Découvrez les nouveaux noms attribués à l’occasion de la journée internationale des droits des femmes le 8 mars 2023.
Dans le cadre de sa politique de genre et d’inclusion, l’UCLouvain s’est dotée d’une charte pour féminiser les noms des espaces universitaires et les rendre plus inclusifs. Le coup d’envoi de cette politique est marqué par les nouveaux noms attribués à une dizaine de bâtiments, Learning Centers, salles et auditoires sur les différents campus de l’UCLouvain.
Ces nouveaux noms marquent le début du travail du groupe consultatif de dénomination qui, sous la présidence de la Prof. Sylvie Sarolea, poursuivra la féminisation des espaces universitaires dans l’ensemble des sites de l’UCLouvain selon les principes de la charte approuvée par le conseil rectoral le 8 février 2023.
La charte de « Politique de dénomination des espaces universitaires » vise à définir comment un bâtiment, un auditoire ou un autre espace universitaire peut être nommé (pour une nouvelle construction) ou renommé (en cas de rénovation, de changement de fonction ou par initiative politique). Cette charte veut à la fois soutenir la transparence des processus décisionnels et leur efficacité.
La charte établi également plusieurs principes généraux qui guident les décisions relatives à la dénomination. Ainsi, les noms choisis pour les espaces universitaires doivent :
- Renforcer l’image de marque de l’UCLouvain et promouvoir ses valeurs
- Célébrer la diversité et l’inclusivité
- Rendre plus visibles les groupes sous-représentés dans l’espace universitaire, en particulier les femmes
- Fournir des modèles et sources d’inspiration pour l’ensemble de la communauté universitaire et pour toute personne qui circule sur les campus
- Concerner une personne qui n’est plus en vie, afin d’assurer la prise de recul nécessaire
En outre, les dénominations doivent respecter un ensemble de balises telles que :
- Éviter de nommer un lieu d’après sa fonction (par ex. bibliothèque des sciences), afin de ne pas devoir le renommer lorsqu’il change de fonction
- Éviter de nommer un bâtiment de la même manière que la place ou la rue où il se trouve (ex. auditoires Agora) afin de faciliter l’orientation des personnes sur les campus
- Éviter de réserver les noms de femmes aux bâtiments périphériques ou moins importants, ou les bâtiments consacrés à des fonctions parfois associées aux femmes de manière stéréotypée (ex. bâtiments de logement, de soins…)
Explications des objectifs UCLouvain avec le recteur et la présidente de l’AGL
Découvrez les nouveaux noms
Le bâtiment Alice Guy (MIIL & IAD - Chemin des Sages, Louvain-la-Neuve) abrite la plateforme technologique MIIL et des locaux de l’IAD.
Alice Guy (Saint Mandé, 1873 – Wayne, 1968) est une cinéaste, réalisatrice et productrice française. Employée de bureau chez Gaumont, elle prend la caméra en 1896 et devient, avec La fée aux choux (1896), la première réalisatrice de cinéma. Elle convainc Gaumont de se lancer dans la production cinématographique, dont elle assure la direction. Elle émigre aux États-Unis en 1907, où elle et son mari fondent plusieurs studios de cinéma à succès.
De retour en France après son divorce, elle se rend compte que son œuvre a été oubliée ou attribuée à d’autres. Elle a pourtant réalisé, supervisé ou produit plus de 1.000 films. Ses idées, comme celle d’utiliser le film comme dispositif narratif, sont particulièrement novatrices, de même que ses sujets. On lui doit ainsi La vie du Christ, considéré comme le premier péplum, ou encore le premier making-of de l’histoire du cinéma.
Le Learning Center Andrée De Jongh (place Montesquieu, Louvain-la-Neuve)
Andrée De Jongh (Schaerbeek, 1916 – Woluwe-Saint-Lambert, 2007) est une infirmière et résistante belge. Elle est la cofondatrice, en 1941, du réseau d’évasion Comète qui organisera l'évacuation de plusieurs centaines de soldats alliés (surtout des aviateurs) et volontaires de guerre vers l’Angleterre. Arrêtée en 1943, elle est transférée dans plusieurs prisons puis déportée en Allemagne, dans les camps de concentration de Ravensbrück et Mauthausen, où elle est libérée en 1945.
Après la guerre, elle suit des études d’infirmière pour se consacrer de 1954 à 1981 aux soins des lépreux au Congo, au Cameroun, en Ethiopie et au Sénégal.
Elle a reçu le titre de docteur honoris causa de l’Université catholique de Louvain en 1988, lors d’une cérémonie placée sous le signe du 40e anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l’homme
La salle d’animation étudiante Hannah Arendt (bâtiment de l’AGL, Louvain-la-Neuve).
Hannah Arendt (Hanovre, 1906 – New York, 1975) est une politologue et philosophe allemande, naturalisée américaine. Issue d’une famille juive laïque, elle est contrainte à l’exil en France en 1933, puis gagne les États-Unis en 1941. Au lendemain de la guerre, elle développe une réflexion politique originale et féconde, notamment dans son ouvrage Les origines du totalitarisme, où elle cherche à comprendre ce qui a rendu possible l’antisémitisme, l’impérialisme et le totalitarisme.
En 1961, elle assiste pour le New Yorker au procès du criminel de guerre Eichmann et publie Eichmann à Jérusalem, où elle met en évidence le concept de « banalisation du mal », source de vifs débats et polémiques. Naturalisée américaine en 1950, elle entame une carrière universitaire durant laquelle elle tient à préserver son indépendance. Jusqu’à sa mort en 1975, elle est conférencière et professeure invitée dans de nombreuses universités.
Le Learning Center Christine de Pizan (en construction, place Cardinal Mercier, Louvain-la-Neuve)
Christine de Pizan (Venise, 1364 - Poissy, vers 1430) est considérée comme la première femme de lettres à avoir vécu de sa plume. Bien qu'Italienne de naissance et arrivée à Paris à l'âge de quatre ans, elle est une des plus grandes voix de la littérature française de la fin du Moyen Âge.
Au service des grands princes et serviteurs de l'État de l'époque, dont le duc de Berry et le duc de Bourgogne, elle compose des œuvres aux formes et aux inspirations diverses (poésies amoureuses, manuels didactiques, ouvrages de réflexion politique, traités savants, biographies et autobiographies). La plupart sont traversées par un engagement civique (comme son poème célébrant Jeanne d'Arc) et des considérations ‘féministes’ (p.ex. la Cité des dames).
Soucieuse de contrôler la circulation de ses textes, elle supervise la production des manuscrits de diffusion de ses œuvres au sein d'un petit "atelier", allant jusqu'à les copier et les corriger de sa main. Plus d'une cinquantaine de ses manuscrits autographes (donc écrits de sa main) ou originaux (écrits de la main des copistes qui travaillaient sous sa direction) ont été conservés aujourd'hui et font l'objet d'une attention minutieuse des chercheurs (dont ceux de l'UCLouvain). Plusieurs d'entre eux sont actuellement conservés à la KBR et peuvent être admirés au KBR museum de Bruxelles.
Le bâtiment Frances Allen (Anciennement Data Center, Avenue Théodore Schwann, Louvain-la-Neuve) abrite un Data Center
Frances Allen (Peru, 1932 – Schenectady, 2020) est une informaticienne américaine spécialisée dans les questions liées à la compilation. Après ses études universitaires en mathématiques, elle débute sa carrière comme enseignante à Peru, mais est très vite engagée par IBM en 1957, où elle restera en poste jusqu'à sa retraite en 2002. Elle a notamment assuré la présidence de l'IBM Academy of Technology.
Ses recherches, qui ont porté sur les compilateurs, l’optimisation de code et le calcul parallèle, ont fait l’objet de multiples récompenses, dont le Turing Award en 2006.
Elle a développé des technologies qui sont aujourd’hui utilisées dans les compilateurs modernes ainsi que dans les smartphones. Elle a collaboré avec plusieurs universités américaines et a rejoint de nombreuses associations et sociétés savantes. Elle est aussi connue pour son engagement dans la promotion de la place des femmes dans l’informatique.
Le Learning Center Isala Van Diest (Bruxelles-Woluwe)
Isala Van Diest (Louvain, 1842 – Knokke, 1916) est la première femme à avoir exercé la médecine en Belgique. Issue d’une famille à l’esprit ouvert, elle suit, à Berne, un enseignement secondaire préparant les jeunes femmes à l'université. Mais de retour en 1873 en Belgique, l'Université catholique de Louvain lui refuse l'inscription en médecine. Elle rejoint alors la Faculté de médecine de Berne, dont elle est diplômée en médecine et accouchements en 1879. Exerçant d'abord en Angleterre, elle s'inscrit ensuite à l'Université libre de Bruxelles où elle obtient un doctorat en médecine, chirurgie et obstétrique en 1883.
Elle est autorisée à exercer la médecine en Belgique par arrêté royal du 24 novembre 1884 : elle est la première femme belge à conquérir officiellement ce droit. Elle ouvre un cabinet dans la capitale et se spécialise dans les soins aux enfants et aux femmes, et plus particulièrement celles atteintes de syphilis. Sa clientèle privée reste rare. Féministe, elle adhère à la Ligue belge du droit des femmes dès sa création et s’engage dans la lutte contre la traite internationale des femmes et la prostitution réglementée.
L’auditoire Jeanne Van Celst (LOCI Bruxelles-Saint-Gilles)
Jeanne Van Celst (Saint-Gilles, 1889 -? ) est une des premières femmes belges à s’imposer dans le milieu de l’architecture, bien qu’elle ne soit pas diplômée d’architecture. Le titre n’étant pas protégé, elle devient en 1925 la première femme à intégrer la Société centrale d'architecture de Belgique (SCAB). Elle travaille principalement en couple avec son mari, Charles Emonts, présentant notamment un projet au prestigieux concours international pour le Palais de la Société de la Nation à Genève en 1927. En 1930, le couple participe à une exposition au Cercle artistique et littéraire de Bruxelles.
Ses réalisations se situent en région louviéroise (ancienne piscine, hôtel de ville, théâtre...), où elle réside de 1923 à 1944, et en région bruxelloise. Sa vie comme son œuvre demeurent assez peu documentées aujourd’hui, ce qui fait d’elle un exemple de l’invisibilisation des femmes dans les métiers de l’architecture.
La salle d’animation étudiante Joanne Simpson (Place des Sciences, Louvain-la-Neuve)
Joanne Simpson (Boston, 1923 – Washington, 2010), née Gerould, est connue pour ses recherches en météorologie tropicale. Diplômée de l’université de Chicago en 1945, elle souhaite poursuivre ses activités de recherche, mais essuie plusieurs refus. Elle parvient finalement à convaincre Herbert Riehl de superviser son étude sur les nuages et devient, en 1949, la première femme à décrocher un doctorat en météorologie aux Etats-Unis.
Après avoir enseigné et réalisé des recherches dans plusieurs universités américaines, elle rejoint le centre spatial Goddard de la Nasa, où elle dirige les recherches consacrées aux orages violents. Joanne Simpson est l’auteure de travaux fondamentaux sur le comportement des nuages, les cyclones tropicaux et la modification du temps. Elle a dirigé la Tropical Rainfall Measuring Mission, visant à mettre en orbite un satellite dédié à l’étude des précipitations tropicales.
Le nouveau bâtiment Michaelina Wautier (Mons)
Michaelina Wautier (Mons, 1604 – Bruxelles, 1689) est une artiste peintre. Issue d’une famille aisée, elle entame sa carrière à Bruxelles en 1645 où elle partage un atelier avec son frère. Elle semble influencée par les styles de Rubens et Van Dyck, mais on connaît peu de détails sur les liens qu'elle entretenait avec le milieu artistique de son époque.
Peintre éclectique, elle réalise des tableaux monumentaux ou petits, colorés ou monochromes, raffinés ou peints à grands coups de pinceaux. Les sujets sont variés, ce qui en fait un cas unique dans la peinture féminine du 17e siècle : religion, histoire, mythologie, portraits, nature morte, bouquets, scènes de genre. Elle possède un sens poussé du réalisme, apporte un grand soin aux détails, et réalise des visages expressifs. Outre quelques très beaux portraits, dont le sien, son chef d'œuvre est sans doute le monumental Triomphe de Bacchus, qui témoigne notamment de sa connaissance de l’anatomie masculine.
Elle décède à Bruxelles en 1689. Ayant connu le succès de son vivant, elle tombe ensuite dans un certain oubli, ses tableaux étant souvent attribués à son frère, jusqu’à la redécouverte récente de son œuvre.
La salle d’animation étudiante Rosa Luxemburg (bâtiment de l’AGL, Louvain-la-Neuve)
Rosa Luxemburg (Zamość, 1871 – Berlin, 1919) est une militante socialiste et communiste allemande d’origine polonaise, théoricienne marxiste. Après ses études à l’Université de Zurich où elle obtient un doctorat en économie politique en 1897, elle se rend à Berlin où elle rejoint le parti social-démocrate (SPD) et s’investit dans l’aile gauche de l’Internationale socialiste. Ses prises de position révolutionnaires lui coûteront plusieurs séjours en prison au début du siècle.
Partisane de l’Internationalisme, elle s’oppose fermement à la guerre, appelant les ouvriers allemands à ne pas prendre les armes contre des ouvriers d’autres nationalités, discours qui entraine une nouvelle peine de prison, qu’elle purge à partir de 1915. Elle cofonde la Ligue spartakiste et, après sa libération en 1918, le Parti communiste allemand dont elle rédige le programme. Elle est arrêtée et assassinée par des militaires peu de temps après, pendant la Révolution allemande, lors de la répression en janvier 1919 de la Révolte spartakiste de Berlin.
Le Grand Auditoire Simone Guillissen-Hoa (LOCI-Tournai)
Simone Guillissen-Hoa (Pékin, 1916 – Uccle, 1996) est une architecte, parmi les premières femmes en Belgique à avoir remporté des concours publics et participé à des projets d’envergure.
Elle fait ses études d’architecture à l’Institut supérieur des arts décoratifs de La Cambre, puis poursuit sa formation à Zurich. Elle participe au renouveau de l’architecture belge après 1947, qui s’attache (ré)inventer un langage s'inspirant tant de la tradition nationale que du modernisme international.
Son œuvre, qualifiée de “modernisme ludique”, comporte des habitations privées en Wallonie, en France ou en région bruxelloise, mais aussi des réalisations publiques, dont le stade de Jambes couplé à une colonie de vacances, ou encore la maison de la culture de Tournai.
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