Un lien entre la NASH et le diabète de type 2

L’UCLouvain et les Cliniques universitaires Saint-Luc ont découvert un lien entre le développement de la NASH, maladie du foie, et la survenue d’un diabète de type 2. De nouvelles perspectives de diagnostic et de traitement en vue.

En Belgique, 30% de la population présentent une surcharge en graisse au niveau du foie (stéatose) et peuvent être considérés comme à risque de développer une stéatohépatite non-alcoolique ou « NASH » (forme plus sévère qui associe graisse, inflammation et dégâts au niveau du foie) qui touche 5% de la population. C’est un véritable problème de santé publique pour lequel on ne dispose pas encore de traitement médicamenteux spécifique.

Une recherche menée aux Cliniques Saint-Luc avec l’Institut de Recherche expérimentale et clinique de l’UCLouvain (IREC) a permis de mettre en évidence un événement du développement de la stéatose qui peut également être associé à la survenue d’un diabète de type 2.

Des complications dans et en dehors du foie

Principalement liée à un régime alimentaire trop riche en sucre et en graisse ainsi qu’au manque d’exercice physique, la NASH ne présente pas de symptômes particuliers aux stades précoces. Elle peut toutefois entraîner une cirrhose ou un cancer du foie et surtout participer à la survenue de complications en-dehors du foie : infarctus du myocarde, AVC mais aussi diabète de type 2. Ce dernier peut déjà être présent dans les stades initiaux de la maladie (stéatose).  

Les scientifiques ont mis en évidence un mécanisme au cours du développement de la stéatohépatite qui favorise en même temps la résistance à l’insuline à distance du foie, et in fine la survenue d’un diabète de type 2. Les résultats ont été publiés dans la revue scientifique « Metabolites ».

Une protéine hépatique liée à la résistance à l’insuline

La recherche s’est d’abord focalisée sur des souris développant une stéatose hépatique suite à un régime riche en graisses. Une augmentation de la production de ‘fétuine-A’ a été observée dès les premiers stades de la maladie. Il s’agit d’une protéine connue pour jouer un rôle dans la résistance à l’insuline. Cette protéine ne se localise pas uniquement dans le foie mais circule également dans le sang et le tissu adipeux.

Les chercheurs ont ensuite observé ce même mécanisme dans une cohorte de 49 patients atteints de stéatose et de stéatohépatite à des degrés divers. Des prélèvements de patients opérés dans le cadre d’une chirurgie bariatrique ont également été analysés, confirmant la présence de « fétuine-A » dans le foie, le sang et le tissu adipeux.

Les auteurs ont pu mettre en évidence que la fétuine-A était produite par le foie stéatosique, circulait ensuite dans le sang et pouvait être stockée dans le tissu adipeux où elle exerce des fonctions délétères.

De nouveaux traitements

Cette recherche met en lumière une corrélation directe entre les taux de la protéine fétuine-A produite par le foie et la résistance à l’insuline, témoin de la genèse d’un diabète. Bien avant d’être au stade NASH, la stéatose hépatique contribue à la fabrication de ce médiateur pouvant entrainer un diabète de type 2.

Ces résultats ouvrent des perspectives de diagnostic et de traitements ciblant cette protéine. La mesure de fétuine-A pourrait en effet constituer un marqueur d’efficacité pour d’autres thérapies en cours d’évaluation.

Publié le 14 novembre 2022