Des scientifiques de l’UCLouvain ont mené une importante étude dans 8 pays d’Europe et d’Afrique sur l’éco-anxiété, soit l’impact des changements climatiques sur notre bien-être psychologique. Résultats ? 1 personne sur 10 est fortement impactée psychologiquement par l’urgence climatique, via des troubles du sommeil, de la dépression ou des pleurs. Conclusion ? L’éco-anxiété entrave le bien-être d'une proportion importante de la population. Et lorsqu’elle est trop intense, elle coupe toute capacité d’action.
Les changements climatiques ont un impact sur notre bien-être psychologique, cela a déjà été démontré dans de nombreuses recherches. Exemple ? Des inondations, feux de forêt ou ouragans peuvent susciter des stress post-traumatiques, dépressions ou addictions chez les personnes touchées par ces phénomènes climatiques extrêmes. De même, l’impact de la sécheresse sur la santé mentale a déjà été prouvé, notamment chez les agriculteur·trices.
Ces stress ressentis face aux changements climatiques ont un nom : l’éco-anxiété. Soit l’appréhension et les inquiétudes quant à l'étendue potentielle des impacts du changement climatique et à l'incertitude de leur nature spécifique, de leur calendrier et de leur localisation précise. Cette éco-anxiété s’observe même chez les personnes qui n'ont pas personnellement fait l'expérience d'un impact plus direct du changement climatique.
Des scientifiques UCLouvain (Alexandre Heeren, épaulé par Camille Mouguima Daouda et Alba Contreras) ont lancé une vaste étude sur le sujet, histoire de mieux comprendre ce phénomène nouveau, encore peu étudié. L’objectif ? Déterminer l’ampleur de l’éco-anxiété au sein de la population, ainsi que les mécanismes psychologiques associés. Et l’impact de ce stress sur la capacité de la population à agir et à s’adapter face aux changements climatiques.
Dans cette première phase de l’étude, 2 080 participant·es francophones, issu·es de huit pays d’Europe (dont la Belgique) et d’Afrique ont répondu à une enquête en ligne. Parmi les résultats clés, les scientifiques UCLouvain pointent :
- Environ 12% des répondant·es font l’expérience fréquente d’éco-anxiété, avec des troubles tels que des inquiétudes, des pleurs, des difficultés de sommeil ;
- Les femmes et les personnes les plus jeunes (- de 40 ans) sont davantage impacté·es par l’éco-anxiété ;
- Aucun lien avec le niveau d’éducation n’a été observé ;
- Aucune différence n’a été observée entre les pays d’Europe et d’Afrique ;
- L’éco-anxiété génère d’un côté des peurs mais peut, de l’autre, être associée positivement à la mise en place de comportements éco-responsables ;
- Une réaction positive à l’éco-anxiété se remarque davantage chez les personnes présentant des niveaux de stress plus faibles. A contrario, cette association est significativement plus faible chez les personnes rapportant des niveaux élevés d'éco-anxiété. Donc, lorsque l’éco-anxiété est trop intense, elle coupe toutes capacités d’action.
Bien que ces différentes observations doivent être confirmés par des recherches ultérieures, l’étude UCLouvain démontre que l’éco-anxiété entrave le bien être d'une proportion importante de personnes et qu’elle constitue une menace pour l'adaptation comportementale au changement climatique.