« L’une des priorités absolues de la faculté sera le bien-être des étudiant·es et des enseignant·es »

Tout l’été – jusqu’à la rentrée –, nous rencontrons des membres du personnel de l’UCLouvain qui font l'université. Découvrez ces personnes et leur quotidien fait de challenges, de réussites et de projets qui les animent. Et avec la rubrique "le temps des vacances", elles·ils vous font part de leurs coups de cœur escapade / lecture / musique pour un été placé sous le signe de la découverte. Retrouvez chaque semaine un nouveau portrait en ligne. 

Cette semaine, le portrait de : Françoise Smets, pédiatre aux Cliniques universitaires Saint-Luc et professeure à la Faculté de médecine et médecine dentaire de l’UCLouvain dont elle devient la Doyenne dès le 1er septembre.

Photos : ©Martin Chavée

Quand nous rencontrons Françoise Smets dans son bureau des Cliniques, c’est la pédiatre en blouse blanche qui nous accueille. Mais la future doyenne a plus d’une casquette. Enseignante, elle coordonne et participe au cours de démarche clinique pédiatrique des étudiant·es de master 2 et est co-titulaire du cours de gastro-entérologie de master 1 à l’UCLouvain. À la Haute école Vinci, elle couvre toute la pédiatrie avec les étudiant·es en diététique. Et au sein de la faculté, cela fait près de cinq ans qu’elle se retrousse les manches pour dégager des solutions dans les différents dossiers qui pourraient pénaliser les étudiant·es.

L’été à l’UCLouvain est synonyme de… ?

En clinique, il n’y a pas vraiment de différence, puisque les maladies n’ont pas de saison ! À l’université, on fait ce qu’on n’a jamais le temps de faire le reste de l’année. Comme mettre à jour certains cours ou réfléchir à faire évoluer sa manière d’enseigner. En médecine, on est confronté·es à plusieurs obstacles : de grands groupes, les étudiant·es qui ne viennent plus au cours, et être passés de 7 à 6 ans d’études. Ce changement s’est fait un peu « à l’arrache », en même temps que la mise en place du décret paysage, donc on a revu notre programme mais il nécessite encore d’être peaufiné.

Qu’est-ce qui vous plait dans votre métier pluriel, entre enseignement et pratique clinique ?

Le côté pluriel, justement. J’ai l’immense bonheur de travailler avec des patient·es ! En pédiatrie, on fait beaucoup de médecine préventive et le taux de guérison est élevé, même si on a parfois des cas plus graves. C’est une richesse renouvelée de travailler avec des enfants jour après jour ; ils ne mentent pas, ils sont cash, et tant qu’on arrive à garder leur confiance, ils feront beaucoup de choses pour vous aider à les guérir. Le côté médical reste une passion à laquelle je ne pourrais pas renoncer pour le moment, même si je ne serai plus toujours en première ligne en devenant doyenne. Être restée à l’université, c’est une richesse équivalente. Travailler avec les étudiant·es, c’est un peu comme travailler en clinique avec les enfants. Elles·ils sont là pour nous challenger et c’est important de continuer à être challengé. En tant que médecin, c’est indispensable d’avoir cette balance enseignement-pratique car la médecine évolue et si on ne fait plus de clinique, on ne se forme plus, et fatalement ça se répercutera un jour sur l’enseignement. La médecine n’est pas une science exacte, donc si on veut l’enseigner, il faut la pratiquer.

Doyenne, c’est une « suite logique » dans votre parcours ?

Pendant 15 ans, j’ai fait beaucoup de recherche, et depuis 4-5 ans, j’ai le plaisir d’être plus impliquée dans l’enseignement. Une fois qu’on est allé·e au bout de quelque chose, on peut toujours s’épanouir et développer de nouvelles compétences. Ces quatre dernières années, j’ai été fortement impliquée dans la vie de la faculté au double titre de directrice de l’administration des stages et présidente du jury de master. J’ai travaillé très étroitement avec le doyen sur des dossiers comme les numéros inami, où j’ai essayé de le soutenir dans sa bataille politique, et surtout la double cohorte. Pendant deux ans, avec mon collègue Cédric Hermans, responsable des masters de spécialisation, et Mr Philippe Rouard, coordinateur du Réseau Santé Louvain, nous avons visité les hôpitaux du réseau à deux reprises pour essayer de trouver des places de formation pour tous les étudiant·es.

Une femme à cette position, c’est important ?

Je ne l’ai pas fait pour ce que soit une femme qui soit doyenne. Je ne suis pas féministe à tout prix. Mais c’est vrai qu’il faut essayer de mettre en place les conditions pour que les femmes puissent s’épanouir à ces postes - où elles restent déficitaires - si elles le désirent.

Comment appréhendez-vous cette rentrée quelque peu particulière ?

Assez sereinement, même si je me rends compte qu’il y a toute une série de facettes du métier de doyen·ne que je n’appréhende pas encore et que je vais découvrir sur le terrain. C’est toujours un challenge, mais j’ai eu d’autres challenges et ça s’est toujours bien passé ! Et autour de moi, il y a beaucoup de soutiens et de personnes qui pourront m’aider. Je suis surtout excitée à l’idée de commencer. 

Comment envisagez-vous l’aspect politique du job ?

Ça ne me fait pas peur mais je suis peut-être encore un peu naïve. Avec mes patient·es, mes collègues, les personnes de l’université, j’ai l’habitude d’un franc-parler et je dis ce que je pense assez rapidement sans langue de bois. Est-ce que ça va pouvoir fonctionner au niveau politique ? je ne suis pas certaine, il faudra probablement que je sois plus modérée que d’habitude !

Quels sont les challenges que vous voulez relever à la tête de la faculté ?

Une partie de mon projet est de travailler avec les étudiant·es pour essayer de mieux les informer. Il y a beaucoup de frustrations par manque d’informations alors qu’on essaye de communiquer le plus possible. Et c’est le même challenge pour les enseignant·es, qui ne comprennent pas toujours pourquoi la faculté impose certaines choses, qui finalement sont plus imposées par le décret et la réglementation que par l’université elle-même. La majorité sont clinicien·nes, et les hôpitaux sont dans une situation financière compliquée. Il y a une certaine pression de rentabilité clinique qui n’est pas toujours compatible avec un travail épanouissant d’enseignement.

Un autre gros challenge, c’est évidemment de résoudre dans la durée le problème des accès aux spécialisations, C’est l’un de mes objectifs principaux.

Enfin, l’une des priorités absolues de la faculté sera le bien-être des étudiant·es et des enseignant·es. Le taux d’épuisement est en augmentation, et il est important d’essayer de mieux en comprendre les causes. En ce qui concerne la médecine, les étudiant·es vont pouvoir remplir une évaluation des lieux de stage qui sera anonyme à partir de cette année, ce qui permettra d’exprimer plus facilement certains soucis et d’y remédier. Pour les assistant·es en cours de spécialisation, cette enquête existe déjà depuis plusieurs années et nous sommes aussi la seule université à avoir une plateforme, le Réseau Santé Louvain, où plusieurs lieux de parole existent pour écouter et accompagner celles et ceux qui en ont besoin. Plusieurs mesures ont également été mises en place pour assurer une formation pratique de qualité aux futur·es dentistes. 

Le temps des vacances – avec Françoise Smets

Comment rechargez-vous vos batteries ? Avec ma famille, certainement. J’ai trois enfants et un mari que je vois le plus possible pendant la semaine, mais ces dernières années, j’ai quand même remarqué que ça avait diminué. Donc je profite de chaque moment possible avec eux.

Un livre à conseiller à vos collègues ? « La plus précieuse des marchandises » de Jean-Claude Grumberg, un tout petit bouquin qui se lit en une heure. C’est un conte qui se passe autour des camps de concentration de la seconde guerre mondiale et c’est la parfaite incarnation de « Comment faire malgré tout quelque chose de beau à partir d’un événement extrêmement triste ». Un autre livre, ce serait Le Comte de Monte-Cristo d’Alexandre Dumas. Mon fils s’appelle Edmond d’ailleurs, comme Edmond Dantès (et comme son arrière-grand-père).

Une activité qui vous plait l’été ? Souvent, on se promène à Bruxelles en famille et on fait le touriste dans sa ville. On est chanceux, il y a beaucoup à faire, notamment les expos. Dernièrement, j’ai vu celle consacrée à Wim Delvoye aux Beaux-arts, c’était magnifique. 

Votre playlist de l’été : Le matin, quand je travaille, ce sont les nouvelles ; La première ou Bel RTL. Quand je suis avec mes enfants, ce sont eux qui choisissent donc c’est plutôt NRJ ! Côté musique, je suis très chanson française. J’aime beaucoup l’album de Maurane où elle a repris Brel, Aznavour, Cabrel - tout ceci n’est pas très moderne - mais j’ai aussi acheté Soprano

>La rentrée, à l’UCLouvain, c’est le 16 septembre 2019. Vous êtes invité·e à la cérémonie de rentrée académique à Louvain-la-Neuve et/ou membre du personnel de l'UCLouvain ? Inscrivez-vous via le formulaire.

 

Publié le 05 septembre 2019