Ce geste très systématique appris de leurs ancêtres et de leurs aînés
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Sur ce cliché, ce sont deux jeunes travailleurs dans l'agriculture, que l'on appelle des saisonniers là-bas au Cap Vert. On est sur l'île de Santo Antão, l'archipel du Cap-Vert qui se trouve au large du Sénégal. Et donc là, on est dans le petit village de Riberan qui est à 300-400m d'altitude au cœur de la Ribeira Grande dans lequel les gens vivent encore principalement de l'agriculture mais où un problème d'eau s'est récemment posé. Donc l'eau est en train de disparaître de ce village. Et là, on voit deux jeunes qui appliquent une méthode traditionnelle de semage dans les terres sèches. Ce sont des terres qui ne sont pas irriguées et qui attendent les pluies. Un mois ou deux avant les pluies, on forme des trous, que l'on appelle les "coves". Des trous dans la terre dans laquelle on met systématiquement 4 graines de maïs et trois graines de feijao, le haricot. Et donc ces deux jeunes font ce geste très systématique appris de leurs ancêtres et de leurs aînés et en une journée ils remplissent comme ça ces coves et après ces graines sont mélangées à la terre et vont attendre la pluie. Donc là on est début juillet et on espère que les pluies arriveront vers le mois d'août-septembre ce qui a été le cas cette année et qui n'avait plus été le cas depuis près de 7 ans dans ce village.
Elisabeth Defreyne est docteure en anthropologie et chercheuse à l’UCLouvain. Ses travaux portent sur les mobilités (matérielles et humaines) et la famille dans l’archipel transnational du Cap-Vert, avec un accent plus récent sur la question de l’eau et des rapports à l’environnement en contexte de changement climatique.