Comment dessiner sa vie quand l’avenir semble particulièrement incertain...

Certain·es souhaitent intégrer cette nouvelle donne dans leur choix d’études afin de pouvoir mettre dans leur valise des compétences et des savoirs qui les mettent en capacité de pouvoir agir face aux problèmes, inédits, qui sont les nôtres aujourd’hui.

D’autres semblent parfois tétanisé·es devant l’ampleur des périls qui s’annoncent avec en arrière fond un sentiment d’ “À quoi bon ?” qui peut venir saboter ou démotiver leur projet de formation.

D’autres enfin souhaitent surtout se mettre à l’abri, cherchant à trouver des repères et des solutions pour s’en sortir et pouvoir surfer au mieux sur les vagues de changements en cours et à venir.

À côté de ces étudiant·es déjà conscientisé·es, nous rencontrons aussi d’autres jeunes qui ne semblent pas toujours prendre la mesure de leur époque et qui semblent parfois dubitatifs quand on leur annonce que leur avenir professionnel sera sensiblement différent que celui de leurs parents.

C’est pour répondre à cette nouvelle donne que le CIO a décidé de se lancer dans la rédaction d’un nouveau carnet donnant des clés aux étudiant·es pour éclairer leurs projets de formation à la lumière des transitions en cours.

Construit sur plusieurs exercices, le carnet se veut surtout pratique, invitant la lectrice et le lecteur à toujours se situer personnellement par rapport aux enjeux découverts. L’approche choisie par le CIO repose sur deux outils permettant, de manière systémique, de faire le tour des problèmes qui sont les nôtres aujourd’hui.

Les grands chantiers actuels

Au travers du carnet, les jeunes sont ainsi amené·es à découvrir les 17 objectifs de développement durable tels qu’ils ont été formulés par l’ONU en 2015. Ces 17 ODD permettent de comprendre concrètement quels sont les grands chantiers du 21^ème siècle si nous voulons nous assurer une planète qui resterait sur une trajectoire viable à l’horizon 2030...

Cette approche a l’avantage de toucher à toutes les thématiques : le climat, la biodiversité, l’eau et l’énergie, sans oublier le social, la santé, l’éducation, les technologies et l’économie. Ils montrent que nos problèmes sont aujourd’hui systémiques et intimement liés les uns aux autres. Agir sur un ODD permet par effet rebond de pouvoir avoir un impact directement ou indirectement sur les autres objectifs. Nous ne sommes pas obligé·es d’être climatologues ou bioingénieur·es pour pouvoir agir concrètement sur la question climatique. Les instituteur·rices, les électricien·nes, les juristes ou encore les assistant·es sociaux·ales ont aussi leur rôle à jouer pour nous aider à traverser les crises qui sont les nôtres aujourd'hui...

Après avoir sélectionné les 3 ODD auxquels il ou elle souhaite contribuer professionnellement, l’étudiant·e est ensuite amené·e à choisir un moteur d’action pour pouvoir agir concrètement sur ces enjeux. Les moteurs qui lui sont présentés sont inspirés librement du travail du Campus de la transition qui a imaginé 6 grandes manières de participer à la transition vers une société plus durable et plus résiliente.

Une fois qu’il ou elle a pu choisir les ODD qui le ou la touchent en les associant à un ou plusieurs moteurs d’actions, nous invitons l’étudiant·e à imaginer des études ou des métiers qui lui permettraient de concrétiser ses aspirations.

Donner de l'inspiration et du sens

Cette manière de faire peut l’aider soit à trouver des idées pour son parcours de formation, soit à donner du sens aux études dans lesquelles il ou elle est déjà engagé·e. Car l’avantage de cette approche est de pouvoir intégrer la majorité des formations qui existent aujourd’hui en les situant concrètement par rapport aux enjeux du 21^ème siècle.

Quel que soit son projet, qu’il soit intellectuel, artistique ou manuel, - social ou tourné vers les technologies, l’étudiant·e va pouvoir le placer sur le tableau croisant les ODD et les moteurs de transition.

Cet exercice rappelle à l’étudiant·e qu’un choix d’études, ce n’est pas seulement se garantir un futur emploi et de l’épanouissement au travail, mais c’est aussi un moyen fort pour participer à moyen terme aux solutions locales et globales à mettre en place pour répondre aux besoins de l’humanité.

Entre les lignes, cette nouvelle approche de l’orientation souhaite surtout donner de l’espoir aux jeunes, leur montrer que nous avons besoin d’eux, de leur envie et de leur intelligence pour nous garantir un avenir encore désirable.

Parallèlement au carnet, sur le site du CIO, les étudiant·es peuvent également trouver une série de FAQ et d’outils interactifs leur permettant d’aller plus loin dans l’exploration des études et des formations en lien avec les 17 ODD et les enjeux de la transition.

Depuis janvier 2022, le CIO a expérimenté plusieurs ateliers en présentiel avec des groupes de 15 jeunes pour leur permettre de tester, collectivement, cette nouvelle approche.

À partir de leurs propres représentations et questionnements, sur base de chiffres concrets montrant la hauteur des périls actuels, au moyen d’exercices collectifs et ludiques, de vidéos de métiers inspirants, de débats et d’exploration des possibilités d’études en lien avec la transition, les étudiant·es peuvent trouver des idées et de l’inspiration pour donner plus de sens à leurs projets de formation.

Voici quelques extraits, à chaud, de leurs réactions suite à l’atelier :

• Cet atelier me semble très utile pour déterminer si les changements actuels auront ou pas un impact sur notre projet professionnel.
• Mon problème prédominant était encore de situer mon choix d’études dans un spectre d’objectifs et de valeurs, ce qui est plus ou moins chose faite grâce à cet atelier
• L'atelier m’a permis de voir mon projet sous un autre angle, surtout les parties Transition et ODD
• Cela serait intéressant d’encore zoomer davantage sur certains concepts (High Tech/Low Tech, collapsologie, etc...) pour créer de la curiosité chez les participant·es qui ne connaissent pas ces nouvelles notions...
• Je pense que pour les gens qui ont besoin de mettre du sens, l’atelier peut beaucoup aider, surtout quand on est encore dans le flou...
• Personnellement, j’ai trouvé cet atelier très enrichissant. Je pense qu’on se retrouve vite dans le déni concernant ces questions alors qu’on voudrait tous participer à notre échelle...

Construire un avenir positif et durable

L’expérience de ces ateliers nous montre que l’âge idéal pour aborder cette thématique se situe surtout entre 20 et 30 ans, une fois que les jeunes ont déjà pu expérimenter une ou plusieurs années d’études supérieures. C’est souvent dans le choix du master ou à la sortie des études que la question de la transition devient particulièrement pressante pour de plus en plus d’étudiant·es. En secondaire, les élèves cherchent souvent à pouvoir trouver des études qui vont leur plaire, qui leur semblent prestigieuses ou qu’ils pourront réussir. À 17 ou 18 ans, la question de l’impact sociétal n’est pas forcément encore une priorité pour une majorité d’entre eux.

Par contre, à la sortie des études, confronté·es aux réalités et parfois aux incohérences du monde de travail, beaucoup de jeunes adultes aspirent de plus en plus à une réelle transition vers des manières d’agir plus durables, plus humaines et plus impactantes, tous domaines d’activités confondus. C’est alors qu’ils et elles ont besoin d’espaces pour partager leurs inquiétudes, leurs désillusions et leurs espoirs, qu’ils ont besoin de repères et de pistes pour pouvoir se construire un avenir personnel et collectif sur l’idée qu’une ligne d’arrivée positive et désirable est encore possible !