Eric Lambin nommé conseiller scientifique de la Commission européenne

Eric Lambin

Eric Lambin, professeur à la Faculté des sciences et au Earth and Life Institute de l’UCLouvain, fait partie des quatre femmes et trois hommes nommé·es conseiller·es scientifiques en chef par la Commission européenne. Une position qui permet d'avoir une influence directe sur la prise en compte de la science dans les politiques européennes.

Lauréats du Prix Blue Planet 2019 et du Prix Volvo de l’environnement 2014, les travaux d’Eric Lambin sur les interactions entre l’activité humaine et l’environnement ont été reconnus pour leur influence sur les politiques environnementales d’organisations publiques, non-gouvernementales et privées. La European Science Foundation, qui a proposé sa candidature auprès de la Commission, est à l’origine de cette nomination.

Cinq questions à Eric Lambin

Quel est le rôle des sept ‘chief scientific advisors’ auprès de la Commission européenne ?
Le mandat de ‘chief scientific advisor’ consiste à fournir un conseil scientifique indépendant à la Commission Européenne pour améliorer les politiques européennes. Les sept scientifiques qui font partie de ce groupe communiquent directement avec le collège des Commissaires européens pour cerner les questions scientifiques qui doivent être clarifiées en préalable à une nouvelle régulation européenne. Nous travaillons ensuite avec l’ensemble des Académies des sciences d’Europe pour faire l’état de l’art sur ces questions. Enfin, nous traduisons ces connaissances scientifiques en une opinion qui inclut des recommandations politiques.  

Pourquoi avoir accepté cette position ?
Ma recherche concerne divers aspects de la transition vers une société durable, un sujet qui est d’une grande urgence pour la société. Il est important que les décisions politiques soient fondées sur les connaissances scientifiques les plus récentes. Or, il ne suffit pas de publier les résultats de la recherche dans des revues scientifiques pour qu’elles aient un impact sur les politiques. Il faut également traduire ces résultats en recommandations politiques et les communiquer clairement. Par ailleurs, je suis particulièrement motivé par l’aspect interdisciplinaire de ce travail et la qualité des collègues impliqué·es.

Avez-vous identifié un dossier prioritaire lié à votre expertise ?
Le Pacte Vert pour l’Europe est la grande priorité. L’Europe est le leader mondial dans ce domaine. De nombreux aspects de ces nouvelles politiques environnementales correspondent à mon expertise et à mes intérêts.

Comment s’est passée votre prise de fonction, le 16 mai dernier ?
J’ai été d’emblée mis dans le bain car nous avons de nombreux dossiers importants sur la table. Parmi ceux-ci : la décarbonisation du système énergétique européen, la gestion des prochaines crises sanitaires et environnementales, et les effets de la 5G sur la santé.

Quel conseil donneriez-vous aux étudiant·es qui envisagent une carrière scientifique ?
Le·la scientifique doit être la conscience intellectuelle de la société. Il faut mêler une capacité d’émerveillement et de remise en question des vérités établies. Il est important de cultiver sa curiosité, alimenter sa passion pour son domaine d’intérêt et développer sa créativité. Et il faut constamment s’investir dans l’apprentissage de nouvelles méthodes de recherche.

« À la fin de chaque journée, j’ai appris quelque chose que j’ignorais le matin »

Ce nouveau rôle n’empêche pas Eric Lambin de continuer à endosser une charge académique à temps plein et à mener de nombreux projets de recherche, notamment sur la gouvernance dans des régions de forêts tropicales, en Colombie, dans le Chaco argentin et au Nord de la Thaïlande. « J’ai également un projet sur le rôle des infrastructures dans la lutte contre la pauvreté en Afrique dans un contexte de changements climatiques. Enfin, je contribue à la recherche sur le rôle de la reforestation dans la lutte contre le changement climatique », précise le scientifique.

Côté enseignement, la pandémie est venue modifier quelque peu ses habitudes puisque depuis 12 ans, Eric Lambin passe chaque deuxième quadrimestre à l’Université Stanford en Californie. « Cette année, j’ai dû rester en Belgique, d’où j’enseigne et encadre à distance mon équipe de recherche de Stanford, en soirée à cause du décalage horaire. Il a fallu développer de nouveaux modes d’interaction avec les étudiant·es pour maintenir la motivation de chacun·e. »

L’aspect de son travail qu’il préfère? « J’adore le fait que, à la fin de chaque journée, j’ai appris quelque chose que j’ignorais le matin. J’apprécie aussi la liberté académique, qui nous permet de constamment explorer de nouvelles questions à la frontière des disciplines ».

La bio express d’Eric Lambin

Géographe de formation - il est docteur en sciences et licencié en sciences géographiques de l’UCLouvain (promotion 1985) -, Eric Lambin enseigne à l’UCLouvain depuis 1993 et a été nommé professeur ordinaire en 2005. En 2009, il reçoit le prestigieux Prix Francqui et depuis la même année, il est également professeur à l’Université Stanford, aux Etats-Unis.

La question au cœur de ses travaux : Comment développer une trajectoire qui permet aux communautés de s’épanouir tout en préservant la nature ? Il mène ses recherches dans les forêts tropicales, les régions arides, les montagnes et les zones péri-urbaines, avec une attention particulière aux systèmes agraires, à la dégradation des terres, aux circuits de distribution mondialisés et à la gouvernance environnementale.

Ses travaux pionniers lui ont valu une reconnaissance mondiale, avec le Prix Volvo de l’environnement 2014 et le Prix Blue Planet 2019.

Eric Lambin a écrit plusieurs livres de vulgarisation, dont « Une Ecologie du Bonheur » et « Le Consommateur Planétaire » (Éditions Le Pommier, 2009 et 2015).

 

Publié le 18 mai 2021