Quel deuil à l'ère du covid ?

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En bref :

  • Depuis mars 2020, 1 Belge sur 10 a vécu ou vit encore un deuil. Le fait de perdre un proche sans avoir pu l’accompagner ou sans pouvoir se réunir pour un dernier adieu, est une situation unique dont les effets sur le deuil sont encore méconnus
  • L’objectif de cette étude est d’analyser l’impact de la pandémie sur le deuil et sur l’évolution des rites funéraires
  • Quel public ? L’étude (questionnaire) vise des personnes ayant perdu un·e proche (pas spécialement du covid) depuis mars 2020

Etude : https://www.uclouvain.be/etude-deuil

Contact(s) presse :    
Emmanuelle Zech, professeure à la Faculté de psychologie et des sciences de l'éducation de l'UCLouvain : 010 47 86 82, gsm sur demande, emmanuelle.zech@uclouvain.be
Camille Boever, boursière à l'Institut de recherche en sciences psychologiques de l'UCLouvain : gsm sur demande, camille.boever@uclouvain.be

La pandémie a bouleversé nos vies et notamment les rites funéraires. Depuis mars 2020, on estime que 16 % des Belges ont vécu et vivent encore un deuil, dans un contexte funéraire marqué par la modification, la limitation voire l’interdiction de certains rites, notamment collectifs. Le fait de perdre un proche sans avoir pu l’accompagner ou sans pouvoir se réunir pour un dernier adieu, est une situation unique dont les effets sur le deuil sont encore méconnus.

Selon Emmanuelle Zech, professeure à la Faculté de psychologie de l’UCLouvain et spécialiste des processus de deuil, « le deuil est un processus douloureux et naturel, très différent d’une personne à l’autre, accompagné par des rites funéraires pratiqués depuis 100 000 ans. On parle de deuil compliqué s’il persiste dans son intensité ou dans la durée. » Jusqu’à présent, aucune étude n’avait encore pu étudier la question du deuil, sans cette possibilité d’accompagnement, vu que la société n’avait jamais été confrontée à une telle restriction de rites funéraires.

7 universités (en Belgique (UCLouvain), France, Canada, Suisse, Espagne et Portugal) ont donc décidé de lancer une étude internationale multidisciplinaire (alliant psychologie, socio-anthropologie et sciences de la santé) afin d’analyser l’évolution des rites funéraires et leur impact sur le vécu des personnes endeuillées. « Cette étude internationale va permettre de déterminer si la restriction de rites a induit davantage de deuils dits compliqués » précisent Emmanuelle Zech et Camille Boever, doctorante à l’UCLouvain, en charge du volet belge de l’étude. « Ou si, a contrario, la pandémie a poussé les personnes endeuillées à davantage de résilience et créativité face à la perte d’un·e proche. »

L’objectif de l’étude ? Améliorer les connaissances scientifiques sur les processus de deuil et sur le rôle des rites funéraires, permettant ainsi une meilleure compréhension des besoins des personnes endeuillées. Et ainsi, permettre aux proches d’adapter leur soutien social, au personnel de soins de prévenir de potentielles complications et assurer des accompagnements appropriés. Les résultats de l’étude devront permettre aux autorités de prendre des décisions adaptées à la réalité de terrain.

Quel public ? L’étude vise des personnes ayant perdu un·e proche depuis mars 2020. La cause du décès ne doit pas spécialement être due au covid, vu que l’ensemble des personnes endeuillées ont été soumises aux mêmes restrictions.

Les premières données internationales montrent différents comportements alternatifs que les personnes endeuillées semblent mettre en place face aux restrictions des rites funéraires :

  • De nouveaux rites ont émergé, qu’ils soient numériques (cimetières virtuels, funérailles par visio-conférences, création de mémorial en ligne) ou plus intimes – certains rites existaient déjà mais leur utilisation a augmenté ;
  • Certains rites ont été postposés, mis en attente, le temps que l’assouplissement des mesures socio-sanitaires les rendent réalisables. Les effets de ces solutions alternatives sur le vécu de deuil ne sont pas encore connus et doivent faire l’objet d’études supplémentaires ;
  • Une étude canadienne a également montré une augmentation de 50% des diagnostics provisoires de deuils compliqués.

L’étude internationale à laquelle contribue l’UCLouvain permettra de confirmer ou infirmer ces premiers constats.

Publié le 05 février 2022