Le 10 novembre dernier, Monsieur Jacques Moulaert nous a quittés à l’âge de 90 ans. Il était un grand ami de notre université et de ses Fondations.
En 1976 déjà, le Pr Jean-Jacques Haxhe, directeur général des Cliniques universitaires Saint-Luc, créait la Fondation Saint-Luc et invitait Jacques Moulaert, président de la Banque Bruxelles Lambert, (BBL) à faire partie des membres fondateurs, mission qu’il exerça avec talent durant de nombreuses années.
Durant les années 1980, je rencontrais Jacques Moulaert lors des délibérations de dernière année à la Faculté des sciences appliquées. Bien que sa vie professionnelle fût très chargée, il trouvait le temps d’enseigner un cours d’économie aux futurs ingénieurs. Lorsque je fus nommé recteur en 1995, il m’invita quelques fois à déjeuner pour échanger sur l’enseignement universitaire, les contacts politiques, les finances de l’université. Lors d’une telle rencontre, d’autres invités avaient déploré le manque de connaissance des langues étrangères de nos étudiants. À cette période, le Conseil rectoral préparait ce qui s’appellerait le Plan langues et souhaitait développer les installations de l’Institut des langues vivantes. Quelques semaines plus tard, Jacques Moulaert m’invitait chez lui afin que j’expose notre projet. Un an plus tard, nous inaugurions une salle multimédia offerte par la BBL et dédiée à l’apprentissage des langues. C’était un prélude à la Fondation Louvain qui n’existait pas encore.
En 1996, le Conseil d’administration de l’UCLouvain étudiait les modalités de financement de la future Aula Magna. Il convainquit qu’il serait indispensable de faire appel au mécénat. L’université, peu experte en ce domaine, sollicita l’aide d’un consultant britannique. Celui-ci rencontra une quinzaine d’anciens et amis de l’université, parmi lesquels Jacques Moulaert, afin de percevoir les chances de réussite d’un appel au mécénat ainsi que les lignes de force qu’il faudrait choisir. Parmi les conclusions positives de ces entrevues, il apparut qu’il fallait être ambitieux et qu’il serait important de dépasser le seul objectif de l’Aula Magna. L’enquête soulignait la nécessité du leadership pour mener une campagne fructueuse. Le 7 mai 1998, je rencontrais le vicomte Étienne Davignon, président de la Société générale de Belgique, qui accepta de présider la nouvelle Fondation Louvain avec à ses côtés Jacques Moulaert en tant que vice-président. Le 25 mai, nous nous réunissions avec la professeure Anne-Marie Kumps, administratrice générale de l’UCLouvain, et créions le Bureau exécutif de la Fondation qui se réunirait chaque mois au petit-déjeuner durant de nombreuses années.
Le Conseil de la Fondation fut constitué le 25 février 1999 à Louvain-la-Neuve.
Jacques Moulaert mit tout son enthousiasme au service de la Fondation. Il était essentiel, pour qu’elle réussisse, que se tisse un réseau d’amis et de mécènes. Il organisa des déjeuners au siège de la BBL, de même qu’un dîner chez lui, au cours desquels je fus invité à parler de l’université et à exposer les grandes lignes de notre projet. Si l’objectif initial était de lever 100 millions de francs (2,5 millions d’euros) pour la construction de l’Aula Magna, il atteignait désormais un milliard. De nombreuses chaires et projets de recherche furent financés dans le cadre du programme. Jacques Moulaert et son épouse furent eux-mêmes les mécènes d’une chaire en histoire de l’art.
Jacques Moulaert est resté fidèle à la Fondation jusqu’à ses derniers jours. Il ne manquait jamais la réunion bisannuelle du Conseil de la Fondation Louvain. Il s’intéressait aux progrès de la Fondation, à ses résultats et aux projets qui faisaient l’objet d’un exposé.
1986-2020 : 34 ans de fidélité et de service dédiés à l’UCLouvain. Celle-ci gardera le souvenir d’un homme qui lui a tant donné.
> Marcel Crochet, recteur honoraire de 1995 à 2004.