SOUTENANCE PUBLIQUE DE THÈSE DOCTORALE : Monsieur Yves Michel NKAILANGA

Louvain-La-Neuve

03 juin 2021

10h00

Monsieur Yves Michel NKAILANGA, de Kutu (RDC), présentera sa dissertation doctorale pour l’obtention du grade de docteur en théologie et la soutiendra publiquement le jeudi 3 juin à 10h dans l’auditoire DESC 85, Grand-Place, 45 à Louvain-la-Neuve.

En raison de la situation sanitaire, nous vous invitons à assister à la défense publique en ligne en vous connectant à ce lien

                                                                                                                                             

Le jury est composé de MM. les professeurs

B. Bourgine, président

D. Jacquemin, promoteur

É. Gaziaux,                                                                                                                          

L. Knoops,

P. Dos Santos Rodrigues, correcteur extérieur (Institut catholique de Lille)

D. Mallet, correcteur extérieur (Faculté de médecine de Tours)

 

 

Discursivité et responsabilité éthique dans la prise en charge des patients en fin de vie

Réflexion éthique et perspectives théologiques à partir de la notion de reconstruction de J.-M. Ferry

Cette recherche réfléchit aux contours éthiques d’un projet de soin en fin de vie appréhendé comme acte d’accompagnement du patient dans sa souffrance, par la valorisation des ressources discursives de ce dernier, particulièrement de son récit de vie. L’enjeu éthique consiste à contribuer aux efforts actuels pour « réhabiter » la fin de vie en donnant à la personne concernée la possibilité d’une pleine expression de son être. La recherche s’articule sur trois temps :           

             

1° Le cadre théorique propose une lecture de la théorie du discours, de l’identité et de la reconnaissance de J.-M. Ferry, avec un accent sur ce qu’il qualifie de « discours reconstructif ». La pensée de cet auteur est analysée sous le prisme d’une anthropologie communicationnelle, où l’homme est appréhendé comme un être toujours en relation, et dans l’optique d’une théorie discursive visant la reconnaissance des personnes. Dans le contexte contemporain fortement marqué par des médiateurs organisant l’espace public (normes de vie d’ensemble, contrat, consensus, directives), Ferry s’efforce de dépasser une « rationalité́ argumentative » estimée étroite pour penser les rapports intersubjectifs. Car il existe en chaque personne une dimension substantielle rendant compte de son monde vécu, ce qui n’entre pas toujours dans le réquisit d’une démarche purement argumentative, rationnelle, consensuelle ou contractuelle.  

             

2° La contextualisation de ce cadre théorique dans la clinique de fin de vie permet d’allier fin de vie et sens de l’existence en vue de penser le statut de l’institutionnalisation contemporaine du mourir sous son double versant médicotechnique et juridique. Alors que le discours médicotechnique est devenu le discours crédible et pertinent dans la construction des réponses à apporter à la souffrance, celui de la technique juridique incline à « procéduraliser », voire « protocoliser » toutes démarches de soin au nom du respect du droit de chacun. Double discours qui affecte notre conception du terme de la vie, compris de façon objective comme un temps habitable par des moyens techniques et dont on peut prévoir aisément les étapes à parcourir. Dans ce contexte, la prise en charge de la fin de vie doit s’inscrire davantage dans une dimension relationnelle, en valorisant des ressources en deçà du discours institutionnel.

3° Le rapport entre fin de vie et sens de l’existence donne lieu à un questionnement théologique relatif à l’apport des ressources chrétiennes dans l’accompagnement en fin de vie. Celles-ci peuvent être envisagées comme support de la reconnaissance du sujet souffrant, en participant de l’élargissement du milieu expressif de son identité, en soulignant le caractère irréductible de sa personne, et en suggérant une approche davantage contextualisée du sujet. Ceci implique la promotion d’un discours théologique à même d’éclairer la pensée contemporaine, de l’assumer et de l’élargir dans un autre horizon de sens. Ainsi, à partir de la pensée de Ferry appliquée à la clinique de fin de vie, la dernière partie de la recherche propose une relecture de la théologie de l’événement chez J. D. Caputo et des paraboles de Jésus comme médiation réflexive de la reconstruction du sujet.