L'accent, effet de mode ou travers péjoratif ?

Le monde de la pub a de plus en plus souvent recours aux accents régionaux. Une tendance qui, selon Philippe Hambye (UCL), n'évite pas la stigmatisation de la personne qui parle avec un accent (niveau intellectuel plus bas).

Philippe Hambye étudie les accents régionaux au Centre de recherche VALIBEL (acronyme pour Variétés Linguistiques du français en Belgique). Valibel a pour objectif d'analyser les spécificités du français tel qu’on le pratique en Belgique. La vingtaine de chercheurs attachés au Centre ont pour domaine de recherche l’insécurité linguistique, la formation des accents, le français de référence ou encore la vitalité des régionalismes.

Dans ce cadre, Philippe Hambye s’intéresse aux représentations du français de Belgique véhiculées par les médias. Il a analysé les publicités radiophoniques et les émissions du paysage audiovisuel belge francophone mettant en scène les accents belges. Il a ainsi constaté qu’avoir un accent régional n’est plus honteux dans les médias. Les accents commencent même à être exploités comme un attribut positif, une marque qui rappelle l’identité locale et qui active une partie de notre conscience collective (permettant ainsi au téléspectateur de s’identifier). On retrouve ces manifestations régionales notamment dans la publicité ou dans les émissions culturelles à fort ancrage local (ex.: le Jeu des dictionnaires).

Un effet de mode qui, selon Philippe Hambye, n'empêche pas de continuer à stigmatiser le français de Belgique : notre langue continue ainsi à être représentée à travers des caricatures, et donc à être associée à l’image d’un parler très distinct du français standard. La présence de ces accents dans les médias ne supprime donc pas leur caractère illégitime, hors norme, puisqu’au fond, ce n’est que parce qu’ils sont un peu illégitimes et exotiques que ces accents peuvent produire un effet particulier.

 

Publié le 09 février 2010