1 Belge sur 3 comprend mal les informations concernant sa santé

Communiqué de presse - Recherche UCLouvain

En bref :

  • 35% des Belges trouvent difficile d’obtenir, de comprendre et d’utiliser les informations liées à leur santé ; 10% estiment que leurs compétences sont insuffisantes
  • Ces résultats sont issus d’une enquête menée dans 17 pays européens. Objectif principal ? Evaluer et comparer les niveaux de compétences en santé des populations
  • « Les Belges, après les Allemands, ont la perception de difficulté la plus forte parmi les pays sondés dans l’enquête », résume Stephan Van den Broucke, chercheur UCLouvain ayant coordonné le volet belge de l’enquête
  • Comment améliorer les compétences en santé des Belges ? En éduquant mieux les citoyen·nes en matière de santé ; en apprenant au personnel soignant à adapter sa communication ; en encourageant les organisations de santé (hôpitaux, mutualités, …) à développer des politiques organisationnelles qui prennent en compte les faibles compétences en santé

Contact(s) presse :    
Stephan Van den Broucke, professeur et vice-doyen de la faculté de psychologie et des sciences de l'éducation de l’UCLouvain : 010 47 90 46, gsm sur demande (s’exprime en français et en néerlandais)

Les résultats d’une vaste enquête européenne menée auprès de citoyen·nes issu·es de 17 pays sont dévoilés ce lundi lors d’un webinaire organisé par le bureau régional pour l’Europe de l’organisation mondiale de la santé (OMS). Cette étude avait pour objectif principal d’évaluer et de comparer les niveaux de compétences en santé des populations.
Le volet belge de cette enquête a été coordonné par Stephan Van den Broucke, professeur à la faculté de psychologie de l’UCLouvain. « Les compétences en santé (ou « littératie en santé »), c’est la capacité qu’a un·e citoyen·ne d’obtenir, de comprendre, d’évaluer et d’appliquer des informations sur sa santé », résume Stephan Van den Broucke.

Principaux enseignements

  • Une large minorité des Belges (35%) déclarent avoir de la difficulté à obtenir, comprendre et juger les informations concernant leur santé. 10% des Belges estiment que leurs compétences sont insuffisantes. Ces résultats confirment ceux enregistrés lors d’enquêtes précédentes.
  • Les évaluations qu’ont faites les répondant·es belges placent notre pays à l’arrière du peloton. « Après les Allemands, les Belges ont la perception de difficulté la plus forte parmi les pays sondés », résume Stephan Van den Broucke.
  • Points positifs : les Belges comprennent relativement bien ce que leur dit le personnel soignant ; ils·elles rencontrent également moins de problèmes pour trouver de l’information sur un style de vie sain.
  • Points négatifs : les répondant·es belges trouvent difficile d’utiliser les informations émanant des médias pour savoir comment se protéger contre des maladies ; ils·elles rencontrent également des difficultés lorsqu’il leur faut comparer les avantages et désavantages de différents traitements médicaux.

« En matière de santé, il n’y a pas un manque d’information ; au contraire, il y en a trop !, analyse Stephan Van den Broucke. Le véritable défi n’est donc pas de trouver l’information mais bien de tracer son chemin dans une montagne d’informations, parfois fausses, parfois floues, et de parvenir à faire le tri. » Car en 2021, rappelle le professeur de l’UCLouvain, les informations ne viennent plus uniquement des professionnel·les de la santé mais également des médias, des réseaux sociaux, des gouvernements, des lobbies, …

Cette enquête européenne est appelée à devenir répétitive. Et pour que la Belgique enregistre de meilleurs résultats lors des prochains exercices, il faudra « continuer à éduquer à la santé, en insistant notamment auprès des personnes vulnérables, comme les migrants ou les personnes âgées », note Stephan Van den Broucke. Il faudra également, au sein des universités, « apprendre au personnel soignant à utiliser un langage plus simple, sans jargon ». Le professeur UCLouvain estime, enfin, que les organisations de santé (hôpitaux, institutions, mutualités…) devront développer des politiques et des outils qui faciliteront la transmission, la compréhension et l’utilisation des informations en matière de santé.

Parmi ces différents acteurs, les Mutualités Libres ont bien saisi toute l’importance d’améliorer les compétences en santé des citoyen·nes. En plus de financer le volet belge de l’enquête, elles se sont impliquées en rédigeant certaines questions spécifiques à la Belgique et ont participé à l'interprétation des données belges.
« En tant que mutualités libres, nous souhaitons stimuler la littératie en santé, parce qu’elle peut représenter une menace sérieuse pour la santé publique et qu’elle contribue aussi aux inégalités en santé, indique Xavier Brenez, directeur général des Mutualités Libres. Il est donc important de disposer de chiffres pour identifier les besoins et développer des actions ciblées. C’est pourquoi les Mutualités Libres ont soutenu cette enquête afin de pouvoir disposer de chiffres pour la Belgique. »

Méthodologie

  • Chaque pays participant à l’enquête devait proposer des questionnaires obligatoires portant sur les compétences en santé. Il pouvait ensuite choisir d’ajouter d’autres chapitres (par exemple, sur les informations digitales ou sur la vaccination). Il pouvait, enfin, inclure des questions qui lui seraient propres et qui concernaient, par exemple, l’organisation de son système de santé.
  • Les questionnaires ont été envoyés en 2019, à l’aube de la pandémie. Ils ont donc été remplis soit avant, soit pendant celle-ci.
  • Pour le volet belge de l’enquête, 1 000 citoyen·nes, âgé·es de 18 ans et plus, se sont exprimé·es ; leurs questionnaires ont été transmis et remplis en ligne.

Publié le 08 novembre 2021