Le PET scan pour un meilleur traitement du lymphome de Hodgkin

Analyser la tumeur à l’aide d’un PET scan en cours de traitement, offre de meilleurs résultats dans la lutte contre le lymphome de Hodgkin, un cancer des globules blancs de type lymphocytes. Une technique étudiée et validée par l’équipe du Professeur Marc André, chef du service d’hématologie au CHU UCL Namur, site de Godinne.

Caractérisé par la présence de cellules anormales, appelées cellules de Reed-Sternberg, le lymphome de Hodgkin est un cancer des globules blancs de type lymphocytes. Il touche environ 4 personnes sur 100.000 et plus particulièrement les jeunes adultes et les personnes de plus de 60 ans. Si dans 80% des cas, le traitement classique offre de très bons résultats, il reste 20% des malades qui n’y répondent pas aussi favorablement qu’espéré. « Ces patients sont moins sensibles au traitement classique, une chimiothérapie appelée ABVD. Heureusement, il existe un second traitement, baptisé BEACOPP, plus intense qui peut pallier ce manque de sensibilité », explique le Pr Marc André. Mais comment savoir à qui administrer quel traitement ?

Éviter des effets secondaires inutiles

« On pourrait imaginer donner ce traitement plus efficace à tous les malades afin de s’assurer un taux de réussite proche de 100%. Toutefois, le traitement BEACOPP s’accompagne d’effets secondaires plus importants qu’on préfère éviter d’imposer à nos patients si ce n’est pas nécessaire. Ce traitement s’accompagne, par exemple, d’un risque plus important de troubles de la fertilité et d’infections. » Raison pour laquelle le Professeur et son équipe se sont mis en tête l’idée d’élaborer une technique d’identification des patients les moins réceptifs au traitement classique. Leur piste ? Se servir du PET scan en cours de traitement afin de tester la réponse au traitement de tous les patients. Ce procédé d'imagerie médicale a pour but d'étudier l'activité d'un organe. Le principe est d'injecter dans l'organisme un produit légèrement radioactif (isotope) sans danger pour l'organisme, puis, une heure après, de prendre des images de l'organe étudié.

Le PET scan, un outil facilement disponible

Avantage du PET scan : son utilisation est aisée puisqu’il est utilisé depuis de longues années dans le diagnostic des cancers et de plus en plus d’hôpitaux en disposent. Pas besoin donc de former les professionnels de santé qui analysent ces images, ils le font déjà tous les jours. En outre, il s’agit d’un très bon examen de référence pour évaluer le stade de la maladie avant et après le traitement. « Dans le cadre de cette étude internationale menée en collaboration avec des collègues Français, Italiens, Hollandais et Danois, nous avons eu recourt au PET scan pour analyser l’évolution de la tumeur après 2 cures de chimiothérapie ABVD.

  • Si la tumeur avait disparu, preuve que le patient répondait bien au traitement, il poursuivait le programme classique.
  • En revanche, si elle était toujours présente, les patients étaient divisés en deux groupes. Le premier groupe (standard) continuait la chimiothérapie ABV, le second groupe (expérimental) recevait la chimiothérapie BEACOPP. »

Lymphome pet scan

Un taux de rechute plus faible dans le groupe BEACOPP

La stratégie expérimentale s’est révélée payante puisque les patients résistants ayant bénéficié ensuite de la chimiothérapie BEACOPP présentaient un meilleur taux de survie sans rechute à cinq ans. « Et nos résultats sont particulièrement robustes puisque dans 80% des cas, les rechutes se produisent dans les deux premières années suivant la fin du traitement », s’enthousiasme Marc André qui insiste sur le rôle des patients dans cette découverte : « Sans eux, impossible de réaliser ce type d’étude et d’avancées médicales. Nous avons beaucoup de chance de pouvoir compter sur eux, très peu refusent de participer ».

Adapter les guidelines

Grâce à ces travaux, les standards de prise en charge du lymphome de Hodgkin devraient être revus sous peu. « Dorénavant, tout patient traité se verra prescrire un PET scan après les deux premières séances et la suite de son traitement sera réévalué sur base de ses résultats. Une adaptation qui peut être mise en place rapidement et facilement », conclut l’auteur de l’étude publiée dans Journal of Clinical Oncology.

Elise Dubuisson

Ces travaux ont été réalisés grâce au soutien financier des organismes suivants : European Organisation for Research and Treatment of Cancer (Belgium), LYmphoma Study Association (France), Fondazione Italiana Limfomi (Italy), Fondation Belge contre le Cancer (Belgium), Dutch Cancer Society (the Netherlands), Institut National du Cancer (France), Assistance Publique des Hopitaux de Paris (France), Societe Française de Medecine Nucleaire et Imagerie Moleculaire (France), Associazone Angela Serra (Italy), van Vlissingen Lymfoom Fonds (the Netherlands), et le Chugai Pharmaceutical (Japan). 

 

Coup d'oeil sur la bio de Marc André

1989 : Docteur en Médecine (UCL)
1994-1995 : Interne en hématologie, Institut Saint-Louis, Paris, France

1995 : Interniste UCL

1995-2011 : Service d’Hématologue, Grand Hôpital de Charleroi, Belgique

Depuis 2006 : membre du Conseil scientifique du LYSA (LYmphoma Study Association)

Depuis 2011 : Service d’Hématologie, CHU UCL Namur, site de Godinne, Belgique

Publié le 01 juin 2017