Kalambi Bisimwa Bulangalire -La fétichisation du corps féminin dans le cercle des violences

Louvain-La-Neuve, Mons

23 septembre 2024

18h

Louvain-la-Neuve

LECL 93 - Salle du Conseil

La Rectrice de l'Université catholique de Louvain fait savoir que

Kalambi Bisimwa Bulangalire

soutiendra publiquement sa dissertation

"La fétichisation du corps féminin dans le cercle des violences"

Une ethnographie des ex-combattantes Mayi-Mayi au Sud-Kivu (RD. Congo)

pour l'obtention du grade de Doctorat en Sciences politiques et sociales

le 23 septembre 2024 à 18h au LECL 93

 

Résumé

Les arènes miliciennes Mayi-Mayi constituent un champ « anthro-politique » dans lequel les rapports de pouvoir et de genre sont asymétriques. L’intégration de femmes et de filles dans ces espaces se heurte à des nombreux imaginaires violents, sexistes et patriarcaux. Dans les structures mentales et sociales des combattants, l’accès des femmes et des filles aux armes de guerre est perçu comme un acte subversif et hors-norme. Le corps féminin devient une arène normative brouillée et un enjeu stratégico-politique de la domination masculine.

La catégorie féminine est hétérogène, hiérarchisée et différenciée. En fonction d’âges et de substances corporelles, on assiste à un système symbolique de fétichisation ou de diabolisation de l’identité sexuelle féminine. Le corps féminin est à la fois vu comme une « menace terroriste » et une « puissance fétiche » à la pureté et à l’invulnérabilité des milicien.ne.s. Ainsi, les combattantes sont assujetties à des pratiques violentes qui manipulent, gouvernent et surveillent leurs corps dans les rituels d’invincibilité, de virilité et de purification. Elles sont soumises à une technologie corporelle à base de tatouages, de scarifications et de baptêmes. Elles sont privées de la sexualité (désir et rapport sexuels) afin d’obtenir un corps irrésistible aux balles des ennemis sur le champ de bataille. Elles participent aux activités guerrières en accomplissant divers rôles dans les rituels : herboristes, administratrices, fournisseuses d’amulettes, guérisseuses, féticheuses et messagères. Au-delà de ces rôles, elles servent aussi de gardes du corps, de transporteuses et de combattantes, etc.

Elles co-produisent ainsi les économies de survie, de violence et de rapine dans un espace liminal qui est marginal et dangereux. Malgré leur contribution en tant que combattantes, elles vivent dans une condition de pauvreté à répétitions. Leur lutte armée revient à un « engagement milicien subversif inachevé ». Leur trajectoire est paradoxale : certes, un devenir de « guerrières », mais violentées et stigmatisées, dans un écosystème marqué par le sceau du patriarcat, de l’exploitation corporelle et économique.

Les membres du jury :

Prof. Jacinthe MAZZOCCHETTI (UCLouvain), promotrice et secrétaire du jury
Prof. Olivier SERVAIS (UCLouvain), président du jury
Dr. Judith VERWEIJEN (U.UTRECHT
), évaluatrice externe

Dr. Camille BOUTRON (Chercheuse et Consultante Indépendante), évaluatrice externe
Dr. Anaïs MENARD (KU Leuven), comité d’accompagnement
Dr. Marie DERIDDER (UCLouvain),
comité d’accompagnement

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