Notre groupe de recherche mène parallèlement plusieurs objectifs :
Le premier objectif consiste en une meilleure compréhension de la résistance aux médicaments antirétroviraux (ARV), bien que ceux-ci modifient considérablement le pronostic de la maladie. A l'heure actuelle, l'infection par le VIH ne peut pas être guérie.
Le laboratoire de référence SIDA (LRS) est actif dans la surveillance de la transmission de la résistance aux médicaments. En collaboration avec les autres ARL belges et Sciensano, notre équipe a décrit un large groupe de transmission d'une souche résistante aux INNRTI (inhibiteurs non-nucléosidiques de la transcriptase inverse) et plus récemment une épidimie de sous-type F1 chez les hommes ayant des relations sexuelles avec les hommes (HSH). Le LRS de l'UCLouvain fait partie du conseil de l'administration belge de l'ESAR "Société européenne pour la recherche antivirale translationnelle" et collabore à la surveillance de la propagation de la résistance aux médicaments en Europe. L'utilisation répandue récente d'inhibiteurs de l'intégrase (INSTI) dans le traitement de personnes infectées par le VIH a conduit à un programme de surveillance de la transmission de résistance potentielle. De manière conjointe, l'analyse de l'impact de polymorphismes génétiques naturels sur l'efficacité des ARV sont actuellement étudiés au sein de collaborations nationales et internationales. Le laboratoire participe également à un projet dans un milieu rural de l'Afrique du Sud initié par les pédiatres des Cliniques universitaires Saint-Luc. La prévalence de la résistance aux ARV chez les nourissons contaminés par le VIH à la naissance est étudiée afin d'établir de meilleures indications pour leur traitement.
Le LRS tente également de mieux comprendre l'impact clinique potentiel de variants minoritaires du VIH-1 et ce, via divers projets menés sur une plateforme de séquençage à haut débit ou NGS ("Next-Generation Sequencing").
Divers projets visant à guérir nécessitent des outils de laboratoire spécifiques qui ne sont pas encore disponibles pour la routine clinique. Pour ce faire, nous nous focalisons en particulier sur la détection de la virémie résiduelle sur le traitement et sur son impact clinique et ce, via la validation de méthodes ultrasensibles comme la PCR digitale.
Au cours de ces dernières années, le LRS est devenu la référence en ce qui concerne le VIH-2 en Belgique et au Luxembourg, tant pour la recherche que pour les tests de laboratoire liés au suivi clinique. Le laboratoire coordonne les données cliniques pour la collaboration internationale AcHIeV2e et participe à l'élaboration de règles d'interprétation génotypique pour la résistance aux ARV (VIH-2 EU).
Le second objectif est de tenter d'améliorer les stratégies de guérison en se focalisant sur les facteurs de restriction cellulaire. Le laboratoire se concentre actuellement sur un facteur de restriction antiviral qui interfère avec la réplication virale et en particulier sur l'interaction entre une glycoprotéine d'enveloppe virale (gpTM) et la protéine cellulaire BST-2 également appelée téthérine, interférant avec la libération de virion. La mutagénèse dirigée, la réplication virale et les études portant sur les interactions protéiques sont effectuées au laboratoire. En outre, notre recherche vise à identifier la variabilité génétique au sein du gène bst-2. Les résultats devraient concerner l'histoire des patients, la charge virale et classer selon l'évolution de la maladie (contrôleurs ou non).
Notre laboratoire a également mis en évidence le rôle de la glycoprotéine d'enveloppe du VIH-2 dans la modulation des réponses antivirales des cellules infectées, notamment la régulation de la voie de signalisation NF-kB. Nous avons démontré que la protéine d'enveloppe du VIH-2, à l'instar de la glycoprotéine d'enveloppe du VIH-1, était capable d'activer ce facteur de transcription cellulaire. Cependant, et contrairement au VIH-1, le VIH-2 semble ne pas exprimer de protéine inhibitrice de ce facteur de transcription NF-kB, impliqué dans l'expression d'une centaine de gènes antiviraux (cytokines, interférons, facteurs de restriction, ...). La protéine Vpu du VIH-1, antagoniste de la téthérine, est un puissant inhibiteur de la voie de signalisation NF-kB alors que l'antagonisme de la téthérine par la glycoprotéine d'enveloppe du VIH-2 n'entraîne pas d'inhibition de cette voie de signalisation. En découle une expression importante des gènes antiviraux en fin de cycle viral, ce qui entraverait la réplication du virus VIH-2. Ces résultats corroborent le fait que le système immunitaire de l'hôte contrôle plus efficacement le VIH-2 que le VIH-1.
Notre laboratoire est également impliqué dans une collaboration avec l'IRCM de l'Université de Montréal dans une étude que tente de décrire le rôle d'immunorégulation de la téthérine dans la sécrétion d'interférons par les cellules dendritiques via la liaison de la téthérine avec le récepteur cellulaire dendritique ILT7, et ce dans un contexte d'antagonisme de la téthérine par la glycoprotéine d'enveloppe du VIH-2.