Création d’emplois : quelle évolution entre 2015-2018 ?

Trois chercheurs de l’Institut de recherches économiques (IRES) de l’UCLouvain ont analysé l’impact de la politique salariale du gouvernement Michel sur la création d’emplois en Belgique.

Le numéro de mai de Regards économiques, la revue de l’IRES-UCLouvain, aborde trois questions autour de l’évolution de l’emploi en Belgique: la relation entre l’emploi et l’activité économique, les principaux facteurs qui ont contribué à la forte création d’emplois dans notre pays depuis 2015 et les impacts possibles sur l’emploi de la politique de modération salariale mise en œuvre en Belgique entre 2015 et 2018.

Entre 2015 et 2018, près de 230 000 nouveaux emplois ont été créés en Belgique, dont 158 000 dans le secteur salarié privé, relèvent les trois chercheurs (Vincent Bodart (IRES), Muriel Dejemeppe (IRES) et Sébastien Fontenay (IRES-DULBEA)). Leur étude met en évidence qu’une part non négligeable (40 %) de ces créations d’emplois provient de facteurs qui ne sont pas propres à la période considérée, en raison d’une inertie importante dans l’évolution de l’emploi. Et parmi les emplois supplémentaires qui sont le résultat de facteurs spécifiques aux trois dernières années écoulées, les conditions économiques jouent un rôle prépondérant, d’un ordre de grandeur cinq fois plus élevé que l’évolution du coût du travail. Les chercheurs soulignent que, si les pouvoirs publics ont des leviers d’action pour soutenir l’activité économique, dans une économie très ouverte comme la Belgique, celle-ci est en grande partie déterminée par celle de nos partenaires commerciaux.

Les résultats de l’étude suggèrent en outre que l’impact de la politique de modération salariale menée par le gouvernement sortant sur les créations nettes d’emplois est plus modeste que ce que certaines études précédentes semblaient montrer. Et ce pour deux raisons. Premièrement, l’analyse ne révèle pas l’existence de rupture dans l’intensité en emplois de la croissance économique sur la période étudiée (1995-2018) comme c’est le cas pour l’Allemagne et les Pays-Bas. En second lieu, les résultats des simulations des chercheurs montrent que l’ensemble des mesures d’abaissement du coût du travail prises pendant la législature aurait permis la création de 59 000 emplois supplémentaires dans l’ensemble de l’économie et de 27 500 unités si on se limite à l’emploi salarié dans le secteur privé. Des études précédentes évoquaient des créations de l’ordre 145 000 et 75 000 emplois.

Les chercheurs précisent toutefois qu’en tenant compte du nécessaire financement de certaines mesures et de leurs effets retour potentiellement positifs sur la croissance économique, l’impact global de la politique de modération salariale devrait être légèrement supérieur au chiffrage généré par leurs simulations.

Lire l’article complet de « Regards économiques » : https://www.regards-economiques.be/index.php?option=com_reco&view=article&cid=189

Publié le 02 mai 2019