Le cyclotron de l’UCLouvain labellisé ‘site historique’

50 ans après son inauguration sur le campus de Louvain-la-Neuve, le Cyclotron de l’UCLouvain a été labellisé « site historique » par la Société européenne de physique ce 12 octobre.

C’est en effet dans ce bâtiment que s’est déroulée, en 1990, une expérience inédite dans le domaine de la physique : l’accélération d’ions radioactifs de courte durée de vie. Une expérience dont les résultats ont conduit à des développements techniques remarquables (la production de faisceaux d’ions radioactifs) qui ont ouvert la voie à de nouveaux domaines de recherche en physique nucléaire et en astrophysique. Depuis, différentes applications ont pu voir le jour en médecine (pour le diagnostic et le traitement des tumeurs par exemple), en sciences de la vie ou encore dans l’étude des matériaux (lire ci-dessous).

À ce jour, les Sociétés belge et européenne de Physique ont reconnu deux autres sites historiques belges : l’Hôtel Métropole à Bruxelles (où s’est déroulé le premier Congrès Solvay en 1911) et le Heilige Geest College, à Leuven où a travaillé Georges Lemaître, idéateur de la théorie du Big Bang.

Photo : 50 ans après son inauguration, le cyclotron de l’UCLouvain est l’un des trois centres de référence reconnus en Europe, soutenus par l’agence spatiale européenne (ESA). La Société européenne de physique, à l’initiative de la Société belge de Physique, vient de lui décerner le label « EPS Historic Sites ». La pose d’une plaque commémorative a eu lieu ce mardi 12 octobre 2021 au bâtiment de Hemptinne sur le campus de Louvain-la-Neuve, en présence de nombreux invités.

50 ans d’expérience(s), des usages quotidiens

De la recherche fondamentale à la recherche appliquée, le cyclotron a permis l’émergence et le développement de sociétés, telle IBA, spin-off de l’UCLouvain créée en 1986 et désormais leader mondial en technologie de protonthérapie, qui emploie plus de 1400 personnes dans le monde.

Et aujourd’hui ?  Les deux principales applications du cyclotron sont les tests de résistance aux radiations de matériaux et de composants électroniques ainsi que la production de membranes nano- et microporeuses.
La technologie utilisée au cyclotron permet par exemple de percer jusqu’à plusieurs milliards de trous sur un seul centimètre carré de membrane. Ces membranes ainsi traitées pourront dès lors être utilisées dans l’univers biomédical (filtration du sang, etc.) ou les biotechnologies.

Le cyclotron accueille également de nombreuses entreprises : « le Centre de Ressources du Cyclotron (CRC) est l’une des plus grandes plateformes technologiques de l’UCLouvain », indique Nancy Postiau, responsable du CRC. « Il dispose d’installations de tests aux faisceaux d'ions lourds, de protons, de neutrons et de rayons gammas permettant de caractériser la résistance aux rayonnements de composants électroniques ».

Outre la recherche, ces installations sont aussi utilisées par un large éventail d'utilisateurs actifs dans le domaine spatial, l'avionique et la physique des hautes énergies : l’Agence spatiale européenne (ESA), le CERN, des instituts nationaux de recherche (CNES, etc.) mais aussi des sociétés privées.

Les installations du CRC permettent également d’irradier par ions lourds des films de polymère et sont actuellement utilisées par des partenaires industriels tels que General Electric Healthcare, Sabeu et it4ip.
Et demain ? « L’expertise de notre cyclotron est reconnue au niveau international », souligne encore Nancy Postiau. « Nous devons toutefois rester concurrentiels et compétitifs en développant de nouveaux outils pour le secteur spatial et la radiobiologie », conclut-elle.

Publié le 13 octobre 2021