Séverine LAGNEAUX

Séverine

LAGNEAUX

Docteure en anthropologie et Professeure invitée
Chercheur associée au Laap
Lien academia.edu
Lien Research Gate
Lien linkedin

 

A propos:

  • Sujet de recherche

    - Thématiques principales de recherche : frontières de l’humain, domestication, relations hommes–animaux-machines, nourriture, paysannerie, robotique, construction identitaire et fabrique de la communauté politique et cosmopolitique, patrimoine naturel et/ou culturel – matériel et immatériel, décolonisation des savoirs.

    - Thématiques de recherches connexes: etho-ethnologie, représentations et soins empirico-scientifiques des corps animaux, implication du chercheur et éthique anthropologique, usage de l’image photographique et filmique, routines – rythmes – cycles, souffle et odorat, figures du sauvage en Europe, sédimentation fluviale.

  • Description des terrains principaux
    Zones rurales européennes (Roumanie, Belgique, France, Moldavie, Ukraine, Bulgarie, Ister)
     
  • Description

    Les recherches de Séverine Lagneaux se situent à la croisée de l’anthropologie des sciences et techniques, de l’anthropologie de la nature et de l’anthropologie politique. Elle s’intéresse particulièrement à la paysannerie, à l’élevage et aux relations entre humains et non humains dans divers milieux techniques en Belgique, en France, en Roumanie et plus récemment le long de l’Ister (bas-Danube).

    Sa thèse de doctorat fut publiée sous l’intitulé « Éternel provisoire. Ethnographie de la paysannerie roumaine à l’heure européenne » (Academia/L’Harmattan, 2016). Conformément aux orientations économiques et politiques promues durant la période dite de « transition », c’est-à-dire post-communiste, les paysans banatais sont poussés à vendre leurs terres et à abandonner leur mode de vie en semi-autarcie. Cependant, la gospodarie constitue un point névralgique qui (sur)vit au quotidien ainsi que le démontre l’auteure. Cette maisonnée paysanne est une façon d’être au monde, mais c’est aussi un ordre du monde, une organisation sociale et économique de base régie jusque dans son agencement spatial le plus matériel. Si ses formes et ses représentations sont héritées du passé, elle est aussi un laboratoire du présent et de l’avenir en permanente transformation. Sa réactivité la rend durable en même temps que ses représentations sont instrumentalisées dans des constructions politiques identitaires dont les enjeux sont également écologiques (parmi d’autres : LAGNEAUX S., « La vache, l’éleveur et l’investisseur. De la tradition à l’industrialisation une reconfiguration des campagnes ? », in Sociologie romaneasca, n°2/2012 ; LAGNEAUX S., « De la tomate au caltabos en passant par le fromage. Identité et assiette « paysanne » en Roumanie », in Uzance, n°2, 2013).

    SL a également consacré différentes recherches aux formes d’abattage dans les basses-cours roumaines. Qu’il s’agisse des cochons permettant la soudure hivernale ou des agneaux de Pâques, elle suit les trajectoires des animaux et des produits issus de leur abattage en dressant des chaines opératoires pour saisir les transformations techniques symboliques des usages locaux confrontés à la privatisation des entreprises de production animale, à l’adoption de normes sanitaires européennes et à une législation visant à préserver les services écosystémiques dans les zones montagneuses (LAGNEAUX S., « Cosmogonie et agonie, le dilemme du cochon roumain », in Frontières, Vol. 30, n°2, 2019). Elle a participé à des recherches interdisciplinaires portant les représentations sociales relatives à la filière porcine wallonne ou sur l’identification des profils de consommateurs individuels de produits laitiers en Wallonie. Avec le groupe de recherche ACABI, elle a mené une étude des collectifs bio belges et français et plus spécifiquement de la fabrique de fromages dits locaux en Gaume (VAN DAM D., LAGNEAUX S., STREITH M., NIZET J., Les collectifs en agriculture bio, entre idéalisation et réalisation, Paris, Educagri, 2017 ; LAGNEAUX S., STREITH M., VAN DAM D., NIZET J., « Fabriquer un fromage de chèvre et démultiplier le « local » », in Anthropology of food, 2018 (https://journals.openedition.org/aof/8862)). 

    SL a ensuite prolongé ses recherches sur les relations entre les éleveurs et leurs animaux dits de rente que ce soit dans des stabulations robotisées wallonnes ou dans les prairies communales des Carpates. Grâce à un séjour post-doctoral au Collège de France sous la direction de Noëlie Vialles, spécialistes de l’abattage et de la consommation carnée, et à un mandat de chargée de recherche du FNRS, elle s’est également penchée sur la fabrique du lait le long de la voie lactée à la frontière belgo-allemande. Son projet « humanimachine » financé par la Fondation Fyssen l’a conduite à analyser les routines des différents protagonistes d’un atelier laitier confrontés à sa gestion algorithmée. Elle développe une approche critique des dispositifs techniques et de la modélisation contenues dans leurs scripts ou dans les données et conseils d’actions décontextualisés fournis aux usagers (LAGNEAUX S., SERVAIS O., « De la traite robotisée au raids d’avatar. Incorporation et virtualisation . », in Parcours anthropologique, 2014, http://pa.revues.org/333; LAGNEAUX S., « Faire comme si et faire comme ça. Imitation et analogisme en élevage laitier robotisé », in Tsantsa, n°20, 2015 ;LAGNEAUX S., « Domesticating the machine? (Re)configuring domestication practices in robotic dairy farming», in STEPANOFF C., VIGNE J-D., Hybrid Communities. Biosocial Approaches to Domestication and Other Trans-species Relationships, London, Routledge, 2018).

    Cette étude a également donné lieu à la réalisation d’un documentaire ethnographiques « Routines ». En effet, aux travaux scientifiques classiques, SL attache une grande importance à l’émergence de dispositifs génératifs c’est-à-dire d’expositions dans les espaces publics, de travaux hybridés avec l’art, des films, des photographies, des ambiances sonores (LAGNEAUX S., “What is like to be a vache ? Écriture filmique et points de vue humanimachines », in CHARLIER B, GRARD C., LAUGRAND F., et al., Écritures anthropologiques, Louvain-la-Neuve, Academia/L’Harmattan, 2019 ; LAGNEAUX S., SERVAIS O. (dir.), Humanimachine : Machiner le vivant, adopter la machine, Paris, Presses universitaires de Paris Nanterre, 2020 ; LAGNEAUX S., BECKER J., Routines, film documentaire, 52 minutes, 2020) permettant la diffusion des résultats des enquêtes empiriques auprès d’un large public et ouvrant le débat avec lui. Son approche se veut donc cosmopolitique : elle vise à la déhiérarchisation des savoirs-être-faire, des sciences et croyances et à l’adoption méthodologique d’une multiplicité de points de vue humains et non-humains sans se revendiquer porte-parole de ces acteurs (LAGNEAUX S., NIZET J., « « Faut que ça tourne ! », une esthétique de la routine ouverte en élevage européen ?», in Anthropologica, 2020, p. 85-92).

    Récemment, ses recherches s’ouvrent aux multiples formes d’attachements/détachements entre les riverains du Danube et avec le fleuve. Cette approche anthropologique contemporaine travaille à décoloniser le Grand partage nature/culture, centre/périphérie, terre/eau mais aussi sciences/croyance qui hante non seulement le langage naturaliste, mais aussi la réglementation environnementale européenne. Le principal objectif de cette recherche est de comprendre comment la formation d’îles fluviales imprègnent l’imaginaire, les pratiques quotidiennes et les connaissances vernaculaires des multiples riverains de l’Ister. Il s’agit de mettre en dialogue ces connaissances situées avec la compréhension et les modélisations de ce double phénomène d’érosion du lit du fleuve et de sédimentation. Ces études expertes (menées par des géomorphologues au premier chef mais aussi des écologues, biologistes, ingénieurs) oeuvrent à la fois au développement économique de l’axe fluvial, à la préservation de ce milieu humide et des services écosystémiques qu’il prodigue. Les savoirs scientifiques servent ainsi un programme orienté vers les transformations des lieux (leur restauration et/ou leur exploitation) mais aussi la marchandisation des ressources telles que l’eau. Ceci s’actualise par leur classification, par la production de données et l’usage de discours particuliers sur la nature. Le savoir expert demeure le discours dominant à partir duquel « une vérité » singulière est articulée et contre laquelle des visions alternatives de la nature sont facilement contredites sous prétexte qu’elles dévient des « faits » ou qu’elles sont des réactions émotionnelles à des renseignements inadéquats. Il s’agit de comprendre de l’intérieur ce qui peut apparaitre, du point de vue d’une élite, comme des comportements irrationnels, non responsables justifiant une capture du pouvoir décisionnel afin de privilégier l’intégration et la démocratisation de la prise de décision notamment dans la conception et la mise en place de dispositifs techno-écologiques. 

Contact:

Email: severine.lagneaux@uclouvain.be