Mission: mesurer la masse de la calotte Antarctique

Marie Cavitte, chercheuse au Earth and Life Institute de l’UCLouvain part en mission en Antarctique du 7 décembre 2021 au 13 janvier 2022, en compagnie de scientifiques de l’ULB et de la TU Delft. Cette mission sera la dernière du projet Mass2Ant, coordonné par le climatologue Hugues Goosse (professeur à la Faculté des sciences - UCLouvain), qui vise à comprendre et à prédire la variabilité du bilan de masse de surface en Antarctique de l’Est.

L'objectif de la mission est de mieux quantifier le bilan de masse de surface de la calotte Antarctique. Le bilan de masse de surface est l’accumulation nette de neige à la surface de la calotte : elle peut être positive si la neige s'accumule ou négative s'il y a par exemple beaucoup de vent qui va éroder la neige à cet endroit-là et la déposer plus loin. C'est important de mieux comprendre le bilan de masse de surface car la quantité de glace Antarctique qui contribue à la hausse du niveau marin dépend de l'équilibre entre les pertes par écoulement des glaciers jusqu'à la côte et les ajouts par accumulation de neige à la surface. « Cette mission est importante explique Marie Cavitte, car avec la hausse des températures due aux changements climatiques, l'atmosphère peut contenir plus d'humidité, ce qui peut se traduire par une hausse de l'accumulation de neige sur la calotte Antarctique. Ce qui pourrait compenser l'accelereration des pertes de glace par ecoulement observees aujourd'hui. »

Pour mesurer la masse de surface en Antarctique, les scientifiques réalisent des mesures de l'accumulation de neige au sol qui sont, vu la complexité et l’étendue du terrain, très (trop) localisées. Du coup, pour pouvoir réaliser des prédictions à long termes, les chercheur·es utilisent des simulations de modèles climatiques. « Le "hic" est que ces modèles prédisent le bilan de masse de surface à l'échelle de quelques centaines de km² et au mieux à quelques km². Il y a donc un fossé d'échelle entre nos mesures au sol et ce qu'on essaie de reproduire dans les modèles » explique Marie Cavitte. C'est là que le projet Mass2Ant se situe : les scientifiques essaient de combler ce gap entre l'échelle des modèles et celles des mesures in-situ, via de nouvelles collectes de données dans la région de la côte Princesse Ragnhild (et ainsi compléter les informations obtenues lors des missions précédentes en 2017, 2018 et 2019).

Le rôle de la chercheuse UCLouvain Marie Cavitte au sein de cette mission ? « Les carottes de glace des ice rises de la côte Princesse Ragnhild représentent assez fidèlement la variabilité de l'accumulation neigeuse de ces ice rises, mais elles sous-estiment d'une dizaine de pourcent l'accumulation moyenne neigeuse des ice rises. J'accompagne cette mission pour récolter plus de données radar afin de pouvoir pousser plus loin cette analyse. »

En résumé, cette mission aura pour objectif de vérifier, sur le terrain, si les prédictions des modèles climatiques sont exactes. Et, le cas échéant, rectifier les données afin de poursuivre les recherches sur base de prédictions plus précises.

Cette mission est financée par BELSPO avec l’appui de l’International Polar Foundation (IPF).

Publié le 23 novembre 2021