Le renoncement aux soins de santé pourrait perdurer

 

Une équipe de chercheurs et chercheuses de l’UCLouvain et de la KU Leuven a analysé le comportement des Belges vis-à-vis des soins de santé, durant la crise. Il apparaît des résultats de leur étude qu’un·e Belge sur deux a renoncé à des soins prévus avant la crise. Et que 40 % des Belges n’ont pas soigné un problème de santé intervenu durant le confinement.

En parallèle des efforts pour soigner et sauver des malades du Covid-19, les soignant·es se sont alarmé·es de la diminution significative de la fréquentation des services de santé et des annulations de rendez-vous médicaux durant le confinement. C’est ce qui a amené des chercheurs et chercheuses de l’UCLouvain (Sandy Tubeuf et Dominique Van Pee) et de la KU Leuven (Jeroen Luyten) a lancé une étude pour connaître les raisons de ce renoncement aux soins. 1 963 personnes ont répondu à l’enquête, majoritairement des femmes (74,2%), détentrices d’un diplôme de l’enseignement supérieur (80,3%) et d’un âge moyen de 48 ans.

Les chiffres sont interpellants. Une personne interrogée sur deux affirme avoir renoncé, en raison de la pandémie, à des soins de spécialistes pour des rendez-vous prévus avant le confinement. 1 personne sur 5 dit avoir renoncé à plusieurs rendez-vous.  38,7% ont renoncé à des soins dentaires, 33,6% à des soins paramédicaux (kinésithérapie, logopédie, pédicure, etc.) et 19% à des visites chez le généraliste. Enfin, 9 personnes sur 10 n’ont pas pu faire un examen médical (prise de sang, test de dépistage, imagerie médicale,…) prévu avant le confinement.

Les raisons invoquées ? Des rendez-vous annulés ou des cabinets fermés, bien sûr, mais aussi la peur d'attraper le coronavirus en allant se faire soigner (10,2%).

Autre constat : 38,6% des personnes sondées rapportent avoir eu au moins un nouveau problème de santé pour lequel ils et elles n’ont pas consulté alors que cela aurait été leur réflexe en temps normal. Ils et elles ont préféré attendre de voir l’évolution de leur problème. Parfois c’est leur médecin qui leur a demandé de ne pas venir.

15,8% des répondant·es pensent que le renoncement aux soins durant le confinement a détérioré leur état de santé « assez fortement » ou « très fortement » et parmi les personnes avec une maladie chronique cette proportion passe à 22.8% soit plus d’une personne sur cinq.

Et si un problème de santé apparaissait dans les semaines à venir, 34,8% des sondé·es consulteraient un·e médecin, mais 48,9% ne consulteraient que s'ils et elles jugent le problème de santé sévère. 10,1% ne consulteraient que par téléphone. Les 6.2% restant ne consulteraient pas du tout.

L’étude UCLouvain – KU Leuven indique donc qu’il y a une certaine crainte de la population à être contaminée en allant se faire soigner et que le renoncement à des consultations médicales et paramédicales dans le futur risque de perdurer. De plus, les professionnel·les de la santé vont voir venir en consultation des personnes avec un état de santé dégradé du fait de la crise sanitaire actuelle.

Publié le 05 juin 2020