Vaccin Covid-19 : 1 Belge sur 5 hésite

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Les Belges ont-ils l’intention de se faire vacciner ? L’UCLouvain a mené l’enquête auprès d’un échantillon de 2 060 répondant·es. Résultat ? Le profil type du Belge désireux de se faire vacciner contre la covid-19 est un homme, néerlandophone, à la santé fragile et dont un proche au moins a été impacté par le virus. Autre observation : 1 Belge sur 5 est favorable à la vaccination, en général, mais hésite à être vacciné contre la Covid-19. Cette recherche est publiée par l’Institut de recherches économiques et sociales (IRES) de l’UCLouvain.

Alors que des vaccins efficaces contre la Covid-19 sont disponibles, les autorités font face à un défi majeur : obtenir des taux de vaccination qui seront suffisants pour atteindre l’immunité collective qui permettra de rompre la contagion du virus dans la population. Selon les derniers chiffres de Sciensano, 50 % de la population a l’intention de se faire vacciner, 33 % ne sont pas certains de le faire et 17 % n’en ont pas l’intention. Le défi est donc de convaincre un large nombre de personnes qui hésitent, à se faire vacciner.

Ces dernières années, les chercheurs ont observé un accroissement du nombre de personnes méfiantes par rapport à la vaccination, on les appelle les antivax. Cette résistance à la vaccination s’explique essentiellement par la désinformation sur les vaccins propagée sur internet mais aussi un sentiment de sécurité puisque les conséquences désastreuses des maladies infectieuses ont justement disparu grâce aux vaccins.

Pour pouvoir mettre en place une campagne de communication autour de la vaccination contre la Covid-19 qui a plus de chances d’être couronnée de succès, il importe de savoir quelles personnes dans la population ont l’intention de se faire vacciner et surtout d’identifier les personnes qui hésitent encore et celles qui refuseront la vaccination.

Sandy Tubeuf (UCLouvain), Jeroen Luyten (KU Leuven), professeurs en économie de la santé et Roselinde Kessels (Maastricht University), professeure en économétrie de la santé, ont interrogé un échantillon représentatif de 2 060 Belges (18-80 ans) sur leur intention d’être vacciné tout en collectant leurs opinions sur la vaccination en général et d’autres caractéristiques individuelles.

Le profil type du Belge désireux de se faire vacciner ? Un homme, néerlandophone, à risque à cause de sa santé, satisfait de la gestion de la crise sanitaire, et dont un proche a été hospitalisé à cause de la Covid-19. C’est le résultat d’une étude UCLouvain qui a interrogé un échantillon représentatif de 2 060 Belges sur leur intention de se faire vacciner quand un vaccin contre la Covid-19 sera disponible.

Concrètement, en termes de chiffres sur les intentions des Belges à recevoir le vaccin c/ la Covid-19 :

  • 1 Belge sur 5 est favorable à la vaccination en général mais hésite à être vaccinée contre la Covid-19. Il s’agit de femmes, jeunes, francophones, qui travaillent, qui n’appartiennent pas à un groupe à risques et qui sont plutôt insatisfaites de la gestion de la crise par le gouvernement,
  • 1 personne sur 3 (34 %) rapporte qu’elle se fera absolument vacciner,
  • 39 % qu’elles se feront probablement vacciner,
  • 18 % qu’elles ne se feront probablement pas vacciner,
  • 9 % qu’elles refuseront catégoriquement d’être vaccinées.

Quant à l’analyse des intentions ?

  • Les personnes qui sont satisfaites de la façon dont le gouvernement a géré la crise de la pandémie sont 3 fois plus favorables à être vaccinées que les personnes très insatisfaites du gouvernement
  • Les personnes de + de 45 ans sont davantage favorables à la vaccination et la probabilité de se faire vacciner augmente avec l’âge
  • Les néerlandophones sont 2,4X + nombreux à affirmer leur intention de se faire vacciner que les francophones
  • Les personnes qui connaissent quelqu’un qui a été hospitalisé à cause de la Covid-19 rapportent près de 2X + souvent qu’elles se feront vacciner
  • Les autres caractéristiques qui expliquent la probabilité de se faire vacciner sont le fait d’être un homme et d’être à risque de formes graves de Covid-19 à cause de sa santé. En revanche, le niveau d’éducation, le fait d’avoir des enfants ou d’exercer une profession essentielle n’est pas associé à la probabilité de se faire vacciner.

Méfiance à l’encontre du vaccin contre la Covid-19
L’hésitation vaccinale pour la Covid-19 est plus forte que pour les autres maladies infectieuses : alors que 90 % des enquêtés rapportent que la vaccination contre les maladies infectieuses est très utile ou plutôt utile, seulement 73 % rapportent qu’ils se feront absolument ou probablement vacciner contre la Covid-19 quand il y aura un vaccin.

C’est l’âge qui semble expliquer les plus grandes variations dans les intentions de se faire vacciner contre la Covid-19. Alors que la méfiance envers les vaccins en général est tout au plus de 12 % quelle que soit la tranche d’âge, 1 personne sur 3 entre 18 et 54 ans rapporte qu’elle ne se fera probablement pas vacciner alors que cela concerne 1 personne sur 5 entre 55 et 64 ans et 1 personne sur 10 chez les 65 ans et plus.

1 Belge sur 5, à priori pro-vaccin, ne souhaite pas se faire vacciner contre la Covid-19
Près d’une personne sur 5 (17 %), qui considère pourtant que la vaccination contre les maladies infectieuses est utile voire très utile, rapporte qu’elle n’a pas l’intention de se faire vacciner contre la Covid-19. Il s’agit de femmes, âgées de moins de 54 ans, qui sont francophones, avec une éducation moyenne à faible et qui sont en emploi. La plupart d’entre elles ne sont pas à risque du fait de leur santé (76 %) et n’ont pas connu dans leur entourage quelqu’un qui a été hospitalisé à cause de la Covid-19 (97 %). Alors que 59 % de la population se dit satisfaite de la façon dont le gouvernement a géré la crise de la pandémie, les personnes insatisfaites représentent 73 % dans ce sous-groupe.

Ces résultats démontrent que la Covid-19 n’est pas considérée comme n’importe quelle maladie infectieuse et que la population est moins favorable au vaccin contre la Covid-19 qu’aux autres vaccins.  Les stratégies de santé publique devront donc s'attaquer aux barrières dans l'adoption du vaccin Covid-19 au-delà de l'hésitation à la vaccination en général. Cela pourrait consister en des campagnes de communication efficaces sur la sécurité et l'efficacité des vaccins Covid-19 et qui ciblent les personnes les moins à risques de formes sévères de la Covid-19.

Etude : https://sites.uclouvain.be/econ/DP/IRES/2020035.pdf

Publié le 15 décembre 2020