L’UCL et la VUB enquêtent sur l’usage du temps

Louvain-La-Neuve

Flexibilité, développement des technologies de l’information, articulation travail/famille complexe : des chercheurs de l’UCL et de la VUB ont enquêté, avec le soutien Belspo, sur la façon dont les Belges font usage de leur temps.

Combien de temps les Belges travaillent-ils effectivement ? Quelle est l’importance des horaires atypiques ? Quelle pression ressentent-ils au travail ? Pour répondre à ces questions, Bernard Fusulier (UCL) et Theun Pieter van Tienoven (VUB) ont fusionné trois bases de données, démarche unique en Europe : celles issues de l’Enquête européenne Forces de Travail (Labour Force Survey – LFS), de l’Enquête emploi du temps (Time Use Survey - TUS), et celle sur la Grille Travail (Work Grid - WG). Les chercheurs démontrent qu’une méthodologie aussi simple que le WG (où le répondant remplit une grille du temps consacré au travail sur une semaine) permet d’améliorer la compréhension du temps de travail, notamment en termes d’estimation des heures de travail, de distribution du temps de travail et des modèles d’organisation temporelle. L’enquête emploi du temps (TUS)  rend quant à elle possible l’identification des enjeux de l’interférence entre la vie professionnelle et la vie familiale.

Quelques résultats du projet de recherche LFS&TIME, mené avec le soutien de la Politique scientifique fédérale (BELSPO):

  • L’enquête révèle notamment que les personnes travaillant moins de 20 heures par semaine ont tendance à sous-estimer leur temps de travail alors que celles déclarant plus de 40 heures, le surestiment. Dans le volet Work Grid, les répondants surestiment leur temps de travail par rapport aux résultats de l’Enquête Forces de travail car ils y intègrent leur repas de midi et leurs déplacements domicile-travail.
  • Une analyse statistique des données du Work Grid indique que travailler à environ 70% d’un temps plein peut être divisé en trois grands types: soit le mercredi après-midi hors-emploi se retrouve surtout chez les femmes en couple avec enfant(s) qui sont employées dans le secteur public. Soit le vendredi est libéré de l’emploi, ce qui est caractéristique des personnes âgées de 55 à 64 ans. Soit le lundi hors-emploi est typique d’un travail uniquement à temps partiel surtout présent chez les individus âgés de 55 à 64 ans ayant un statut d’employé dans le secteur privé.
  • Près de 90% du travail rémunéré se déroule entre 6 heures et 19 heures; 3,3% du travail rémunéré est réalisé en soirée en cours de semaine; 2,9%, la semaine  durant la nuit; 3,1% la journée du samedi; et 1,4% celle du dimanche.
  • L’expérience d’une pression temporelle semble en croissance, pourtant elle ne se distribue pas selon les mêmes facteurs entre les sexes: ce sentiment de pression est vécu par les hommes surtout en lien avec leur vie professionnelle. Et ce sont les indépendants travaillant en soirée qui sont les plus affectés. Le fait d’avoir des loisirs, indépendamment du volume de leur temps de travail, réduit le sentiment d’être sous la pression du temps chez les hommes. Chez les femmes, la vie familiale est au cœur de la production de ce sentiment, fortement vécu chez les mères en couple avec un niveau d’éducation intermédiaire, âgées entre 30 et 44 ans.
  • Ce sont les femmes qui sont les plus impliquées temporellement dans la supervision des devoirs, ce qui est probablement associé au nombre de femmes ayant un emploi à temps partiel. Plus le nombre d’enfants augmente, plus les parents sont impliqués dans le suivi des devoirs à la maison.
  • Quant à la flexibilité subie, les employés à temps partiel du secteur public et du secteur privé sont ceux qui sont le moins soumis à ce type de flexibilité et les indépendants ainsi que les vendeurs sont à l’inverse ceux qui ont le score le plus élevé. Les jeunes travailleurs sont les plus flexibles, tous secteurs confondus. Cependant, ce sont les caractéristiques de l’emploi qui expliquent la flexibilité, davantage que les caractéristiques individuelles.

Les résultats issus de ce projet sont développés lors du colloque “Work/Life and Time” tenu à l’Université Catholique de Louvain. Le rapport du projet LFS&TIME est téléchargeable à partir du site web de BELSPO : télécharger le rapport

Publié le 09 février 2017