Journée de recherche : la normativité de la science économique

Louvain-La-Neuve

20 mars 2017

Louvain-la-Neuve

Halle universitaire - Place de l'université, 1

Avec Philippe Mongin (HEC, CNRS), Maxime Desmarais-Tremblay (Université de Lausanne), Francois Maniquet (CORE, UCL), Antoinette Baujard (GATE, Université de St-Étienne), Irène Berthonnet (Ladyss, Paris 7), Danielle Zwarthoed (Chaire Hovver, UCL).

L’objectivité, pour le dire avec les mots de Daston et Galison, repose sur des vertus épistémiques, notamment l’idée que le scientifique lui-même, l’économiste dans notre cas, se doit d’intervenir dans le processus de description et modélisation aussi peu que possible.
C’est là une idée d’objectivité mécanique que la science économique partage avec les autres disciplines qui se revendiquent de ce même label, « scientifiques ».
Or, l’objectivité ne peut pas exister sans sa réciproque naturelle, la subjectivité. Et il se trouve que la science économique est confrontée bien davantage que les sciences naturelles, qu’elle se plait d’imiter dans leurs vertus épistémiques, avec des questions qui sont de l’ordre du moral et du normatif. La science économique, « economics » fut, par le passé, « political economy », et elle l’est encore, de moins en partie. Ces deux âmes, ces deux esprits, pointent vers des directions différentes. L’économiste s’efforce de répondre à des critères d’objectivité, au même titre que ses collègues naturalistes, mais il n’est pas appelé à la même tâche. Il ne peut pas uniquement décrire un phénomène, mais il doit aussi répondre à tout un ensemble de contraintes politiques et morales. Par ces réponses l’économiste performe, façonne et modifie le réel, à la fois les valeurs qui lui sont associées et les résultats qui en découlent.

Notre journée de recherche se fixe comme objectif de dévoiler et révéler cette tension, entre des vertus épistémiques opposées, et des stratégies qui ont été pensées pour y faire face. Quitte à admettre que le normatif ne peut pas être scindé du positif, que reste-t-il de scientifique dans la démarche de l’économiste? Comment peut-on répondre à un besoin d’objectivité dans un questionnement qui est – de moins en partie – subjectif ? Comment a-t-on répondu par le passé à ces mêmes questions ? Peut-on au moins espérer distinguer, comme le faisait Pareto, ce qui relève du positif et ce qui relève du normatif, si ce n’est par une coupure nette, au moins par des critères vaguement fonctionnels ? Et si on devait admettre l’échec face à l’objectivité scientifique, quelles seraient alors les vertus épistémiques propres à notre science économique ?