Entre archéologie expérimentale, didactique et art.
Promoteur : Paolo Tomassini (SSH/INCAL) . Artiste : Maud Mulliez (Archéosciences - Université de Bordeaux)
À l’occasion des travaux de rénovation actuellement en cours au Collège Erasme, une fresque sera réalisée en suivant les techniques et les matériaux de la peinture murale d’époque romaine, profitant des recherches actuellement en cours à l’institut INCAL sur l’identification des pigments antiques par l’archéométrie. L’archéologue-artiste Maud Mulliez sera appelée à réaliser la fresque en concertation avec le chercheur en INCAL Paolo Tomassini, assistés par les étudiant·es FIAL. L’initiative permettra d’associer art, recherche et divulgation par une expérience d’archéologie expérimentale avec une vocation artistique et pédagogique.
Le projet présente deux objectifs :
Un objectif scientifique : tester par l’archéologie expérimentale les hypothèses formulées par la recherche en tentant de reproduire concrètement les gestes des artisans antiques, leurs procédés, en utilisant les recettes et mélanges identifiés grâce aux analyses physico-chimiques. Des nouvelles données peuvent être ainsi recueillies, éclairant des pans encore inconnus de nos connaissances sur les peintres de l’Antiquité, artisans anonymes mais souvent des véritables artistes, ayant été les précurseurs des grands maîtres de la fresque médiévale et renaissante, tels Giotto et Michel Ange.
Un objectif artistique : unir art et science pour produire une œuvre d’art originale et unique, inspirée des techniques et des images de l’Antiquité mais ancrée dans un espace contemporain. Ceci pour embellir l’entrée de la faculté de philosophie, arts et lettres, en cours de rénovation, et enrichir l’offre culturelle et artistique de Louvain-la-Neuve, déjà connue pour ses nombreuses fresques contemporaines d’artistes comme Claude Rahir, Roger Somville et François Schuiten, disséminées à travers la ville.
Les acteurs du projet
Paolo Tomassini (UCLouvain) est archéologue, spécialisé dans l’étude du décor et de l’architecture antiques d’époque romaine. Alumnus et docteur en histoire, art et archéologie de UCLouvain, il mène ses recherches sur la technique de la peinture murale antique, en associant archéologie, archéométrie et archéologie numérique, identifiant les matériaux par des analyses physico-chimiques et recréant virtuellement les gestes des peintres et l’architecture décorée via la modélisation 3D. Ancien membre de l’École française de Rome, il est actuellement chargé de cours invité à l’Université catholique de Louvain et chercheur qualifié à l’université de Namur.
Maud Mulliez se définit artiste/artisan-chercheuse. Elle a un doctorat en histoire de l’art et archéologie et une formation d’artiste et de restauration. Elle s’intéresse depuis plusieurs années à l’expérimentation autour des gestes des peintres, de leurs outils et de leurs matériaux, notamment pour l’Antiquité. Elle a produit plusieurs œuvres dans une perspective d’archéologie expérimentale, notamment pour le Musée Saint-Raymond de Toulouse, à Arles ou plus récemment à Saintes dans le cadre du programme Aquitania Ornata lors duquel la réalisation d’un four à chaux a permis d’utiliser une chaux artisanale et ainsi de s’approcher au plus près des techniques originales.
Pourquoi une fresque à la romaine ?
La civilisation romaine a porté la peinture murale à l'un des plus hauts niveaux atteints dans l'histoire de l'art, fondant les bases de l’art pariétal occidental du Moyen-âge et de la Renaissance. La technique constitue la genèse de la fresque, en utilisant des pigments sur un enduit en mortier de chaux encore frais. En assimilant et réélaborant les techniques de la peinture grecque, les Romains ont été capables de produire des peintures de grande qualité, dont les couleurs - si elles étaient bien faites – étaient immuables et éternelles. Cette résistance dans le temps de l’enduit, associée au fait qu'il est relativement bon marché, rapide et facile à produire, indépendamment du climat ou du contexte géographique, a permis à la peinture murale de devenir rapidement la forme de décoration la plus répandue dans l'Antiquité.
Aujourd’hui, les techniques de la peinture antique peuvent encore avoir un rôle à jouer. Les couleurs employées par les Romains étaient uniquement des pigments d’origine naturelle et minérale et donc éco-compatibles et à zéro impact. Le mortier de chaux, invention romaine par excellence, est en train de redevenir un matériau avantageux pour ses coûts réduits, sa grande solidité et sa durabilité.
Pourquoi le Collège Erasme ?
Le collège Erasme, siège de la faculté de philosophie, arts et lettres et de l’institut des civilisations, arts et lettres de l’UCLouvain, est l’endroit idéal pour cette création, qui symbolisera l’attachement aux racines du passé, aux traditions transmises par les textes (en l’occurrence les auteurs latins Pline et Virtuve) et les vestiges matériels et artistiques, mais également le regard tourné vers l’avenir, où les sciences humaines s’enrichissent d’une inter-disciplinarité de plus en plus prononcée, intégrant les sciences et les nouvelles technologies pour construire un monde meilleur.
CALENDRIER DES ACTIVITÉS
- Du 5 au 9 février 2024
Préparation du mur pour la fresque – expérimentations autour de la confection des mortiers de chaux romains
Chantier ouvert aux visites
Accès via la Place Cardinal Mercier - Mardi 13 février 2024, 14h-16h
Atelier d’initiation à la fresque dans les locaux du CRAN – Centre de recherche en archéologie nationale
Place Cardinal Mercier 53, 1348 Louvain-la-Neuve - Vendredi 16 février 2024, 14h-16h
Atelier d’initiation à la fresque dans les locaux du CRAN
Place Cardinal Mercier 53, 1348 Louvain-la-Neuve - Du 19 au 23 février 2024
Réalisation de la fresque – expérimentations autour de la couleur
Chantier ouvert aux visites
Accès via la Place Cardinal Mercier
Copyright : Maud Mulliez