De retour d’Antarctique avec une carotte glaciaire de 260m

Cette semaine est consacrée à la transition écologique à l’UCLouvain, avec le Festival du film eau et climat et le Festival Cap Transition. L’université entend jouer un rôle concret face aux enjeux déterminants pour l’avenir de l’humanité, par le biais de l’action de ses étudiant·es et de l’expertise de ses chercheur·es. Parmi eux, Hugues Goosse, chercheur au Earth and Life Institute de l’UCLouvain, vient de revenir de deux mois de mission en Antarctique. Il y a étudié l’évolution du climat. Comment ? En forant à plus de 200 mètres de profondeur pour y récolter une carotte glaciaire de 260 mètres de long.

L’Antarctique et l’océan Austral jouent un rôle dominant dans la dynamique du système climatique. Toute modification de la masse de glace qui y est stockée a donc un impact important au niveau mondial. Le 1er décembre 2018, Hugues Goosse s’envole vers l’Antarctique en compagnie d’une équipe interuniversitaire (UCLouvain, ULB et Université du Colorado à Boulder). Leur mission ? Étudier l’accumulation de neige, forer une carotte de glace pour analyser chaque couche et mesurer le mouvement de la glace. Tous ces paramètres donnent des indices sur la manière dont le climat a évolué ces dernières décennies et dont il évoluera prochainement.

Sur place, l’équipe reste quatre semaines avec un container de matériel, un autre pour vivre (cuisine, salle de bain et toilettes), une grande tente pour couvrir le lieu du forage et de petites tentes pour dormir. « Les premiers jours, on sait ce qu’on a à faire. On est concentré pour ne pas perdre de temps. Ce n’est que progressivement qu’on se rend compte qu’on est dans un environnement unique et que personne n’a jamais posé le pied là où nous sommes. Tout est vaste et vide. L’expérience humaine est donc d’autant plus intense », raconte Hugues Goosse.

Les principaux obstacles sont d’ordre logistique : une pièce qui casse ou qui ne fonctionne pas. Ou météorologiques. Les températures sont trop élevées pour forer. « Les carottes de glace ne peuvent pas se réchauffer, sinon des réactions chimiques déstabilisent les mesures. Dans la tente de forage, il faisait trop chaud. Nous avons donc foré la nuit, lorsque les températures étaient en dessous de - 8 degrés », témoigne Hugues Goosse.

Les chercheur·es sont de retour en Belgique avec plusieurs échantillons et d’innombrables données. Ils ont foré jusqu’à plus de 200 mètres de profondeur pour récolter une carotte glaciaire de 260,10 mètres. Avec quelles conclusions ? L’équipe d’Hugues Goosse a noté que la glace s’est déplacée d’un mètre par rapport à l’an dernier. Les chercheur·es ont aussi pu mesurer les propriétés de la neige en surface et ses couches, et les analyser sur place. Les profils de températures relevés sont variés. La carotte glaciaire doit quant à elle encore être analysée. Elle attend dans un congélateur en Antarctique et sera envoyée en bateau jusqu’à Anvers fin mars.

Dans les mois à venir, Hugues Goosse utilisera des modèles pour les comparer aux observations de terrain. Il analysera ainsi le rôle du vent, de la température, de l’apport de masse d’air océanique, des échanges avec le continent, etc. La recherche déterminera, entre autres, si les changements sont le résultat de l’activité humaine et/ou s’ils sont liés à la variabilité naturelle de la circulation océanique et atmosphérique. Le projet permettra également de mieux comprendre la dynamique climatique mondiale et d'améliorer les projections futures pour l'Antarctique et son impact sur le niveau des mers. Objectif visé : affiner les évaluations disponibles pour les décideur·es politiques.

Aspect original de la mission : les chercheurs ont tenu un blog – https://www.bel-antar2018.be – qui présente les principaux événements vécus en Antarctique ainsi que des anecdotes et des réponses aux questions que tout le monde se pose !

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Publié le 13 mars 2019