Philosophe, économiste, responsable de la Chaire Hoover d’éthique économique et sociale. 
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Que représentent pour vous les utopies du temps présent ?
Ce qu’en dit l’appel aux DHC 2016 : Une "utopie pour le temps présent" ne prétend pas fournir l’épure complète d’une société parfaite ni ne table sur une transformation soudaine de la nature humaine mais elle espère transformer des cercles vicieux en cercles vertueux, identifier des interstices où une intervention bénéfique est susceptible de triompher de l’inertie sans pour autant déclencher d'effets pervers Est-ce le rôle d’une université de ranimer ce besoin d’utopies ?
Un des rôles d’une université du XXIe siècle est certainement de légitimer le désir d’utopies, d’attiser l’ambition d’imaginer et de réaliser des choses qui n’ont jamais existé chez nous, qui n’existent peut-être nulle part ailleurs et que l’on a dès lors des raisons de croire impossibles. Mais attention, les réalités humaines sont souvent coriaces. Elles résistent à nos efforts pour les changer. Elles s’obstinent à défaire ce que nous tentons de faire. Elles peuvent devenir pires suite à nos efforts pour les rendre meilleures. C’est pourquoi la pensée utopique du XXIe siècle doit être intelligente, vigilante, multidisciplinaire, équipée pour anticiper les effets contre-intuitifs, parfois contre-productifs, des propositions qu’elle concocte. C’est aussi pourquoi elle a besoin de l’université du XXIe siècle, une université qui ne confond pas la respectabilité avec le conservatisme, ni la rigueur scientifique avec la soumission aveugle aux conventions d’une discipline, mais pas non plus l’audace intellectuelle avec le wishful thinking. |
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En quoi ce thème concerne-t-il les étudiants?
L’avenir est une région où nos étudiants habiteront plus longtemps que nous. Ce dont il sera fait les concerne donc encore plus que nous. Et il sera fait, pour une large part, de ce qui n’est aujourd’hui qu’utopie. Quelle est votre utopie pour le temps présent ?
J’en ai trop. Certaines dont la réalisation est une affaire de quelques mois, par exemple la piétonisation des boulevards centraux de Bruxelles. D’autres dont la réalisation est une affaire de quelques siècles, par exemple un monde où tous aient le droit de migrer parce que suffisamment peu voudront en faire usage. |
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► Initiateur de l’Année Louvain des utopies pour le temps présent et porteur du projet de colloque "Utopia for our times" |
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