Retirer leur radar aux métastases cancéreuses

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Une équipe de l’UCLouvain est parvenue à identifier un senseur responsable du développement des métastases cérébrales chez les personnes atteintes d’un cancer du sein. La compréhension de ce mécanisme ouvre la voie à une meilleure efficacité des thérapies curatives.

Pourquoi un cancer du sein métastase-t-il dans le cerveau, dans les poumons, dans le foie et dans les os, mais jamais dans le lobe de l’oreille ou dans le gros orteil ? A l’UCLouvain, Pierre Sonveaux et son équipe de l’Institut de recherche expérimentale et clinique (IREC) sont parvenus à identifier un senseur responsable de l’arrêt dans le cerveau des cellules tumorales de cancer du sein, ce qui permet le développement de métastases cérébrales.

Cellules affamées

Pour rappel, les métastases sont des cellules cancéreuses affamées qui se sont détachées de la tumeur d’origine pour créer des colonies ailleurs dans le corps, là où la nourriture qu’elles recherchent est abondante. A quelques exceptions près, la transition entre une tumeur localisée et une tumeur disséminée (ou métastatique) change la donne entre une thérapie curative et une thérapie palliative. D’où l’importance de parvenir à limiter, voire à bloquer, la survenue des métastases.

Lorsqu’une cellule cancéreuse atteint la circulation sanguine, il lui faut un autre type de senseur pour lui indiquer où elle se trouve et, donc, où elle doit s’arrêter. Selon la théorie de Pierre Sonveaux et de son équipe, chaque cellule cancéreuse circulante a ses préférences métaboliques (ou alimentaires) qui lui dictent quel organe coloniser. Les scientifiques ont ainsi identifié dans un modèle de cancer du sein humain chez la souris une protéine qui sert de senseur à la cellule cancéreuse pour s’arrêter et envahir le cerveau. Sans ce senseur (la protéine Cox7b), la cellule ne s’arrête plus et la métastase cérébrale ne se développe pas.

Cibles exploitables

L’équipe UCLouvain va maintenant tester cette stratégie sur d’autres types de cancer (foie, poumon, etc.) et d’autres organes de destination. Si le senseur identifié, Cox7b, apparaît malheureusement difficile à cibler en thérapie anti-cancéreuse, la compréhension de ce nouveau mécanisme permettra de systématiser la découverte de familles de senseurs et, c’est l’objectif, de trouver in fine des cibles exploitables. En empêchant la survenue des métastases, les thérapies à visée curative pourraient être utilisées plus longtemps et les chances de guérison seraient donc accrues.

La découverte de l’équipe de l’IREC a été publiée dans la revue scientifique Cancers. (Blackman MCN, et al., Mitochondrial protein Cox7b is a metabolic sensor driving brain-specific metastasis of human breast cancer cells, Cancers 2022; 14:4371.)

Publié le 04 octobre 2022