Inondations: éviter de répéter la tragédie de 2021

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Un rapport analysant la mortalité directe liée aux inondations de juillet 2021 en Belgique vient d’être publié et fera l’objet d’une conférence ce jeudi 13 juillet. Il a été supervisé par Debarati Guha-Sapir, professeure émérite UCLouvain et récente lauréate du prix Blue Planet.

Avec trente-neuf décès dénombrés par les autorités, les inondations de juillet 2021 ont représenté la catastrophe naturelle la plus meurtrière de l’histoire de Belgique. Ce bilan a interpellé plusieurs médecins et spécialistes en santé publique dans la mesure où il est exceptionnellement élevé pour un pays développé comme le nôtre. Dans la mesure où de tels phénomènes extrêmes auront plus de probabilités de survenir à l’avenir des suites du changement climatique, trois chercheur·ses ont voulu comprendre quels sont les facteurs de risque de décès lors d’inondations dans notre pays. Objectif : réduire l’impact futur de ces phénomènes.
Sous la supervision de Debarati Guha-Sapir, Edouard Hosten et Hervé Houon ont, sur base de témoignages, de sources officielles et d’articles de presse, dressé et analysé en détail les circonstances de trente-huit accidents mortels. L’ambition est d’alimenter la réflexion autour des stratégies de réduction des risques et de gestion de crise.

Repenser les stratégies d’évacuation et la communication de crise

Les chercheur·ses ont observé une répartition égale entre les victimes de sexe masculin et féminin, une nette surreprésentation des personnes âgées de plus de 65 ans, que les femmes âgées sont majoritairement décédées à l’intérieur d’un bâtiment tandis que les victimes décédées à l’extérieur sont plutôt des hommes jeunes.  L’étude met également en évidence le fait qu’une majorité des accidents dont la localisation est connue ont eu lieu en zone inondable et que presque tous les accidents fatals ont eu lieu dans un quartier défavorisé.

Ces différents constats amènent plusieurs questions, concernant notamment les stratégies d’évacuation mises en place et la communication de crise durant ce type d’évènement. Les chercheurs pointent également l’adéquation des modélisations des zones à risque d’inondation, qui doivent servir de base à la création d’un outil intégré d’évaluation et de communication du risque. Enfin, les autorités devraient porter une attention plus particulière à l’accompagnement des victimes et de leurs proches.

Le rapport sera présenté à l’occasion d’une conférence qui aura lieu ce 13 juillet de 14h à 16h au Palais Provincal de Liège (Salle des Gardes). La présentation du rapport sera suivie d’une discussion avec un panel de citoyens impliqués dans les inondations de 2021 et des experts en la matière.

Une équipe interuniversitaire de recherche

L’étude a été réalisée pour le compte de l’Association pour l’Etude Epidémiologique des Désastres avec le soutien de la Fondation Roi Baudouin et de la Loterie Nationale.

Debarati Guha-Sapir est professeure émérite à l’UCLouvain et directrice du Centre de Recherche sur l’Epidémiologie des Désastres. Elle a récemment reçu le prestigieux prix Blue Planet décerné par la Fondation Asahi Glass pour son travail de recensement des catastrophes naturelles.

Edouard Hosten est médecin urgentiste au CHU de Charleroi et chercheur KU Leuven auprès du laboratoire de microbiologie clinique du Pr Emmanuel André.

Hervé Houon est médecin assistant candidat spécialiste en médecine d’urgence au sein de l’ULiège. 

Publié le 11 juillet 2023