanisme d’affaiblissement de la réaction immunitaire antitumorale chez les patients.
Pierre Van Meerbeeck, qui êtes-vous ?
J’ai une formation de bioingénieur, plus précisément, un master en chimie et bioindustries avec une spécialisation en génétique cellulaire et biomoléculaire. Je travaille sur l’aspect chimique du vivant et je suis actuellement doctorant au laboratoire de la Pre Sophie Lucas, spécialiste de l’immunologie du cancer.
Comment un bioingénieur arrive-t-il dans un laboratoire dédié à l’immunologie du cancer ?
Il y a deux éléments clés dans mon parcours. D’abord mon mémoire que j’ai fait à Louvain-la-Neuve, dans le laboratoire du Pr David Alsteens, sur les nanobiotechnologies et en particulier un récepteur lié à l’immunité. D’autre part, j’ai suivi un cours optionnel en immunologie destiné aux vétérinaires, avec le Pr Jean-Paul Dehoux. Et j’ai finalement postulé au laboratoire de Sophie Lucas.
Que cherchez-vous ?
Les travaux menés au sein du laboratoire ont mis au jour un mécanisme qui réduit l’efficacité des cellules immunitaires antitumorales : il agit en combinant l’action des lymphocytes T régulateurs (Tregs) et celle de deux molécules, l’une appelée TGF-beta et sa complice, GARP. Le laboratoire a réussi à mettre au point une immunothérapie qui empêche l’activation de ce mécanisme. Ce traitement est actuellement en phase 1 d’une étude clinique.
Mon rôle, dans ce contexte, est d’identifier dans quel type de cancers apparaît TGF-beta mais aussi quelles seraient les cellules sources et les cellules cibles de ce messager chimique. Concrètement, à partir de tumeurs de patients, je procède à un marquage détaillé des tissus à l’aide d’un logiciel très performant, pour identifier les différents types de cellules. Les grandes quantités de données que j’obtiens me permettent de mettre en évidence les cellules sources et les cellules ciblées.
Qu’est-ce qui vous motive dans votre travail ?
J’ai le sentiment de participer à un effort commun pour une noble cause. Ma thèse ne va pas tout révolutionner mais c’est une brique parmi toutes celles qui forment une pyramide. Je veux aussi donner un retour aux personnes qui font des dons à l’opération Télévie, qui finance ma recherche. Enfin, une journée ne ressemble jamais à une autre, les challenges sont fréquents et variés, c’est très enrichissant.