Gérer l’université : une conception participative

Élu pour un second mandat le 26 avril dernier, le recteur de l’UCLouvain, Vincent Blondel, revient sur les fondamentaux de l’université : les défis à relever en matière d’enseignement ; la recherche, vue comme une invitation à explorer et découvrir. Enfin, le service à la société et l'engagement de l’université. 

En matière d'enseignement, quels sont les défis que l'UCLouvain doit relever les cinq prochaines années ?
Ils sont nombreux ! Sans aucun doute, on s’adresse à des publics d’apprenant·es de plus en plus diversifiés avec des parcours de plus en plus différenciés. L’objectif est de leur donner une expérience aussi complète que possible. Prendre en compte les singularités de chaque parcours et amener les étudiantes et étudiants dans une dynamique positive et porteuse, c’est un de nos défis quotidiens. Les mots clés sont accueil, accompagnement, réussite.

Quelle place pour la recherche à l'UCLouvain ? En quoi est-elle primordiale ?
La recherche fait partie de l’identité même des universités : celles-ci ont pour mission de créer du savoir par le biais de la recherche avec le concours d’enseignant·es qui explorent, mettent en question, questionnent les savoirs existants critiquent, mettent à l’épreuve. C’est cette formation qu’on souhaite transmettre aux étudiant·es, la capacité à acquérir une démarche critique. L’université, par le biais des enseignant·es, transmet ce questionnement et cette curiosité. C’est une invitation à la curiosité d’explorateur·rice et de découvreur·e. Nous invitons nos étudiant·es à être curieux.

Une université doit-elle être engagée ? Comment cela se concrétise-t-il ?
Oui, l’université est engagée, à de nombreux égards. D’une part parce qu’elle joue son rôle d’acteur sociétal par les contributions qu’elle y apporte. Elle participe au développement de la société, par exemple en développant une recherche pour des soins de qualité, en contribuant au développement économique et social ou en s’investissant dans la réforme de la formation des professeur·es de l’enseignement obligatoire qui formeront les générations à venir.

L’université s’engage aussi en tant qu’acteur institutionnel. Comme ‘entreprise’, elle doit tenir compte de l’impact sur son environnement. La société actuelle, en Région wallonne, en Région de Bruxelles-Capitale et en Fédération Wallonie-Bruxelles ne serait pas ce qu’elle est s’il fallait gommer les universités. Ensuite, l’université est le lieu d’expression d’acteur·rices qui sont engagée·s. Les académiques s’expriment librement sur les enjeux sociétaux sans pour autant engager l’université. Mais il·elle·s s’engagent eux-mêmes en tant que chercheur·es. C’est aussi une responsabilité qui résulte de la liberté de chercher.

Enfin, troisième volet, l’université elle-même s’exprime sur des enjeux spécifiques. Elle s’engage souvent collectivement avec d’autres acteur·rices universitaires ou au sein d’organisations internationales.

Quel rôle doivent jouer les étudiant·es dans la gouvernance de l'université ?
Les étudiantes et étudiants sont au centre de l’université et jouent un rôle très actif au sein des organes de gouvernance. Au-delà, il·elle·s contribuent également de manière essentielle à la vie de l’université par le biais des cercles, des régionales, des kots-à-projet.

Si elle est absolument nécessaire, la participation étudiante n’est pas toujours simple notamment parce que l’université est vaste : les projets y prennent du temps et, souvent, les étudiant·es participent à la mise en place de projets dont ils ne voient pas la réalisation mais qui profiteront aux générations qui leur succèdent. Je leur en suis très reconnaissant. Souvent les étudiant·es apportent un regard différent qui est utile et nécessaire.

Un autre élément de complexité, c’est l’équilibre à trouver entre les préoccupations très concrètes des étudiant·es (logement, qualité des cours, transports…) et la tendance naturelle et légitime à porter un projet à portée politique plus vaste.

J’ai une conception très participative de la gestion de l’université dans laquelle les contributions des étudiant·es jouent un rôle essentiel et, comme les autres catégories du personnel, je les rencontre sur des bases régulières.

Publié le 06 juin 2019