Le monde du travail change et évolue - zoom sur 3 évolutions.

Pour les 70 ans de l'école des Sciences du travail, 3 tables rondes ont été organisées pour discuter de réorientation (sens au travail) - impact du numérique - relations au travail. Compte-rendu ...

Le 19 mai dernier a eu lieu le colloque anniversaire des 70 ans de l’École des Sciences du Travail.
Le thème choisi était résolument orienté vers l’avenir : « La personne au cœur du travail numérique ».
Fidèle à sa tradition, l’EST a voulu éclairer ce thème au départ de différentes disciplines : philosophie, santé, psychologie, GRH, droit, sociologie et même l’art !

L’@lumnIST, l’association des diplômés de l’EST, était étroitement associée à l’évènement et a eu pour mission de croiser les regards des professionnels avec ceux des académiques présents via l’organisation de trois tables rondes préalables

 

1) La première portait sur les métiers à l’œuvre. Quatre éléments sont revenus dans les témoignages des intervenants qui avaient complètement changé leur parcours professionnel suite à une profonde remise en question :

  • La quête de sens : besoin comprendre la valeur ajoutée de son travail, la réelle utilité pour la Société et son impact positif par rapport aux enjeux majeurs (écologiques, sociaux…)
  • L’importance de l’adéquation entre ses valeurs personnelles et celles de l’organisation
  • La nécessité de voir rapidement le résultat concret de son travail
  • La recherche d’autonomie pour s’organiser plus librement, prendre des décisions rapides et se sentir responsable de ses choix.

2) La seconde a exploré l’impact du numérique sur les communautés et leur management. Les intervenants ont surtout mis en évidence :

  • Qu’il existe des alternatives managériales qui peuvent répondre à l’évolution des aspirations des salariés. Prenons pour exemples le Management Humain prôné par Laurent Taskin de la LSM ou la gouvernance collaborative qui s’inspire de l’holacratie (cf. le modèle Opale de Frédéric Laloux dans « Reinventing Organizations). Mais au-delà du modèle organisationnel, c’est bien le style de leadership qui doit évoluer : sur base d’une vision inspirante, mobiliser les énergies individuelles vers un projet partagé avec un maximum d’authenticité tout en favorisant la cohésion du collectif et une culture de la confiance.
     
  • Que le travail hybride, s’il est géré intelligemment, peut tirer profit du meilleur des deux mondes (travail au bureau et télétravail). L’important ici est de permettre à chacun de choisir son mode préférentiel tout en organisant la présence collective (pourquoi venir au bureau ?) et en préservant les contacts informels.

3) La troisième table rond s’est focalisée sur le futur des relations collectives, à l’heure des plateformes numériques et des travailleurs freelances. Quelques points en particulier sont ressortis :

  • Les algorithmes utilisés par ces plateformes, mais aussi de plus en plus en gestion des ressources humaines, posent la question du respect de la vie privée et leur nécessaire transparence afin d’éviter l’arbitraire et les discriminations.
  • Le nombre de freelances est en nette augmentation. Répondant au départ au besoin de flexibilité des organisations, ce sont les travailleurs qui aujourd’hui privilégient ce statut. Ils y recherchent plus d’autonomie dans l’organisation de leur travail mais revendiquent aussi de pouvoir choisir leurs missions et sociétés sur base d’un projet plus que d’un emploi à long terme.
  • Notre droit du travail et le dialogue social doivent aussi évoluer pour englober ces nouveaux travailleurs autonomes non couverts par le statut de salarié et ce afin de leur assurer une meilleure protection et représentation.

Une conclusion s’est imposée en clôture du colloque : la technologie doit être au service de l’humain, tout comme l’économie doit être au service de la vie. Plus que jamais nous devons remettre l’humain au centre de nos préoccupations, de nos systèmes et de nos ambitions.

Publié le 17 juin 2022