LOCI Bruxelles en route pour Brussels2030

Bruxelles

Devenir Capitale européenne de la culture en 2030, c’est l’ambition de la Région bruxelloise. Pourtant, le projet Brussels2030 voit plus loin : après la pandémie, l’ambition est de mobiliser les Bruxellois·es de toutes origines autour d’un horizon urbain et culturel commun. Tour d’horizon des enjeux avec Jean-Philippe de Visscher, enseignant à LOCI Bruxelles.

Brussels2030 est une initiative de la Région de Bruxelles-Capitale qui souhaite déposer sa candidature comme Capitale européenne de la culture en 2030. Les porteurs du projet sont Jan Goossens et Hadja Labib. Du 4 au 8 juillet, la première Brussels2030 Summer Assembly a organisé des rencontres avec des orateurs inspirants, des laboratoires d’idées et des visites thématiques de la ville

Quel est selon vous l’enjeu n° 1 en Région bruxelloise ?

Jean-Philippe de Visscher : Telle que décrite dans le dernier rapport du GIEC, la crise climatique se décline en de multiples crises politiques, sanitaires, énergétiques, migratoires, économiques, sociales, etc.

Ces crises étant systémiques, l'enjeu est de basculer d'une logique d'action basée sur des solutions sectorielles partielles – par exemple : remplacer les voitures thermiques par des voitures électriques - vers une logique d'action visant à rendre l'ensemble du système sociotechnique moins vulnérable aux crises – si on prend le même exemple : expérimenter des modes de vies qui réduisent les besoins de déplacement, mieux répartir les fonctions dans le territoire, favoriser l'économie circulaire, etc.

Comment mettre cette vision en œuvre ?

Il faut rassembler les acteurs publics issus de différents secteurs et niveaux de pouvoir, mais aussi la société civile, les experts académiques, le secteur privé… Les objectifs et moyens à mettre en œuvre peuvent paraître flous, les résultats incertains et le contexte bruxellois rend la question particulièrement difficile : ‘lasagne institutionnelle’, fragmentation et concurrence entre universités, diversité socio-culturelle extrême, production extrême de richesse et de pauvreté dans le même territoire.

Face à cela, le plus efficace est de démarrer avec des projets complexes mais d'échelle réduite. Par exemple, réorganiser de façon temporaire une rue avec les habitants d'un quartier. De nombreuses initiatives de ce type ont émergé à Bruxelles, de telle sorte qu'il existe un réseau de professionnels capables d'accompagner leur développement et certaines administrations capables de les favoriser.

Toutefois, ces expériences ne permettent de répondre à des enjeux plus importants (par exemple, le réseau de gestion de l'eau, les réseaux alimentaires...). L'urgence est de permettre à ces expériences locales et systémiques de se déployer à grande échelle.

Quel rapport avec Brussels2030 ?

Ces questions étaient l'objet d’un des nombreux débats organisés par Brussels2030 début juillet auquel j'ai participé comme keynote speaker. Le GIEC insiste sur l'importance des actions qui seront menées durant la décennie à venir et c’est ce qui détermine l’agenda de Brussels2030.

Cela veut dire que la culture est centrale ?

La culture a un rôle fédérateur : elle vise à la fois à donner forme et visibilité à tous les types de cultures qui coexistent à Bruxelles, mais aussi à créer des ponts et favoriser le plaisir d'être ensemble. L’idée est de consolider un ‘terreau’ culturel favorable à ces pratiques de changement systémiques. D’autre part, Brussels2030 donne aux acteurs culturels les moyens de devenir des acteurs de la transformation urbaine. Une des grandes ambitions du projet est de rendre la culture présente dans les différents espaces de la ville et, en priorité, dans l'espace public.

Quel rôle pour les architectes et urbanistes (de LOCI) ?

L’ambition de Brussels2030 est de ‘spatialiser’ la culture, d'être présent dans l'espace public et c’est à ce volet que les architectes et les urbanistes peuvent contribuer. Le projet s’appuie sur des acteurs urbains et pas seulement des acteurs culturels. À ce titre, de nombreux chercheurs, enseignants, étudiants de LOCI sont impliqués dans diverses initiatives : expertise en termes de développement et gestion d'actions localisées mais transversales, multi-acteurs, multi-échelles et expérimentales.

Le Steenweg, futur grand axe piéton

Bruxelles canalDans le cadre de la première Brussels2030 Summer Assembly, Jean-Philippe de Visscher a conduit une marche visant à explorer les potentialités autour de 'Steenweg', l’axe reliant Molenbeek à Ixelles en passant par la Porte de Flandre, la Bourse, la Grand-Place, le Mont des arts, la place Royale, la Porte de Namur. Cette liaison symbolique, dont la Région veut faire un grand axe piéton, est le premier autour duquel Bruxelles s’est développée.
Cette marche a été suivie d’un workshop sur base d'une cartographie de tous les espaces accessibles aux publics - espaces publics, magasins, galeries, halls de musées, hall de gares, parkings, stations de métros… - réalisée en 2021 grâce à des bourses Louvain4cities et aux travaux de fin d’études d’étudiants réalisés sous la direction de Jean-Philippe de Visscher à LOCI Bruxelles. Comment faire de cet axe un espace fédérateur et symbolique de la culture bruxelloise ? Cette question était au cœur de réflexion sur les actions culturelles à mener pour y parvenir.

 

Publié le 12 juillet 2022