Le boom de la microbrasserie à Bruxelles

Alors que Bruxelles ne comptait plus qu’une seule brasserie en activité au début des années 2000, on assiste ces cinq dernières années à la multiplication des brasseries mais aussi d’initiatives reflétant un intérêt renouvelé pour la bière artisanale. C’est à lire dans Brussels Studies, sous la plume de Pauline Delperdange, chercheuse UCLouvain.

La capitale et son hinterland économique hébergeaient 82 brasseries en 2020 - dont 15 en Région de Bruxelles-Capitale -, soit près d’un quart des brasseries belges actuelles dont le nombre ne cesse de croître depuis 2015.

À travers des entretiens menés auprès d’une quinzaine de fondateurs et dirigeants de microbrasseries ou d’entreprises brassicoles récentes à Bruxelles et en Brabant wallon, Pauline Delperdange, chercheuse à l’Institut d’analyse du changement dans l’histoire et les sociétés contemporaines (UCLouvain), révèle les logiques entrepreneuriales et les modes de production et de commercialisation des microbrasseurs, ainsi que le sens qu’ils donnent à leur inscription dans le territoire métropolitain bruxellois.

Quatre principes généraux mettent l’accent sur le caractère créatif et symbolique, plutôt que sur les dimensions manuelles et physiques : la diversité et la singularité des goûts, la qualité des produits, l’ancrage local (pour l’approvisionnement en matières premières et la distribution des bières produites) et la poursuite d’une activité productive permettant l’expression et la réalisation de soi.

L’importance accordée à ces principes varie néanmoins selon les brasseurs interrogés, ce qui se traduit par des logiques de production économique et d’implantation spatiale différentes. Ainsi, bien que les produits des microbrasseries rencontrent en milieu urbain une large partie de leur clientèle, toutes ne favorisent pas une localisation centrale. Les producteurs qui mettent l’accent sur la maîtrise des processus et une rentabilité maîtrisée de leur entreprise sont pour la plupart localisés en périphérie de Bruxelles, afin de garantir des perspectives d’extension. À contrario, les microbrasseurs pour qui le projet est avant tout culturel et/ou social ou qui fondent leur légitimité sur la constitution d’un public d’amateurs éclairés privilégient des localisations urbaines.

L’auteure pose plus largement la question du type d’activités productives qui se (re)développent à Bruxelles aujourd’hui et de leurs impacts économique et social.

www.brusselsstudies.be

Publié le 27 octobre 2021