9e Colloque International du Réseau de Recherches en Narratologie et Bible (RRENAB)

Louvain-La-Neuve

31 mai 2018

02 juin 2018

La contribution du discours des personnages à leur caractérisation

 

Le discours en style direct est sans aucun doute l’un des procédés narratifs qui contribue le plus à caractériser les personnages des récits bibliques. Plusieurs classiques de la narratologie biblique le soulignent, comme Robert Alter ou Shimon Bar-Efrat[1]. Que le personnage prenne la parole pour tenir un discours plus ou moins long, et cela, dans l’interaction d’un dialogue ou dans un monologue public, le contenu de ses paroles, la façon dont il présente les faits ou la situation, le ton qu’il emploie – pour autant qu’il soit identifiable –, la rhétorique qu’il déploie, la finalité qu’il poursuit en tenant ces propos et le résultat qu’il obtient, tout cela contribue au portrait que le récit brosse de lui. Lorsqu’un autre personnage lui adresse la parole ou parle de lui, d’autres éléments de caractérisation peuvent apparaître, qui seront déduits à nouveau du contenu, de l’orientation, du ton, de la rhétorique et de l’impact du discours concerné.

 

Dans l’exploration des potentialités du discours direct, on n’oubliera évidemment pas les monologues intérieurs qui jouent souvent un rôle déterminant, dans la mesure où ils reflètent authentiquement un personnage, et cela qu’ils accompagnent ou non un discours adressé à d’autres. Assimilées à ces monologues, les paroles à un(e) confident(e) ou à Dieu dans une prière qu’un personnage lui adresse ont aussi une puissance de caractérisation peu communes. À partir de là, il est même envisageable de prendre en considération le « discours indirect libre » où se reflète le point de vue du personnage et qui fournit dès lors des éléments de caractérisation qui peuvent être précieux.

Au cours du colloque, on cherchera à préciser les contours et les traits principaux de ce procédé multiforme en observant son rôle et son apport spécifiques par rapport aux autres techniques de caractérisation et son interaction avec elles. On s’interrogera également sur leur degré de fiabilité narrative et sur les critères permettant d’apprécier celle-ci et d’en interpréter la signification.

Plus d'informations sur la page de l'évènement

 

[1] R. Alter, L’art du récit biblique, Bruxelles, Lessius, 1999, p. 160 ; S. Bar-Efrat, Narrative Art in the Bible, Sheffield, Academic Press, 1997 [1989], p. 64-77. Voir aussi A. Berlin, Poetics and Interpretation of Biblical Narrative, Sheffield, Almond Press, 1983, p. 37-39 ; voir aussi J.-L. Ska, “Nos pères nous ont raconté”. Introduction à l’analyse des récits de l’Ancien Testament (Cahiers Évangile 155), Paris, Cerf, 2011, p. 87-88.