A cause du changement climatique, le permafrost dégèle plus longtemps et plus profondément, libérant ainsi de grandes quantités de gaz à effet de serre. Une équipe de l’UCLouvain achève une mission de 2 mois dans le nord de la Suède. Leur objectif ? Analyser ce phénomène et recueillir des échantillons pour mieux comprendre les conséquences de cette libération de gaz à effet de serre. « Les prédictions indiquent qu’un tiers du permafrost aura disparu d’ici la fin de ce siècle », rappelle Sophie Opfergelt, professeure UCLouvain à la Faculé des bioingénieurs et coordinatrice de la mission.
Une équipe de 7 chercheurs et chercheuses du Earth and Life Institute de l’UCLouvain se relaie depuis mi-septembre à Abisko, dans l’extrême-nord de la Suède. Leur mission, qui prend fin ce dimanche 14 novembre, a pour objectif principal d’observer le permafrost1 durant la transition été-hiver et d’analyser les conséquences de la libération d’éléments minéraux lors de la phase de dégel.
« Cette mission est une étape essentielle pour préciser l’impact du dégel sur les quantités de gaz à effet de serre émises dans l’Arctique, explique Sophie Opfergelt, professeure à la faculté des bioingénieurs de l'UCLouvain et coordinatrice de la mission. Ces précisions sont requises pour affiner les prédictions climatiques à l’échelle du siècle. »
Avec le changement climatique, la durée de la période de transition été-hiver s’allonge et la couche de surface du permafrost dégèle toujours plus profondément. Les experts du GIEC indiquaient, dans un rapport publié en août 2021, que ce phénomène favorisait la décomposition de matières organiques jusqu’ici protégées par le gel, provoquant la libération de gaz à effet de serre emprisonnés sous terre et amplifiant encore davantage les dérèglements climatiques.
« Jusqu’à présent, la baisse des températures en hiver suffisait à regeler la couche de surface du permafrost et donc à limiter les quantités de gaz libérées, mais avec la hausse des températures en Arctique, le dégel du sol est devenu bien plus profond et une partie du sol reste dégelée en hiver, poursuit Sophie Opfergelt. A l’échelle de l’Arctique, les prédictions indiquent qu’un tiers du permafrost aura disparu d’ici la fin de ce siècle. »
Basée à la station de recherche scientifique d’Abisko durant ces deux mois, l’équipe de l’UCLouvain a prélevé de grandes quantités d’échantillons d’eaux de sols et d’eaux de rivières. Un drone a également permis d’effectuer la collecte d’autres données. Ramenés en Belgique, ces échantillons seront analysés dans les laboratoires de l’UCLouvain.
Cette mission s’inscrit dans le projet de recherche WeThaw, financé par le Conseil européen de la recherche (ERC).
En quelques chiffres :
- En 63 jours de mission dans le nord de la Suède, l’équipe UCLouvain aura parcouru plus de 2 000 kilomètres pour prélever quelque 600 échantillons et effectuer 500 mesures de la profondeur de dégel
- 200 litres d’eaux de rivière et 60 litres d’eau de sol ont été récoltés
- L’équipe mesure en continu toutes les 10 minutes la température et l’humidité du sol et toutes les 30 minutes le potentiel d’oxydation du sol (qui influence la partition entre dioxyde de carbone et méthane)
- La station d’Abisko se situe à environ 200 kilomètres au nord du cercle polaire Arctique