Judith Butler, du genre à la non-violence, dirigé par Mylène Botbol-Baum aux éditions Cécile Defaut

Bruxelles Woluwe

Comment résister à la violence ? Une question plutôt classique en philosophie, aujourd'hui réinterprétée par une des plus grandes philosophes contemporaines: Judith Butler.

Comment résister à la violence ? Cette question qui est plutôt classique en philosophie, on peut se réjouir de la trouver aujourd'hui réinterprétée par une des plus grandes philosophes contemporaines : Judith Butler, et dans ce livre collectif, qui s'ouvre avec deux textes de la philosophe, qu'elle a prononcés à l'invitation de l'Université catholique de Louvain en 2014, et qui se prolonge avec des contributions qui en éclairent la portée.

Je le rappelle : Judith Butler est d'abord connue pour ses travaux sur le genre, et dès son ouvrage majeur, Trouble dans le genre, la question de la violence y apparaissait en arrière-fond : elle y faisait précisément état de la violence sur les identités en décelant toutes les normes à l'œuvre sur nos corps singuliers. Et c'est dans cette perspective qu'elle a prolongé et élargi ses analyses aux identités plus globales, comme la nation, le sionisme, ou les concepts d'appartenance et de cohabitation, dans ses livres plus récents.

Mais une chose est de penser la violence, une autre en est d'agir... et on attend, avec ce livre au titre prometteur, Judith Butler, du genre à la non-violence, de trouver plus qu'une description, même critique et engagée, de la violence. Mais voilà, comment passe-t-on de la description à l'usage, même conceptuel ? Question redoutable d'autant plus avec la violence et son envers, la non-violence : car comment passer de la description de la violence à une réponse à la violence qui ne soit pas elle-même violente ? Comment la non-violence peut-elle répondre à la violence, sans tomber dans les mêmes travers qu'elle subit ou dénonce ? Mais surtout, comment la penser tout simplement, comment penser ce « non », ce « négatif » pour ensuite en faire l'usage ?

Ni passive défense, ni auto-défense, Judith Butler trace ici une résistance, dans la lignée de Gandhi, qui n'a pas de visage mais qui s'élabore dans le corps-à-corps : c'est le corps-à-corps de cette très belle image de la barricade, qui ne s'épuise ni dans une seule cause, un seul être, mais résiste dans ce bras dessus-bras dessous de tous.

https://www.franceculture.fr/emissions/deux-minutes-papillon/judith-butler-du-genre-la-non-violence-dirige-par-mylene-botbol-baum

http://next.liberation.fr/livres/2017/06/02/vient-de-paraitre_1574155

Publié le 29 mai 2017