Rentrée académique 2015

Monsieur l’Archevêque, Messeigneurs,

Mesdames et Messieurs les ministres,

Monsieur le Chef de cabinet de Sa Majesté le Roi,

Excellences,

Messieurs les bourgmestres,

Très chers collègues recteurs,

Très chers collègues directeurs-présidents,

Mesdames et Messieurs,

Chers collègues, chères étudiantes, chers étudiants, chers diplômés, chers amis,

 

Merci à toutes et tous d’être avec nous pour cette ouverture de la nouvelle année académique. Votre présence est le signe de l’intérêt que vous portez à notre université. Elle témoigne aussi des liens qui nous unissent et rappelle les relations académiques, scientifiques, politiques, économiques, sociales et culturelles que l’Université catholique de Louvain développe avec ses nombreux partenaires.

Le conseil rectoral est particulièrement heureux de vous accueillir aujourd’hui. Nous souhaitons présenter les projets que notre communauté universitaire a élaboré lors de cette première année de mon mandat et que nous mettrons en œuvre au cours des prochaines années.

Avant de vous en présenter les axes principaux, je vous invite à vous lever et à observer une minute de silence en mémoire de celles et ceux qui nous ont quittés durant cette dernière année.

[VIDEO Défunts]

La force de notre université, ce sont les femmes et les hommes qui la constituent, et l’engagement permanent de tous les membres du personnel, enseignants, chercheurs, gestionnaires de dossiers, cliniciens, techniciens et employés administratifs.

Plusieurs membres du corps académique et scientifique sont admis à l’éméritat ou à la retraite cette année après s’être investis au sein de notre institution pendant parfois plus de 40 ans. Qu’ils soient ici publiquement remerciés pour leur engagement. Ils ont contribué à inspirer et à former des générations entières d’étudiants et de chercheurs.

  • à la faculté de droit et de criminologie : Marc Fallon, Francis Haumont, Yves Lejeune, Jacques Lenoble et Jean-Louis Renchon,

  • à la Faculté des sciences économiques, sociales, politiques et de communication : Daniel Bodson et Henri Sneessens,

  • à la Louvain School of Management : Marcel Gérard et Daniel Tyteca,

  • à la Faculté de philosophie, arts et lettres : Henri Bouillon, Paul Servais et Jean-Marie Yante,

  • à la Faculté de psychologie et des sciences de l’éducation : Ginette Herman,

  • à la Faculté de pharmacie et des sciences biomédicales : Patrick Couvreur,

  • à la Faculté des sciences de la motricité : Philippe Gérard,

  • à la Faculté de médecine et médecine dentaire : Michel Brecx, Christian Chatelain, Pierre Courtoy, Michel Lambert, Jean-Michel Lemagne, Hervé Reychler, Françoise Richard, Jean-Louis Scholtes, Christian Swine, Dominique Tennstedt, Jean-Paul Trigaux et Christian Vanzeveren,

  • au secteur des Sciences de la santé : Philippe Jones,

  • à la Faculté d’architecture, d’ingénierie architecturale, d’urbanisme : Jacques Claessens et Pierre Philippe,

  • à la Faculté des sciences : Jacques Charlier, Dominique Peeters, Bernard Tinant et Marie-Claire Van Dyck,

  • à la Faculté des bioingénieurs : Agathos Spyridon et Olivier Cogels.

Très chers collègues, notre université vous est infiniment reconnaissante. Merci à vous tous pour votre engagement et merci de faire vivre les valeurs de Louvain. Vous continuez bien sûr à faire pleinement partie de notre communauté universitaire.

[VIDEO 2014-2015]

Apaiser, dynamiser, s’impliquer. Il y a un an, à Bruxelles, j’ai ouvert la première rentrée académique de mon rectorat en m’inspirant de ces trois mots-clés qui ont structuré le programme sur base duquel la communauté universitaire m’a élu. Ces trois axes ont servi de fil conducteur à l’action de l’équipe rectorale durant cette première année.

Il s’agissait d’abord d’apaiser et d’amener davantage de sérénité dans les équipes de l’UCL confrontées depuis plusieurs années à des modifications de structures internes et externes. Avec les membres de mon équipe, nous avons rencontré chacun des services généraux de l’administration, nous avons fait le tour de chaque faculté, de chaque institut, nous avons eu des échanges avec les délégations étudiantes et de nombreux représentants du personnel. Nous avons souhaité également renforcer les liens avec nos partenaires : les universités francophones et néerlandophones, les acteurs de l’enseignement supérieur, l’ARES, l’Académie de Recherche et d’Enseignement Supérieur, et les représentants des milieux politiques, socio-économiques et culturels. Les contacts ont été multiples et ont permis d’établir un dialogue constructif et serein. Les rencontres avec l’ensemble du personnel ainsi qu’avec les entités ont été l’occasion de prendre la mesure des inquiétudes et des surcharges. Nous avons décidé d’y apporter des réponses concrètes, d’inciter chacun à redéfinir ses forces et ses priorités, en les intégrant dans un projet collectif, pour donner du sens à nos projets communs et pour nous fixer des perspectives dynamiques et stimulantes pour tous.

L’UCL s’est aussi largement investie dans ses relations avec le monde extérieur et avec ses alumnis que nous souhaitons voir plus nombreux en contact direct avec leur Alma Mater. En tant qu’universitaires, nous devons sans cesse nous interroger sur la finalité de notre activité. Comment pouvons nous mobiliser les savoirs de la communauté universitaire, de manière critique, pour explorer des solutions en vue de la construction d’un monde meilleur et plus durable ? L’UCL s’implique en matière de santé, dans des questions de société comme le développement durable ou la citoyenneté, dans les débats autour de la réforme de l’Etat ou des défis économiques liés à la crise grecque. Dans tous ces débats, Louvain veut apporter des expertises qui aident à construire un point de vue citoyen, à s’engager pour un monde plus juste, ce dont témoigneront nos prochains docteurs honoris causa, qui proposeront leur vision d’un monde idéal qui n’est pas qu’un rêve inaccessible mais qui peut devenir une réalité choisie.

L’actualité du drame des réfugiés force l’Europe à réfléchir, nous force tous à réfléchir. Il n’existe pas de solution facile et immédiate mais il n’y a pas de choix autre que d’accueillir sans réserve ces réfugiés. Notre rôle en tant qu’université est de rappeler les valeurs indispensables sur lesquelles toute initiative doit se baser : solidarité, respect des droits de l’homme, démocratie, humanité. « Nous vivons sous le même ciel mais nous n’avons pas tous le même horizon » disait Konrad Adenauer. Démunis du plus essentiel, les réfugiés rappellent à chacun d’entre nous l’épreuve de l’exil et la différence des horizons. L’UCL ne peut rester insensible et se doit de poursuivre la tradition d’accueil qui est la sienne, qui l’a nourrie et enrichie depuis plus de cinq siècles. Nombreux sont ceux qui m’ont lancé un appel. L’université doit y répondre, mais elle doit le faire là où se trouve le cœur de son métier : la formation et l’expertise dans des domaines précis (aide juridique, déconstruction des discours racistes, gestion des situations post-traumatiques). C’est pourquoi j’ai demandé au Prorecteur à l’enseignement de coordonner ces projets de soutien, en collaboration avec les associations qui interviennent en première ligne dans l’urgence. Des propositions d’actions seront diffusées dès cette semaine à toute notre communauté, membres du personnel et étudiants, et je sais que beaucoup d’entre nous s’investiront avec cœur dans cet accompagnement aux réfugiés. D’avance je vous remercie de nous aider à faire de Louvain ce lieu où nous partageons un même ciel mais aussi un même horizon.

Mobilisés par ces défis, nous plaçons l’année qui débute sous le triple signe de l’ouverture, de l’excellence et de l’engagement.

[VIDEO Louvain 2020]

L’élaboration d’un projet stratégique pour l’UCL était inscrite dans les priorités que j’ai présentées lors de la campagne électorale. Au fil de l’année académique, « Louvain 2020 » est passé du statut de projet du conseil rectoral à celui de projet de toute la communauté universitaire grâce à l’expertise des entités de l’université et à l’analyse de nombreux indicateurs. Le projet a été largement discuté, débattu, puis validé par le conseil académique et le conseil d’administration, et enfin diffusé à l’ensemble de l’université. Son objectif principal est de donner une ligne claire aux actions à entreprendre dans les prochaines années, en les inscrivant dans une vision stratégique cohérente et en les déployant de manière transparente pour la communauté universitaire. Nous avons désormais notre feuille de route pour les quatre années à venir.

Je vous propose de pointer ici quelques éléments clés du projet Louvain 2020 ; vous en trouverez une description plus détaillée dans une plaquette disponible à la sortie de cette séance.

L’enseignement et la recherche sont nos deux missions centrales. Face à un public d’étudiants toujours plus diversifié, qui seront plongés dans un monde plus incertain que jamais, il faut sans cesse questionner les contenus de formation en regard des crises de civilisations de notre monde. Il faut aussi sans cesse réinventer nos modes d’enseignement. L’UCL a été pionnière en matière de pédagogie universitaire, en particulier grâce à l’action de l’Institut de Pédagogie et des Multimédia créé il y a 20 ans. Elle doit aujourd’hui réinventer les formes d’accompagnement de nos assistants et de nos professeurs. C’est l’objectif que nous assignons à ce qui deviendra le Louvain Learning Lab (L3), qui développera un incubateur des nouvelles pédagogies. Celles-ci doivent entre autres intégrer l’apport des technologies numériques, gérer les relations fortes de nos étudiants à leur smartphone, aux tablettes et aux accès multiples à toutes les formes de savoirs diffusés sur les réseaux sociaux.

Cela se fera dans le cadre du passage de l’UCL à une université numérique. Il s’agit de repenser le rôle des outils numériques dans la transformation radicale de notre approche pour la création, l’acquisition et la diffusion des connaissances. Certaines décisions vont déjà dans ce sens comme la modernisation du portail dans les prochains mois, un intranet renouvelé en 2016 ou la décision de créer, dans une logique open source, en partenariat avec d’autres universités, un logiciel qui gérera l’ensemble du parcours étudiant.

Cela passera aussi par le développement de centres d’apprentissage sur nos campus, l’encouragement très concret à la publication en libre accès ainsi qu’au développement et l’utilisation de ressources pédagogiques libres.

Tout cela s’intègre également dans les missions confiées aux deux conseillers du recteur en charge de la simplification administrative, dont l’inventaire achevé des chantiers se poursuivra dès cette année par des mises en œuvre qui contribueront à diminuer la charge de travail de tous, pour nous recentrer sur nos missions prioritaires d’enseignement et de recherche, et nos nouveaux projets. Ces simplifications administratives touchent à des procédures aussi variées que le recrutement et le renouvellement de personnel, la modification des programmes et cahiers des charges, la diffusion des informations ou encore l’optimalisation des bases de données. Cela rejoint également le travail effectué en matière d’optimisation de l’organisation et de subsidiarité, travail mené en étroite collaboration avec les secteurs.

En recherche, le chantier est vital, car une université internationale se développe par l’excellence reconnue de sa recherche. Notre politique universitaire n’est pas celle imposée par les critères des classements des universités mais, depuis leur apparition en 2003, ces classements ont bouleversé le monde universitaire et dictent déjà une partie de la mobilité internationale, pour les étudiants comme pour les chercheurs et les professeurs. Nous devons y être attentifs. Tous les classements d’universités montrent que les universités flamandes se situent aujourd’hui globalement au-dessus des universités de la Fédération Wallonie-Bruxelles. La différence entre nord et sud du pays résulte pour partie de la différence de financement consacré à la recherche et à l’enseignement universitaires. Durant ces dix dernières années, le nombre d’étudiants à l’UCL est passé de 20.000 à 30.000, un accroissement de plus de 40%, tandis que son allocation de fonctionnement et son nombre de professeurs ont cru de seulement 13%. Chaque année, l’UCL diplôme plus de 40 % des masters et 35 % des thèses de doctorat de la Fédération Wallonie-Bruxelles. Dans un tel système en tension entre recherche de pointe et enseignement largement disponible, il n’y a pas place pour un Harvard ou un Oxford belge ; ce n’est pas le modèle choisi en Fédération Wallonie-Bruxelles. Mais il n’y a heureusement pas non plus en Belgique d’université au rabais. Dans ce contexte, les universités francophones développent des performances remarquables et sont championnes toute catégorie pour leur rapport qualité prix. Les portes en sont grand ouvertes et la qualité est excellente.

Le sous-financement chronique dont souffrent le FNRS et les six universités francophones est toutefois aujourd’hui intenable. Les acteurs de l’enseignement supérieur attendent tous avec impatience le refinancement annoncé il y a un an lors de la formation du gouvernement.

L’UCL doit aussi identifier des directions de développement spécifiques. Nous allons dégager des moyens supplémentaires pour soutenir les chercheurs et les équipes qui sont en passe de décrocher des financements, et en particulier dans certains grands appels d’offre européens, tels que ceux de l’European Research Council. L’aide au montage de projets compétitifs pour les chercheurs qui s’engagent dans ces procédures particulièrement complexes est une priorité comme aussi la promesse de donner à tous les assistants une aide financière pour mieux soutenir leur recherche doctorale. Cette recherche d’excellence continuera en outre de s’ancrer dans le tissu économique régional en accentuant une politique éprouvée de valorisation des résultats et de transfert de technologie qui a mené au développement de 20 spin-offs ces 5 dernières années.

Les défis financiers et la compétition internationale auxquels nous avons à faire face nous incitent à faire l’analyse des nouvelles structures mises en place en Fédération Wallonie-Bruxelles, en en particulier de l’ARES. L’ARES doit être, c’est la volonté de tous les acteurs, une source de soutien pour toutes les institutions d’enseignement supérieur. Et pourtant, elle est encore trop souvent vécue comme une organisation lourde et limitant l’autonomie de l’université.

Lors de la rentrée 2014, je déclarais être frappé de voir à quel point, malgré certaines divergences de vue ou certaines incompréhensions, nous sommes, avec les acteurs politiques et en particulier avec notre Ministre de l'Enseignement supérieur, de la Recherche et des Médias, pour l’essentiel réunis vers de mêmes objectifs. Aujourd’hui cette ambition partagée requiert des adaptations qui vont dans le sens d’un allègement administratif et d’une autonomie accrue pour les universités. L’ARES, dont j’assure depuis peu la vice-présidence, entre dans sa deuxième année de fonctionnement. L’UCL souhaite contribuer, avec les autres institutions, au fonctionnement efficace de l’ARES au bénéfice de tout l’enseignement supérieur. Des propositions concrètes et réalistes ont été faites en ce sens par l’UCL et je me réjouis qu’elles aient reçu un premier accueil favorable. Nous voulons, en Fédération Wallonie-Bruxelles, des universités fortes et un enseignement supérieur fort.

C’est en respectant ces spécificités, en matière de recherche particulièrement, que les universités pourront développer leur rayonnement international. Ce rayonnement est vital pour le déploiement de nos régions et du pays tout entier, et pour assurer un environnement mobilisateur et ambitieux pour nos chercheurs et nos étudiants. C’est ainsi que nous accueillerons davantage d’étudiants dans nos masters, en français ou en anglais, en mettant en place des structures d’accueil pour les étudiants et chercheurs internationaux. L’internationalisation est un enjeu crucial. Les étudiants en mobilité Erasmus d’aujourd’hui, un sur quatre à l’UCL, seront, demain, les étudiants qui poursuivront leurs études, master ou doctorat ailleurs, ou, même, qui commenceront leurs études universitaires dès la sortie du secondaire, en dehors de la Fédération Wallonie-Bruxelles. Les étudiants sont désormais au cœur d’un vaste marché. Si nos enfants y trouvent la trajectoire de leur développement personnel, c’est une excellente chose. Mais en contrepartie, nos universités doivent offrir un parcours attrayant pour des étudiants, chercheurs et professeurs internationaux.

Dans ce contexte, nous voulons aussi que tous nos étudiants, que tous les membres de notre communauté universitaire, soient accueillis à l’UCL avec attention et vivent une expérience « Louvain » riche et complète, bien au delà d’une simple participation à un ensemble de cours. Nous voulons faire du passage par Louvain une expérience unique qui favorise toutes les expérimentations, toutes les formes de créativité, que ce soit sur nos sites de Bruxelles, Mons, Tournai, Charleroi ou de Louvain-la-Neuve. Au-delà de l’obtention d’un diplôme, nos étudiants doivent pouvoir s’épanouir dans leur dimension sociale, culturelle, sportive, entrepreneuriale, au contact de personnes issues de tous les horizons, de toutes les cultures. C’est pourquoi notre positionnement à l’international renforce notre volonté d’être toujours plus impliqués dans les différents sites où l’UCL s’investit: à Tournai où se déploiera bientôt au centre ville notre faculté d’architecture, à Charleroi autour de plusieurs projets de formation initiale ou continue, à Namur, où se poursuit la fusion des hôpitaux de Mont-Godinne, de Dinant et de la clinique Saint-Elisabeth pour créer le CHU UCL Namur, à Bruxelles aussi, où nous ouvrons cette année des programmes en co-diplomation avec l’ICHEC et l’IHECS.

Le plan « Louvain 2020 » est vaste et il touche l’université dans toutes ses dimensions. Le conseil rectoral souhaite le mettre en oeuvre avec vous. Le plan trace les grandes lignes mais l’essentiel se construira avec la communauté universitaire, avec vous tous. Une construction que nous souhaitons ambitieuse, imaginative et créative. Ce n’est bien sûr pas la seule ambition du recteur ou du conseil rectoral qui s’exprime, c’est aussi la transposition des multiples échanges et contacts avec tous les membres de notre communauté universitaire, sur tous nos sites. Je souhaite très sincèrement que chaque membre de la communauté universitaire puisse s’y retrouver et en partager les objectifs. C’est un projet collectif que je vous propose aujourd’hui, pour conduire ensemble notre université à l’horizon 2020.

Dans la suite de cette séance, vous entendrez successivement :

Monsieur Jean Hilgers, président du Conseil d’administration,

Madame Dominique Arnould, présidente du Corps administratif et technique,

Madame Hélène Jane-Aluja et Monsieur Antoine Grégoire, co-présidents de l’Assemblée Générale des Etudiants.

Je reviendrai conclure cette séance en ouvrant avec vous cette nouvelle année académique sur le thème de l’utopie.

[VIDEO Utopies témoignages]

Depuis 1516, Louvain est associée à L’Utopie de Thomas More. Il y a 500 ans, l’humaniste anglais fait imprimer à Louvain « L’Utopie ou le Traité de la meilleure forme de gouvernement », un ouvrage qui marquera l’histoire de la pensée. Cette année, ensemble avec notre université sœur, la KU Leuven, nous rendons hommage à cet esprit brillant et visionnaire qui a imaginé une idée qui s’est imposée depuis partout dans le monde.

L’ « Année Louvain des utopies pour le temps présent » est le fil rouge qui nous reliera, vous et nous, en 2015 et en 2016 au travers des docteurs honoris causa et d’une multitude d’événements. Voici un an, lorsque Philippe Van Parijs et Charles-Henri Nyns ont lancé un appel à l’ensemble de la communauté universitaire pour que chacun partage et donne vie à ses utopies dans un cadre collectif, ils n’imaginaient pas que cet appel rencontrerait un tel succès. Une centaine de projets figure aujourd’hui à l’affiche de cette année hors du commun.

L’idée d’utopie a connu un destin tourmenté. Lorsqu’elle naît de l’imagination de Thomas More, elle est à la fois une critique audacieuse de la société anglaise de l’époque et la création du monde parfait de la société utopienne. L’utopie est alors exclusivement un « ailleurs » mythique. Sur l’ile Utopia de Thomas More, la cité est dirigée par la sagesse, les citoyens sont vertueux et « détestent la guerre au degré suprême ». Il n’y a pas de monnaie et les utopiens méprisent l’or et l’argent dont ils font des pots de chambre. L’île est régie par un petit nombre de lois que tous respectent parce que tous les connaissent. Le prince est élu au suffrage secret et rien n’est décidé qui concerne l’État sans avoir été mis en délibération au sénat. Ils accordent par contre une grande importance à l’éducation et personne ne peut rester inactif. Comme à Louvain !

Les utopies que nous voulons susciter cette année s’adressent au temps présent. Non pas pour imaginer une société idéale mais bien [je cite les initiateurs du projet] « pour transformer des cercles vicieux en cercles vertueux, et identifier des interstices où une intervention bénéfique est susceptible de triompher de l’inertie sans pour autant déclencher d’effets pervers. »

À l’orée de la conférence sur le climat à Paris, le pape François nous invite lui aussi, dans une encyclique sur la préservation de la terre et de la vie à voir les cercles qui lient l’homme et son environnement et à identifier les interstices où une intervention bénéfique est susceptible de triompher de l’inertie. Dans son encyclique, le pape décrit une terre blessée dont les pauvres subissent les conséquences et où le cri de la terre et ceux des pauvres se rejoignent et ne font qu’un. Il nous invite à un nouveau dialogue sur la façon dont nous construisons l’avenir de la planète par un retour à plus de simplicité. Parce que [je le cite] « La sobriété, qui est vécue avec liberté et de manière consciente, est libératrice. Ce n'est pas moins de vie, ce n'est pas une basse intensité de vie mais tout le contraire. Le bonheur requiert de savoir limiter certains besoins qui nous abrutissent, en nous rendant ainsi disponibles aux multiples possibilités qu'offre la vie. L'heure est arrivée de réaliser que cette joyeuse superficialité nous a peu servi.»

En accueillant et formant des milliers d’étudiants année après année - très bientôt un demi-million de diplômés depuis la fondation de notre université - Louvain sème les semences des utopies du futur que les diplômés et leur entourage imagineront, feront germer et grandir.

[PHOTO nouveaux académiques]

En cette nouvelle année académique de nouveaux professeurs nous rejoignent pour apporter, eux aussi, leurs utopies à Louvain dans les années à venir. Avec les membres du conseil rectoral, nous avons le plaisir et la grande fierté d'accueillir, et je les invite à me rejoindre sur scène :

[nouveaux académiques montent sur scène]

  • à la Faculté de droit et de criminologie : Céline Romainville, Anne-Lise Sibony et Geoffrey Willems,

  • à la Faculté des sciences économiques, sociales, politiques et de communication : Luuk van Middelaar, Laura Merla, Damien Renard et Gonzague Vannoorenberghe,

  • à la Louvain School of Management : Nicolas Kervyn de Meerendré,

  • à la Faculté de philosophie, arts et lettres : Emmanuel Debruyne, Gilles Lecuppre, Ferran Suñer Muñoz et Sylvain Camilleri,

  • à la Faculté de psychologie et des sciences de l’éducation : Annalisa Casini et Frédéric Nils,

  • à la Faculté de médecine et médecine dentaire : Stefan Constantinescu,

  • à la Faculté des sciences de la motricité : Cédric Roure et Louise Deldicque,

  • à la Faculté d’architecture, d’ingénierie architecturale et d’urbanisme : Jean-Philippe De Visscher et Renaud Pleitinx, ;

  • à la Faculté des sciences : Alexandru Vlad.

  • aux Cliniques universitaires Saint-Luc : Lelio Baldeschi, Gilles Caty, Laurent de Kerchove, Benoît Ghaye, Mina Komuta, Valérie Lacroix, Nicolas Lanthier, Daniel Léonard, Tom Moreels, Gimbada Benny Mwenge, Hector Rodriguez-Villalobos, Isabelle Scheers, Michel Van Dyck et Marie-Christiane Vekemans.

Trois chercheurs ont été nommés chercheurs qualifiés du Fonds de la Recherche Scientifique:

  • David Alsteens, au sein de l’Institute of Condensed Matter and Nanosciences,

  • Olivier Collignon, au sein de l’Institute of NeuroScience,

  • Charlotte Langhor, au sein de l’Institut des civilisations, arts et lettres.

Plusieurs professeurs ont été nommés à titre temporaire. Nous accueillons ainsi :

- à la Faculté de droit et de criminologie : Nathalie Dandoy et Nicolas Bonbled,

- à la Faculté des sciences économiques, sociales, politiques et de communication : Elena Atanassova,

- à la Louvain School of Management : Assaad El Akremi,

- à la Faculté des bioingénieurs : Mathieu Jonard.

On behalf of our community , I welcome all these new colleagues and hope they will find at the University of Louvain a place of fruitful exchanges and of unique professional and human experiences.

Au nom de la communauté universitaire, je souhaite la bienvenue à ces nouveaux collègues et forme le vœux qu’avec tous les membres de l’université, ils trouvent à l’université un lieu de partage quotidien de l’enseignement et de la recherche, un lieu du vivre ensemble, un espace de rencontres, une terre d’expériences professionnelles et humaines.

Pour marquer l’ouverture de cette Année des utopies pour le temps présent, je propose aux initiateurs du projet de me rejoindre sur scène pour partager avec moi le plaisir de vous présenter l’ouvrage « Chemins d’utopies » qui réunit, sous la direction des Professeurs Paul-Augustin Deproost, Charles-Henri Nyns et Christophe Vielle, des extraits de l’Utopie de Thomas More commentés par des chercheurs de toutes les disciplines.

[Van Parijs et Nyns montent sur scène]

Voilà une magnifique entrée en matière pour lancer une année qui investira les rues, les salles de cours et de spectacle afin que chacun s’empare de ce fil rouge lumineux et apporte, dans un élan collectif joyeux, sa contribution à des utopies susceptibles de donner sens et espoir à l’avenir.

[VIDEO Utopie porteurs des projets]

Et puisque Thomas More était à Louvain il y a 500 ans, je l’invite, lui aussi, dès maintenant à Louvain-la-Neuve ; une ville utopie devenue réalité, pour ouvrir avec nous tous l’année académique.

[More arrive sur scène, avec des exemplaires du livre ?]

Entouré de ces penseurs d’utopies et des nouveaux membres de notre communauté, pleinement confiant en l’avenir, je souhaite à chacun d’entre vous une très belle année académique, riche en découvertes, et je déclare ouverte l’année Louvain des utopies pour le temps présent, l’année académique 2015-2016.