08 octobre 2021
9h - 16h30
Villeneuve d'Ascq
Université de Lille - Site du Pont de Bois
Cette journée d’étude s’intéressera aux modalités selon lesquelles les animaux, par leur corporéité, leur variété ou encore leur capacité de transformation, pris dans leur globalité ou décomposés en fonction de leurs parties, ont pu servir de matrices
mnémotechniques et exégétiques à des fins didactiques, spirituelles, parénétiques, axiologiques, épistémiques ou encore généalogiques. D’une part, en effet, les corps des animaux fournissent à qui veut se souvenir une structure solide et fiable pour localiser
mentalement des idées sous la forme de textes et d’images, puis, selon le principe de l’art de la mémoire formulé dès l’Antiquité, les retrouver dans l’ordre dans lequel il les a mémorisées. D’autre part, et à l’appui de l’art de la mémoire, les corps des animaux disposent d’une efficacité symbolique et sociale considérables, qui en font des outils utiles aux exégètes pour examiner en profondeur des objets textuels et/ou visuels à des fins épistémiques ou spirituelles.
L’objectif de cette journée sera de proposer des réflexions d’ordre général, d’examiner des études de cas et de s’interroger sur l’évolution de la manière dont les corps des animaux constituent des matrices mnémotechniques et/ou exégétiques, capables de produire ou de mettre au jour des réseaux de sens dans des textes, des images et/ou des iconotextes. Dans la prédication médiévale, il est fréquent, par exemple, que l’introduction d’un discours soit associée à la tête de l’animal, chaque partie de son développement à une ou plusieurs de ses pattes, et sa conclusion, à sa queue. De même, les nageoires, les ailes, les cornes, les bois ou encore la langue de certains animaux, mais aussi les vermines, les créatures aux extrémités serpentines, les gueules léonines et les animaux d’inspiration mythologique sont autant de modèles susceptibles de constituer des lieux et/ou des images de mémoire, comme dans le cas de figures animales associées à des constellations à des fins mnémotechniques dès l’Antiquité
grecque. Les extrémités du corps de l’animal, ses particularités, mais aussi son hybridité constituent ainsi des réservoirs inépuisables d’astuces, de modèles, de symboles utiles aux mnémotechniciens et aux exégètes.