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Nous sommes chez les Ibaloi Benguet, un groupe d’autochtones des Philippines qui habitent les montagnes de la Cordillère du nord. Nous avons une dame d’une cinquantaine d’années qui s’adresse à sa mère défunte et qui lui demande d’acheminer un peu d'argent dans le Apunan donc le lieu où les morts résident. L’idée étant que les morts continuent d’exister une fois qu’ils sont morts mais ils vivent dans d’autres lieux inaccessibles aux humains. A l’occasion de rituels, ils peuvent revenir. Des rituels comme l’enterrement ou d’autres rituels comme l’exhumation des restes humains. Et donc à l’occasion de ces rituels les descendants vont offrir de l’argent, des vêtements, de la viande, de l’alcool à leurs parents défunts pour qu’ils utilisent ces biens et ces monnaies et puissent vivre une vie post mortem normale.
Antoine Laugrand est titulaire d’un PhD en anthropologie (UCLouvain). Ses recherches interrogent les rapports des autochtones à la terre et à l’État aux Philippines, Il a publié deux monographies, Des nomades à l’arrêt (Academia, 2021), et avec F. Laugrand, Des voies de l'ombre. Quand les chauves-souris sèment le trouble (Muséum national d'Histoire Naturelle de Paris, 2023).