Défiance exacerbée des Belges face aux médias et expert·es

défiance

Communiqué de presse - Recherche UCLouvain

En bref :

  • Près de 30 % des Belges francophones a perdu confiance dans les médias traditionnels pour s’informer sur le coronavirus et se méfie des discours des expert·es scientifiques et des politiques
  • Les plus sceptiques ? Celles et ceux qui s’informent via les réseaux sociaux : ils sont les plus hésitants à se faire vacciner et les plus vulnérables face aux théories conspirationnistes
  • Autre constat ? La déferlante d’infos liée au covid-19 a exacerbé la vulnérabilité informationnelle d’une partie de la population, compliquant ainsi la tâche des autorités dans leur gestion de la crise

La recherche : https://sites.uclouvain.be/orm/2021/06/03/infodemie-et-vulnerabilite-informationnelle-liee-au-covid-19-en-belgique-francophone-second-rapport-du-projet-covicom/

Contact(s) presse :    
Grégoire Lits, professeur de communication à l’UCLouvain, chercheur à l’Institut Langage et Communication : gsm sur demande, gregoire.lits@uclouvain.be

L’infodémie est un flux massif d’informations (vraies ou fausses) sur le covid-19 diffusées très rapidement, notamment via les réseaux sociaux, et qui sont parfois difficiles à gérer pour les individus. Avec son équipe, Grégoire Lits, chercheur UCLouvain, a étudié l’évolution de ce phénomène en Belgique francophone sur une année complète (mai 2020-mars 2021).

Le constat ? L’infodémie a augmenté et les pratiques d’information des belges francophones ont évolué au cours de la crise. 28,9 % des répondant·es expriment aujourd’hui leur incapacité à s’informer correctement. Ce chiffre s’élevait à 12,64 % au début de la pandémie. Par ailleurs, le niveau de confiance dans les médias traditionnels a fortement diminué. Une défiance qui touche également les expert·es scientifiques et les politiques.

Autre observation ? En 1 an, les Belges se sont davantage tournés vers les RS pour s’informer, avec le danger de voir circuler de fausses informations et des théories complotistes.
Les individus les plus à risque de mésinformation ? Les scientifiques UCLouvain identifient 4 profils de vulnérabilité :

  • la faible vulnérabilité,
  • la vulnérabilité intermédiaire caractérisée par le fait d’éviter de s’informer,
  • la « boulimie infodémique » (personnes qui n’ont pas confiance dans les médias traditionnels mais qui s’informent beaucoup via des sources différentes)
  • la forte vulnérabilité (personnes qui s’informent peu via les médias traditionnels dans lesquels elles n’ont pas confiance et consultent principalement les réseaux sociaux).

Les individus qui appartiennent à ces deux derniers groupes sont les plus susceptibles d’hésiter à se faire vacciner et de croire en des théories conspirationnistes. Le nombre d’hésitant·es à la vaccination a également augmenté au fil de la crise parmi les personnes qui s’informent via des groupes Facebook liés au sujet du covid-19. Selon les chercheurs, rechercher activement des informations concernant la crise sanitaire sur les RS peut être considéré comme une pratique à risque dans l’épidémie.

Comment communiquer efficacement vers ces publics afin d’augmenter les niveaux d’adhésion à la vaccination et lutter contre l’infodémie ? « Il semble important de développer des stratégies de communication ciblées pour chaque groupe », explique Grégoire Lits. « Privilégier par exemple le contact et l’interaction directe avec des professionnels de la santé et des proches ou publier sur des blogs des articles rédigés par des expert·es en épidémiologie ou virologie ». Diffuser des messages en dehors des médias traditionnels pourrait avoir un impact plus important auprès de celles et ceux qui ne font plus confiance aux sources d’information classiques et officielles.

Publié le 07 juin 2021