C’est cette fois autour de la question de la constitution et de la mise en consultation de dossiers sensibles que se sont rassemblés archivistes, historiens, juristes, psychologues à l’occasion de la 18e Journée des Archives du 24 mai 2022.
La journée a été passionnante et très riche. Déjà, pouvoir se retrouver, en vrai, après les colloques "Zoom" et autres "Teams", et, ensemble, réfléchir, discuter, confronter nos pratiques et nos quotidiens a permis de renouer avec la tradition "JDA". Et ce d’autant plus que cette édition portait sur un thème commun à tous les centres d’archives, à savoir celui du dossier à « données sensibles », au contenu à la fois très contextuel, très personnel, et potentiellement douloureux.
L'accès au dossier personnel d'archives constitue en effet une étape essentielle pour nombre de personnes en quête d'information sur leur propre vie. Riche et fascinant pour le chercheur, le dossier d'archives revêt, lorsqu'il est consulté par les personnes qu'il concerne ou leurs descendants, une dimension identitaire forte, donnant un accès à leur propre histoire, celle de leur famille ou de leur communauté. Tant pour les usagers que pour les archivistes, cette démarche spécifique pose toutefois de multiples questions et défis en termes de politique de conservation, de communicabilité des dossiers, mais aussi de gestion des émotions. Comment concilier droit à la vie privée et droit à l’information, conjuguer le devoir de mémoire et le désir d’oubli de certains témoins ? Comment gérer une consultation dans nos salles de lecture sans formation spécifique du personnel ? Comment traduire le dédale des procédures, le vocabulaire des fonctionnaires en termes audibles par une personne en recherche de ses parents, de réponses par rapport à son passé ou cherchant réparation ? Comment intégrer et respecter le RGPD face à des demandes portant sur des fratries parfois à peine découvertes ? Comment aussi, travailler, sensibiliser, former pour que les archivistes de demain puissent accueillir dans de meilleures conditions ce public bien particulier et être à même de leur répondre d’une manière efficace, mais aussi sereine ?
Autant de questions évoquées et débattues lors des temps d’échange que l’on peut retrouver au sein des contributions rassemblées dans le volume des Actes disponible aux Presses universitaires de Louvain.