Institutionnalisation de l’économie populaire et solidaire : Encastrement politique et logiques d’action en tension en Équateur et en Bolivie

03 mai 2021

12h30 - 14 h

Lundi 3 mai 2021 nous aurons le plaisir d’écouter Maria José RUIZ (membre associée UCLouvain - CIRTES) nous présenter sa recherche s’intitulant : Institutionnalisation de l’économie populaire et solidaire : Encastrement politique et logiques d’action en tension en Équateur et en Bolivie.

Résumé de sa présentation :

En Équateur, la notion de pluralité économique a été formellement inscrite dans la politique publique du « Buen vivir » au sein du gouvernement de Correa. Cependant, son opérationnalisation se joue dans un large champ de tensions entre l'intervention gouvernementale et l'action collective des organisations.

Par une approche inductive et à la lumière de la notion d’encastrement politique, inspirée des travaux de Polanyi, la thèse examine les processus historiques d'institutionnalisation de l’économie solidaire en Équateur. Nous interrogeons, d'une part, les effets de la politique publique sur les pratiques de production, d'échange, de gestion et de gouvernance des organisations-cibles et, d'autre part, les réponses déployées par ces organisations au sein de l'espace public face aux pressions institutionnelles en présence.

Nos résultats suggèrent, entre autres, que les programmes emblématiques de promotion de l’économie solidaire tendent à survaloriser l’inscription des organisations dans une logique marchande suivant une conception formelle de l’économie, au détriment d’autres logiques comme la réciprocité et l'administration domestique. D'où la tendance des initiatives à homogénéiser leurs comportements, menant à l'érosion des principes économiques substantifs (p.ex. spécialisation vs. diversification productive, augmentation du capital aux dépens de la protection sociale). Face à ces tensions, les organisations entreprennent des actions qui oscillent entre stratégies d'adaptation, d'intercoopération ou de résistance à la politique, en cherchant à influencer ces institutions.

En combinant analyses macro-institutionnelle et micro-sociale, cette recherche vise à contribuer aux débats sur l’institutionnalisation de la pluralité économique, notamment en mettant en avant une dynamique d’influence réciproque à long terme entre l’économie solidaire et l’action de l’État en Amérique latine.