Un renfort à l'action des antibiotiques

LOUVAINS

Lutter contre Pseudomonas aeruginosa : l’UCLouvain découvre une molécule qui augmente l’effi cacité de plusieurs antibiotiques.

Pseudomonas aeruginosa. Cette bactérie, responsable de nombreuses infections nosocomiales, colonise les patients fragilisés, en particulier aux soins intensifs, tout en résistant à plusieurs antibiotiques. En cause, notamment ? La faible perméabilité de sa membrane externe mais aussi la capacité de la bactérie à rejeter tous les composés qu’elle considère comme toxiques (c’est le mécanisme appelé ‘pompes d’efflux’ qui concerne ici plusieurs antibiotiques).

Une équipe du laboratoire du Louvain Drug Research Institute de l’UCLouvain (Pharmacologie cellulaire et moléculaire) conduite par la Pre Françoise Van Bambeke, a eu l’idée d’appliquer une stratégie à large échelle en analysant l’expression de l’ensemble des gènes de la bactérie, grâce à la ‘transcriptomique’*. Cette méthode, aujourd’hui plus accessible et effi cace grâce à des bases de données plus fournies, a permis de mettre au jour la double action d’un composé synthétisé au laboratoire Membranes et cibles thérapeutiques de l’INSERM à l’Université d’Aix-Marseille, dont le nom de code est NV716.

Moins virulente

Tout d’abord, le NV716 agit comme un potentialisateur puissant de l’antibiotique : en augmentant la perméabilité de la membrane externe de Pseudomonas aeruginosa, il permet une accumulation accrue de l’antibiotique au sein de la bactérie. Il améliore aussi leur pénétration dans les biofi lms qui protègent les bactéries.

Deuxième découverte, étonnante – car il est rare qu’une molécule ait plusieurs actions –, cet adjuvant bloque aussi la virulence de la bactérie. Celle-ci se retrouve donc à la fois désarmée, mais aussi moins offensive. Cette stratégie anti-virulence est d’ailleurs un axe de travail que les chercheurs empruntent de plus en plus, dans l’espoir que les défenses immunitaires du patient prennent le relais pour éliminer les bactéries, même en l’absence d’antibiotique.

Si les scientifiques doivent encore aller plus loin dans la compréhension du mécanisme d’action de l’adjuvant NV716, son profi l d’activité prometteur encourage la poursuite des recherches sur des modèles d’infection in vivo. D.H.

> uclouvain.be/molecule-accroit-action-antibiotiques

Photo : Pre Françoise Van Bambeke, 3e à partir de la gauche. Découvrez toute l'équipe via le lien ci-dessus.

* Transcriptomique : étude de l'ensemble des ARN messagers produits lors du processus de transcription d'un génome.

 

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