Forces et faiblesses du modèle de l'alternance en formation. En quête d'une bonne métaphore pour bien penser l'articulation des apprentissages

Publié le 18 mars 2020

La fréquentation alternée de lieux de formation différents est une caractéristique constitutive de très nombreux systèmes de formation professionnalisante. Ainsi on n'imaginerait plus une formation à l'enseignement, une formation technique ou une formation dans le domaine de la santé sans périodes de pratique professionnelle ou sans cours théoriques.

Malgré son usage très répandu, un tel modèle peine cependant souvent à dépasser la simple succession de temps d'école et de temps de terrain plus ou moins longs, plus ou moins récurrents, sans grande articulation.

Certes, on rencontre volontiers dans les programmes de formation des espaces dévolus à cette articulation, nommés tantôt analyses de pratiques, séminaires d'intégration, unités d'articulation théorie-pratique, ateliers de préparation au stage, etc, mais ce qu'on y fait réellement dépend grandement de la personne qui en a la charge et reste souvent très général et très peu relié aux expériences et aux situations réelles de chaque apprenant. Divers outils comme le rapport de stage, le dossier de formation ou le portfolio professionnel, par exemple, permettent également de rapatrier dans l'autre lieu une synthèse des expériences faites "de l'autre côté". Mais le statut ambigu de ces outils – support de réflexion ou objet d'évaluation – conduit bien souvent les apprenants à les utiliser de manière peu productive pour les apprentissages ultérieurs.

Au niveau théorique enfin, différents concepts et métaphores ont été proposés pour qualifier les enjeux et les attentes liées à la situation d'alternance et aux apprentissages en contextes multiples, tels que "connectivity", "boundary crossing", "expansive learning", etc...

Dans mon intervention, je développerai la thèse que l'exploitation de métaphores s'avère une démarche prometteuse pour réfléchir à la situation d'alternance mais qu'on peut et doit aller beaucoup plus loin dans cette recherche si l'on veut exploiter au mieux tout le potentiel de l'alternance comme modalité d'apprentissages complexes.

Jean-Luc Gurtner est professeur ordinaire de psychologie de l'éducation à l'Université de Fribourg (Suisse). Ses domaines d'intérêts sont la motivation pour les apprentissages scolaires à l'adolescence, l'impact sur ces apprentissages des contextes physiques et sociaux dans lesquels ils se déroulent; il étudie en particulier la possibilité d'utiliser les TIC pour favoriser les apprentissages inter et transcontextuels. Le domaine dans lequel il mène ses recherches depuis une quinzaine d'années est le champ des apprentissages professionnels, tout particulièrement la question de l'articulation de connaissances théoriques acquises en faculté ou à l'école avec les compétences construites sur le terrain.

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