Les remarquables propriétés des endocannabinoïdes

Mireille Al Houayek, chercheuse qualifiée FNRS au Louvain Drug Research Institute (LDRI, UCLouvain), a reçu le Prix Galien pour ses recherches sur les endocannabinoïdes, des cannabinoïdes produits par le corps humain. Une belle reconnaissance attribuée auparavant aux Prs de l’UCLouvain Cyril Corbet (2018), Pierre Sonveaux (2009), Olivier Devuyst (2003), Emmanuel Hermans (2002), Olivier Feron (1999) et Jean-Luc Balligand (1996).

L’objet des recherches de Mireille Al Houayek, professeure à la Faculté de pharmacie et des sciences biomédicales, distinguée par le Prix Galien de pharmacologie ? Les médiateurs lipidiques qui jouent un rôle dans l’inflammation, et en particulier des médiateurs endogènes appelés endocannabinoïdes.

Qui dit endocannabinoïdes pense évidemment au cannabis. « Les effets bénéfiques du cannabis – qu’ils soient récréatifs ou utilisés en médecine traditionnelle – passent par des récepteurs : c‘est à la fin des années ’80, début des années ’90, que des récepteurs cannabinoïdes (pour le THC, la substance active du cannabis) ont été identifiés », explique la lauréate. Mais pourquoi l’organisme est-il équipé de récepteurs pour des molécules exogènes ? C’est alors que la recherche a mis au jour des médiateurs endogènes qui se lient à ces récepteurs cannabinoïdes et qui ont donc été nommés des endocannabinoïdes.

Anti-inflammatoires et analgésiques

Depuis, on a découvert que ces médiateurs endocannabinoïdes ont des propriétés remarquables : ils ont notamment des effets anti-inflammatoires et analgésiques. « Les travaux menés au laboratoire de Bioanalyse et Pharmacologie des Lipides Bioactifs (BPBL) se centrent sur les effets en cas d’inflammation », précise Mireille Alhouayek. « Notre objectif est de bloquer les enzymes qui dégradent les endocannabinoïdes afin d’augmenter leur taux endogène. Cette stratégie permet de profiter des effets bénéfiques des endocannabinoïdes là où ils sont produits. »

Inflammation systémique et maladie de Crohn

Les travaux récompensés par le prix Galien portaient principalement sur l’effet de l’inhibition des enzymes du système endocannabinoïdes dans le cadre de modèles d’inflammation systémique et de maladie de Crohn. Ces travaux, entamés durant sa thèse sous la direction du Pr Giulio Muccioli, se fondent sur la stratégie du laboratoire de l’UCLouvain d’identifier de nouvelles cibles thérapeutiques basées sur les médiateurs lipidiques endogènes.

« En plus de ces modèles, on étudie également les effets de l’inhibition des enzymes du système endocannabinoïde dans le cadre d’autres pathologies, telles que l’inflammation pulmonaire ou la sclérose en plaques. » De manière intéressante, l’expression des enzymes et les taux des médiateurs lipidiques sont différents selon les pathologies considérées. « Nous souhaitons donc déterminer quelles enzymes et lipides du système endocannabinoïde sont les plus intéressants à moduler en fonction de la pathologie inflammatoire étudiée », précise la chercheuse.

Diminuer le délétère, accroître le bénéfique

« Beaucoup de traitements ont pour but de bloquer la production de médiateurs ou acteurs pro-inflammatoires. Ici, à l’inverse, on tente d’augmenter les taux de lipides bénéfiques. Ce sont deux approches complémentaires : diminuer ce qui a un effet délétère, accroitre ce qui est bénéfique », conclut Mireille Al Houayek.

https://uclouvain.be/fr/facultes/fasb/actualites/mireille-alouayek-met-la-faculte-a-l-honneur-en-pharmacologie.html

L’inflammation se retrouve partout. Cinq signes la caractérisent : rougeur, douleur, chaleur, gonflement et, parfois, perte de fonction. Une inflammation a un début, un pic et une fin mais beaucoup de maladies ont une composante inflammatoire chronique comme la maladie de Crohn, l’asthme ou la bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO). Certains médicaments sont efficaces en phase aigüe, d’autres, comme les anticorps ou les immunosuppresseurs, en cas de maladie chronique. Mais aucun n’est efficace à 100%, raison pour laquelle il est important de chercher de nouvelles pistes de traitement pour les maladies inflammatoires chroniques.

 

Publié le 15 novembre 2021